LA MARCHE DE YAYI BONI N’EST PAS EN CAUSE… C’EST PLUTÔT LA DEMARCHE
Radio planète
appartenant à l'Honorable YAHOUEDEHOU de la FCBE.
Elle est de TLF
Amis lecteurs, mon affirmation de la semaine
dernière selon laquelle Yayi Boni, à l’opposé de Kérékou Mathieu, a manifestement
le souci de conduire son pays quelque part, même si on a l’impression qu’il ne
sait pas très bien savoir comment, cette affirmation vous a peut être échappé ;
elle n’a pas échappé par contre à l’un de ceux que je soupçonne de vouloir
transformer le yayisme en manichéisme. Ainsi, ai-je reçu un coup de fil d’un
monsieur qui, heureusement en des termes très courtois, a voulu me faire
admettre que j’avais dit n’importe quoi. En des termes tout aussi courtois –
vous me connaissez – j’ai tenté de convaincre ce bon monsieur que pour le bien
de
Match nul !, dirait l’autre…
Je pense pourtant, moi, avoir gagné ne serait-ce qu’aux points. Entre ceux qui
affirment en effet que tout ce que fait le président est parfait, et ceux qui
disent que ce qu’il fait n’est pas mal mais qu’il pourrait faire mieux
autrement, les plus sincères, les plus honnêtes et les plus patriotes ne sont
sûrement pas les premiers.
A titre d’exemple, je prendrai une récente action présidentielle qui a divisé
les deux camps en présence : la marche contre la corruption du 16 juillet 2007.
Pour ceux que je qualifie de yayistes manichéiste purs et durs, cette marche,
par son caractère inédit, n’était pas loin d’être la 8è des nouvelles
Merveilles du monde. Par contre, pour ceux qui pensent que cette action
présidentielle n’est pas exempte de tout reproche, que de questions sans
réponses ! Je vais essayer d’en énumérer quelques unes mais permettez qu’avant,
je relève certains aspects incongrus de la marche présidentielle.
Premier aspect incongru : il n’était pas triste, le spectacle du président, en
simples pantalon et chemise, marchant d’un pas alerte, flanqué de quelques
ministres visiblement à la peine, engoncés dans leur chaud costume-cravate,
tandis qu’autour d’eux se hâtaient avec difficulté quelques hauts gradés des
forces de l’ordre, trempés dans leur bel uniforme comme des madeleines.
La note tragi-comique a été donnée par l’ex-patronnesse de
« Mais que diable est-elle allé chercher dans cette galère ? » s’est demandé
quelqu’un qui a ensuite ricané : « Entre le verbe et l’action, il y a une
sacrée différence : sur un plateau de télévision, il est bien facile d’accuser
un gouvernement d’être corrompu à 95%. Alors qu’au cours d’une marche
anti-corruption sur le macadam, il est beaucoup plus difficile de terminer le
parcours à 95% ! » Il faut dire que ce sont là des propos méchants et pas
sérieux.
Plus sérieusement, moi j’ai dit tout à l’heure que la marche présidentielle
avait soulevé des questions sans réponses. Comme promis, j’en énumère quelques
unes : officiellement, elle (la marche) devait marquer la détermination du chef
de l’Etat dans la lutte contre la corruption ; ceci ne pourrait-il pas laisser
croire qu’au niveau de ladite détermination, il avait commencé à y avoir comme
un doute ? La question est donc de savoir de quel côté s’insinuait le doute :
du côté du président ou du côté du peuple ?
Deuxième question : si la marche réussit à dissiper le doute, du côté du
président ou du côté du peuple, quelle va être la suite du programme ? La suite
du programme de lutte contre la corruption !
C’est à ce stade que surgit une troisième question. Une troisième question pour
moi essentielle. Essentielle parce qu’elle nous plonge au cœur du débat : le
plan de lutte contre la corruption, est-ce qu’il existe ? A t-il jamais existé
?
« Personnellement, je ne crois pas me tromper en affirmant que le premier faux
pas majeur de Boni Yayi, sur le plan de la lutte contre la corruption, a été le
ratage des audits dans les ministères, offices, sociétés publiques,
parapubliques et autres. Ce ratage grave, il l’a reconnu lui-même par la suite
mais curieusement, ne semble pas vouloir y revenir. Or, ces audits sont historiquement
incontournables, n’ayons pas peur des mots ! Personne ne peut espérer instaurer
un régime nouveau, crédible et durable, en plantant sa fondation dans les
immondices d’un régime défunt particulièrement pourri.
Un profond nettoyage du terrain s’impose.
Un terrain qui, en l’occurrence, semble être une version tropicale moderne des
écuries d’Augias. D’accord, je reconnais qu’un tel nettoyage serait un vrai
Travail d’Hercule. Mais le président se trompe – et il nous trompe – s’il croit
pouvoir s’y dérober ou passer l’éponge là-dessus. Je persiste et signe, c’est
un authentique Travail d’Hercule incontournable. Et j’affirme, avec une
conviction inébranlable, que nombre de dossiers qui pourrissent l’actualité
nationale et, pour certains, pourrissent la vie des Béninois, nombre de ces
dossiers auraient connu un parcours moins préjudiciable aux Béninois, si le
nettoyage des écuries d’Augias avait été méthodiquement et convenablement fait.
Parmi ces dossiers, je prendrai deux : celui des réseaux GSM et celui de
Ainsi, au niveau des réseaux GSM, si les audits avaient été méthodiquement et
convenablement faits, les responsabilités à divers niveaux n’auraient-elles pas
été déjà situées ? Surtout que dans cette nébuleuse des réseaux GSM au Bénin,
l’absolu avait été atteint en terme d’incurie, d’abomination et d’ignominie,
sur fond de dizaines de milliards en folie. Si les audits avaient été
méthodiquement et convenablement faits, dis-je, n’aurait-on pas déjà interpellé
tous ceux qui avaient pataugé dans l’incurie, l’abomination et l’ignominie en
faisant main basse sur les milliards en folie ? Dans ce cas, y aurait-il encore
quelque risque que le Bénin se retrouve dans la situation incroyable dans
laquelle il se trouve aujourd’hui au plan des réseaux GSM ?
Je ne pense pas.
Quant à
C’est à ce stade que s’impose à nouveau la question de savoir si le
gouvernement a un plan de lutte contre la corruption. Faute de pouvoir répondre
par l’affirmative, on peut supposer que le gouvernement applique, au moins, un
programme minimum. Un programme minimum qui ne peut réussir s’il n’est – au
minimum – cohérent, courageux et méthodique.
Or, cohérent ? C’est à voir.
Courageux ? c’est possible : il lui est déjà arrivé, au président, d’affirmer
avec force qu’il est prêt à verser son sang pour la lutte contre la corruption.
Et sa marche inédite à travers Cotonou, pour rappeler aux corrompus de tout
poil que sa détermination est intacte, cette marche ne manque pas de panache.
Mais, comme dirait l’autre, ce ne sont là qu’incantations et gesticulations. Ce
qui manque, ce sont les actions. Des actions méthodiques. Et les actions
méthodiques, ce sont d’abord et avant tout les audits. Les audits dans toutes
les règles de l’art, afin de faire rendre gorge à tous les mis en cause, dans
toutes les règles du droit.
C’est ce que je crois.
T.L.F.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1364 autres membres