"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Etat de Droit au Bénin

Les pré rapports…

19 décembre, Arimi CHOUBADE

Une pluie de pamphlet sur le docteur-président et son changement : magistrats, avocats et autres auxiliaires de justice, journalistes ; accessoirement la très rouge Ligue béninoise des droits de l’homme. A travers une série de brûlots caricaturaux qui allient concision, précision et détermination. La cible : gouvernance de Yayi Boni vue sous l’angle du respect des libertés fondamentales. Les nouvelles ne sont pas bonnes du tout pour les inconditionnels du changement.

Les correspondants d’Amnesty international ou de Reporters sans frontières n’ont qu’à se baisser pour ramasser des pré rapports d’une qualité exceptionnelle. On peut d’ores et déjà commencer par se faire une idée du jugement de la communauté internationale sur le fonctionnement de la démocratie à l’ère du changement. Les appréciations des acteurs que sont les magistrats, les auxiliaires de justice et les journalistes résument à elles seules la situation. Malgré la course en tête qui s’observe à travers les manipulations de rue sensées soutenir l’action du chef de l’Etat.

Une fois encore la propagande d’Etat a confondu le zèle et l’efficacité. En misant sur une rue qui ne peut apporter ni la crédibilité ni la sérénité. A comparer avec la communauté des frondeurs. C’est bien grâce à la magistrature béninoise que des magistrats en conflit avec la loi poursuive leur séjour carcéral dans les prisons du pays en compagnie d’autres justiciables ordinaires. Pendant longtemps, bien avant le changement, la presse à elle seule cristallisait l’état de la démocratie au Bénin, en tenant compte des bonnes notes annuelles de Rsf. La réputation des auxiliaires de justice dans la sous région n’est plus à démontrer. La fronde garde donc une longueur d’avance considérable rien que par la qualité de son échantillonnage.

Les barons du régime comprennent bien que le docteur-président n’est pas le référentiel absolu de la démocratie béninoise. Les gardiens du temple demeurent les institutions aussi solides que la magistrature, le barreau ou la presse. Ces derniers tenaient la citadelle avant l’avènement du changement. Ils y seront encore lorsque le palais de la marina se serait débarrassé du dernier vestige de ce même changement. À moins d’un dessein subtil qui consiste à miner le système de l’intérieur en plombant définitivement le capital de départ de l’homme d’avril 2007.

Le fait que le régime du docteur-président se fourvoie quelquefois ne pose pas problème. Le phénomène a été connu avec tous les régimes qui se sont succédés depuis l’avènement de la démocratie, à des degrés divers. C’est justement pour marquer la rupture que la révision a été refusée à Kérékou qui ne boude plus son plaisir à chacune de ses brèves sorties médiatiques, rasséréné qu’il est que les choses ont moins changé qu’on ne l’avait promis.

Les gens feignent d’oublier qu’historiquement le nom de Yayi Boni reste à écrire. Il n’est ni un héro de l’indépendance ni un acteur historique de la conférence nationale. Ce n’est pas une tare. Certes ! Néanmoins, sa stature d’homme d’Etat est à construire et à parfaire. Et ce ne sont pas les accusations de « populisme » ou d’ « opportunisme » des magistrats qui permettront d’y parvenir. Encore moins les esbroufes de badauds et autres zélateurs déversés dans les rues.

L’histoire retient plus les archives de juges que les émotions de marcheurs.



20/12/2007
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