"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

La semance emergente pour

La récolte de sang…

mardi 15 avril 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 15 avril 2008

 

Avec ou sans la mort du maire Atchikpa, Glazoué et environs devraient s’embraser. Matéri, Tanguiéta, Adjohoun, Parakou, Malanville. Un trait commun pour tous : les ballets incessants de l’hélicoptère présidentiel. Meetings improvisés hors campagne électorale animés par le docteur-président lui-même. Un recours d’un citoyen de l’Atacora devant la Cour suprême lève un coin de voile sur l’ordre du jour de ses jamborees d’un genre spécial. Des séances de semence de la haine, de la division, de la stigmatisation et du communautarisme. Nous voilà à la saison des récoltes. Glazoué, Malanville pansent leurs plaies en attendant que les autres germes arrivent à maturation à Cotonou, Abomey, Porto-novo, Kétou…

Des années de cohabitation et de fraternité volent en éclats. Grâce à une idéologie qui s’affine de jour en jour. Il y a un an, André Dassoundo ne s’est pas gêné pour rappeler aux populations Aïzo, au détour d’un meeting de remerciement, que les réalisations de projets d’infrastructures sont assujetties à l’adhésion de tous les fils de la région au regroupement politique du chef de l’Etat, la Fcbe. Ce même Dassoundo lançait à la minorité parlementaire au plus fort de la bataille de positionnement à la Cena l’injure insidieuse pour les originaires d’Abomey : « ils finiront pas construire dans votre ventre ». Danhômé aurait été construit dans le ventre de Dan.

Toujours le même honorable qui s’autoproclame 3ème personnalité de l’Etat, qu’on retrouve fort opportunément à Glazoué le 23 février animant une marche de soutien au régime au moment où le G13 au grand complet y tenait sa première sortie politique. Ces agissements se rapprochent plus d’une stratégie politique mûrement réfléchie que d’actes isolés et incontrôlés. Concomitamment, la Fcbe en tant que regroupement politique acteur du processus électoral distille ses signaux par à-coups à raison d’une déclaration incendiaire toutes les 48 heures. Du vol de cartes d’électeurs au défaut d’encre indélébile en passant par la menace de boycott, les appels à la démission du bureau de la Cena, de la suspension de tout décaissement en faveur de l’organisation des municipales 2008 par le ministre des Finances etc.

Les doutes exprimés sur la sincérité du message de paix du chef de l’Etat en marge du lancement de la campagne électorale sont loin d’être des élucubrations d’adversaires politiques. Les ruines de Glazoué prouvent que l’antidote est bien en deçà des ressentiments inséminés à l’occasion des balades présidentielles. Priver des villages de puits, de centres de loisirs, de pistes rurales, d’écoles ou d’hôpitaux pour des raisons électoralistes revient à jeter les adversaires politiques en pâture. Le message ne souffre d’aucune ambiguïté en ce moment. Pas de développement tant que les anti-pouvoir n’auraient pas été passés par la vindicte populaire. Le résultat peut s’admirer à Glazoué et à Malanville.

Si les aspirants génocidaires pouvaient savoir que c’est sur toute l’étendue du territoire national qu’on a gelé la construction de pistes rurales, de centres de santé, de puits depuis deux ans, ils comprendront que les bulletins de vote hostiles à Yayi Boni n’y sont pour rien dans leur détresse. Mais la propagande a préféré semer la haine dans les cœurs en jouant les ethnies et les différences raciales les unes contre les autres.

Au nom du goût du pouvoir ou plutôt du goût de concentrer tous les pouvoirs.



16/04/2008
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