Après les élections communales et municipales:
Le remaniement le plus difficile pour Yayi Boni
25 juin 2008
Le
chef de l’Etat n’a sans doute plus le sommeil trop facile, ces jours-ci
où les tractations sont en cours dans le pays pour la formation du
prochain gouvernement du changement. Ce sont les contraintes politiques
actuelles, les frustrations qui en résultent avec leurs ménaces pour
2011 qui semblent handicaper un remaniement ministériel sans anicroche.
Un remaniement ministériel ou juste un simple réajustement de l’équipe gouvernementale en attendant de trouver la solution aux énormes difficultés politiques actuelles. Le président Yayi Boni doit être bien embarrassé par ces temps qui courent et aura vraiment bien du mal à prendre une option et ce pour plusieurs raisons. D’abord, c’est déjà la vacance depuis quelques jours au ministère de la famille où l’intérimaire, Juliette Biao Koudénoukpo, ne pourra pas efficacement concilier ses nouvelles charges et celles de son ministère de l’environnement pour donner de bons résultats. Au regard de l’ampleur des tâches au ministère de la famille. Et pour éviter le blocage, le chef de l’Etat doit se dépêcher pour vite libérer Mme Koudénoukpo ou la confirmer. Surtout avec le caractère très sensible de ce département de la famille où les projets sont nombreux pour être exécutés dans un délai très court et les partenaires qui les financent à coût de milliards sont suffisamment exigeants et n’aiment pas qu’on traîne les pas. Une situation qui obligera, de temps à autre, le ministre intérimaire à sacrifier à ses engagements du côté du département de l’environnement où les difficultés sont les mêmes pour mieux faire le travail qu’on attend d’elle. Ce qui veut dire que le choix d’un membre du gouvernement comme solution pour juguler la crise actuelle n’est simplement qu’une fuite en avant. Car ici, on a juste fermé un porte après avoir laissé carrément l’autre ouverte. Il y a ensuite et surtout la gestion qui est faite jusque là de la crise politique entre le président Yayi Boni et les autres acteurs du pays qui n’a pas encore connu de solution. C’est même à ce niveau que réside la plus grande difficulté. On dit que le chef de l’Etat, par le truchement d’un comité de médiation, serait déjà en train de faire des consultations dans le sens d’un remaniement. Mais on attend aussi de savoir l’issue de cette entreprise à la fois nécessaire et périlleuse. Nécessaire parce que le président Yayi Boni ne peut continuer à vouloir gérer seul. Car ses problèmes actuels sont dus au fait qu’on lui a faire croire qu’il pouvait bien se passer des barons de la classe politique nationale, qu’il peut d’ailleurs tout se permettre et que les 75% des citoyens qui l’ont porté à la tête du pays sont toujours intacts. Périlleuse à cause des engagements politiques non tenus en deux ans de mandature et les clivages qui en ont résulté. En témoigne l’Assemblée nationale et bien des états-majors politiques où on attend la dernière occasion pour mettre le feu aux poudres. La récente mesure prise par le ministre de la décentralisation et des collectivités locales, Issa Démolé Moko, et largement exécutée par les préfets des départements en vue de la non installation de certains conseils communaux en violation flagrante des textes de la République constitue l’autre grand frein suffisamment important qui pourrait handicaper ces consultations entreprises avec des formations politiques en vue d’un remaniement dans l’immédiat. Sans compter le fait que des responsables de partis politiques pourraient mal prendre le fait que ce soit un comité de médiation qui discutent avec eux et non le chef de l’Etat en personne. Les échanges dans ces conditions pourraient paraître moins sérieux aux yeux de certains qui, à tort ou à raison, n’ont plus déjà confiance aux promesses du président même. Des promesses faites par les membres de ce comité pourraient ne pas engager le chef de l’Etat et on aurait, peut-être, échangé pour rien. Sans oublier que le Médiateur Albert Tévoédjrè qui jouit de certaines compétences pour des entreprises du genre donne des signes d’un essoufflement certain, a déjà échoué. Et le plus dur qu’il faut craindre, c’est quand les uns et les autres, forts de leur position vont monter suffisamment les enchères. Il n’est pas exclu que plusieurs partis politiques en arrivent à réclamer les mêmes portefeuilles ministériels.
Les autres considérations politiques
Un remaniement ministériel dans le cas actuel doit constituer un réel problème pour le président Yayi Boni à cause des prises de position au sommet de l’Etat entre les deux dernières élections dans le pays. Au lieu de bien s’inspirer des ratés qui ont jalonné la gestion qui a été faite de l’union pour le Bénin du futur (Ubf) sous le Général Mathieu Kérékou pour s’éviter un naufrage inutile, certains thuriféraires du changement qui n’ont plus un poids politique dans le pays et qui étaient à la recherche d’une liste gouvernementale pour mieux s’implanter dans les arcanes du pouvoir, ont joué aux stratèges pour contraindre le chef de l’Etat à initier la Fcbe sans la moindre prudence. Un groupe politique qui aura été à la base des malheurs actuels du président Yayi Boni. Alors que plusieurs autres erreurs se sont multipliées au sommet de l’Etat et qu’il fallait donner la main à certains hommes politiques, les barons de des Fcbe ont aidé plutôt à écarter nombre de valeurs sur lesquelles le pouvoir aurait pu s’appuyer pour contourner les velléités de l’opposition qui se limitait à l’époque au seul Prd de Me Adrien Houngbédji. On a entendu tout ce qui a été dit sur le maire de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, parce qu’on croyait pouvoir lui prendre facilement les chefs de la ville. On a vu les conditions dans lesquelles, l’Undp d’Emile Derlin Zinsou a été obligé d’aller aux deux élections contre les Fcbe. Ce parti a même dû aider lors des récentes consultations locales certains « Fcbe » comme Egar Alia dont les siens étaient refusés de la liste gouvernementale. L’objectif était de finir politiquement certains citoyens qui ne pouvaient pas applaudir les dérives. On chantait naïvement à tout vent qu’il fallait un certain âge pour intervenir dans la vie publique du pays et l’heure était pour une classe d’hommes qui n’avaient pourtant aucune assise politique pour leurs ambitions. Et de fil en aiguille, les trompeurs du changement ont vicié l’ambiance autour du chef de l’Etat qui aura du mal à convaincre les acteurs politiques à sa cause. Et dans ces conditions où la configuration du paysage politique a changé et les rapports de force lui sont devenus très défavorables, il tarde encore à ouvrir les yeux pour d’une part mettre de côté tous ceux-là qui, à cause de leurs intérêts, l’empêchent de voir clair et d’autre part mettre en confiance ses adversaires politiques en vue de reprendre la situation en main. C’est à cette seule condition qu’il pourra espérer le soutien de la classe politique. Sans cela, un remaniement de l’équipe gouvernementale ne prendra en compte que les mêmes thuriféraires du changement et le mal demeurera. La première conséquence est la suite logique de la crise actuelle au parlement dont l’issue risque de lui être fatale.
Un gouvernement de large union
C’est un gouvernement d’union nationale seulement qui pourra mettre fin aux déboires actuels du président Yayi Boni. Et il va falloir aussi faire des sacrifices. Au lieu de continuer à composer avec des courtisans sans partis politiques ou les autres qui n’ont aucune assise dans leurs régions et qui sont en train de profiter de lui, le président Yayi Boni ferait mieux de reconsidérer dans leur entièreté les accords de législature et ceux passés avec le G 4 avant le second tour de 2006. Car, ceux qui l’entourent actuellement ont montré leur limite et ne font rien pour l’aider au moment où ses adversaires gagnent du terrain. Dans plusieurs régions du pays, ces thuriféraires ont échoué. A Ouidah, par exemple, qui a donné au moins quatre ministres au gouvernement, plusieurs députés Fcbe et même la première dame, c’est l’opposition qui a pris la mairie. Dans Cotonou où on a fait croire à la fin du mythe Soglo, les paroles incantatoires Fcbe et les autres discours opportunistes pour séduire le chef de l’Etat n’ont servi à rien et même Jérôme Dandjinou qu’on prenait pour le messie, a également échoué. Autant de situations qui montrent que les hommes actuels du président n’ont plus autre chose à faire valoir et il urge de penser à les changer pour donner la main aux groupes politiques qui ont la connaissance et la maîtrise du terrain. Dans le cas contraire, la descente aux enfers risque de se renforcer, la destitution du président de l’Assemblée nationale devant être le coup d’essai pour aller loin. Et une fois que cette étape sera franchie, la vague des députés qui y ont aidé pourrait continuer pour finir par prendre les dispositions pour envoyer le chef de l’Etat devant la Haute Cour de Justice qu’ils auraient déjà pris, auparavant, le soin de tailler à leur convenance. Surtout qu’on agite déjà certains grands dossiers qui pourraient fait l’objet de parjure et/ou de haute trahison. C’est le cas par exemple de la gestion qui se fait depuis des fonds issus de l’escorte des véhicules d’occasion. Il y a la situation des micro finances. A l’information largement diffusée de par le monde entier au sujet de « l’encadrement spirituel ». Cela s’ajoute.
Jean-Christophe HoungboA découvrir aussi
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