Le Bénin, un drôle de pays !
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A travers les lignes qui suivent, je ne peux que te dire que je ne cesse de m'interroger sur l'avenir de notre pays. Depuis un certain temps, tout va à vau-l'eau au pays. Et Yayi Boni l'a bien compris quand on lit le cri d'alarme spectaculaire qu'il a lancé au Brésil il y a quelques jours : «Venez sauver vos frères, venez les aider à sortir de la pauvreté… » (sic). Plus qu'un aveu d'échec, c'est une confession d'impuissance et de désespoir. Yayi Boni n'en peut plus. J'imagine que tu as déjà essayé plusieurs fois sans succès de nous joindre ! Eh oui, le Président de
Tu m'as récemment demandé si mon oncle a finalement été libéré de la prison civile pour la connerie qu'il a commise entre temps. La réponse est non. Il en a pris pour cinq ans et je crois qu'il lui reste encore quelques mois de peine à purger. Je lui ai récemment rendu visite et je l'ai trouvé complètement déprimé et amaigri. Il m'a dit avec beaucoup de désespoir que la mort était pour lui le seul rempart. Mais sans te mentir, il vaut mieux mourir que de vivre dans une prison au Bénin. Le droit de l'homme n'y a pas de sens. Mon émotion est à la mesure de ce que j'ai vu. Des détenus entassés, étouffés et compressés comme des sardines dans de minuscules cellules, souffrent quotidiennement le martyre. Le gouvernement contrôlant toutes les informations dans le pays, il n'y a pas de chiffres pour savoir exactement le nombre de prisonniers qui meurent tous les jours. L'étroitesse des cellules, l'insalubrité des lieux, le manque d'hygiène et la malnutrition y donnent le tournis. Le 16 août dernier, le ministre de l'intérieur a visité en fanfare les prisons pour se rendre compte de leur état mais comme tu peux te l'imaginer, les téléspectateurs n'ont pas pu voir des images des prisons. Les caméras y ont été interdites pour de ridicules raisons dites «de sécurité» (sic). Il n'y a qu'au Bénin que les caméras ne peuvent filmer les prisons. Parce qu'en filmant les prisons, le gouvernement va à coup sûr, se mettre à dos les organismes de droit de l'homme et verra se dégrader l'image de démocrate débonnaire qu'il ne cesse d'afficher à l'étranger.
Tu m'as dit que tu envisages de revenir définitivement au pays. Je me demande si cela est une bonne idée de choisir Cotonou comme lieu de résidence. Porto-Novo, la capitale n'est pas non plus mieux lotie. C'est de loin une vieille ville délabrée dont la réhabilitation n'intéresse les hommes politiques que pendant les campagnes électorales. La ville de Parakou par exemple me semble plus belle et plus vivable au Bénin d'aujourd'hui. Cotonou est désormais une sale ville à raser et à reconstruire. La mairie n'a pas les moyens de faire face aux ramassages des ordures qui jonchent les rues et qui bouchent les canaux. L'incivisme et l'ignorance des règles élémentaires d'hygiène de certains cotonois sont inquiétants. De toute façon, la vie y est plus chère et vraiment pourrie. Tu te feras inutilement piquer une pneumonie ou autres. Pour moi qui vis et travaille en ville, je rentre le soir fatigué, éternuant avec des yeux qui piquent. Mes enfants toussent tout le temps malgré les sirops que je ne cesse d'acheter. A Cotonou, les autorités ne pensent pas à mettre en place un système de transport en commun. Les taxi-motos Zémidjans et les véhicules crachent d'épaisses fumées noires que nous respirons à longueur de journée. Un grand ami journaliste qui est l'un des rares Béninois à avoir fait une enquête sur le sujet, m'a révélé que les statistiques hospitalières confirment une forte recrudescence des pathologies liées à l'air nocif que nous respirons dans les grandes villes notamment à Cotonou (Cancers de poumon, asthmes, bronchites, allergies, sinusites, etc.) Par la seule faute des flots de Zémidjans et de vieilles autos inaptes rejetées par les pays du Nord, les populations côtoient tous les jours la mort. Soit par accident souvent causés par ces conducteurs indélicats et incontrôlés soit en attrapant un cancer de poumon ou autres. Mais ce gros problème de santé publique ne fait pas partie de la «vision» de notre Président. Il préfère investir dans des projets de grands travaux.
En tant que médecin, j'avoue que tu as du boulot à faire au Bénin. Réfléchis et prends ta décision en toute responsabilité même si pour avoir vécu en France, je comprends un peu la difficulté pour les Nègres diplômés de s'en sortir professionnellement. Surtout que dans le domaine médical, les salaires en France sont perçus en fonction de la nationalité du médecin. Et en plus, tu es continuellement exposé soit à la condescendance de ton et de regard de certains médecins blancs soit aux rejets racistes de certains patients qui affirment qu'ils ne voudraient pas se faire soigner par un Noir. Il est tout de même heureux de savoir que ces imbéciles-là ne sont qu'une minorité en France mais le Noir restera toujours Noir qu'elle que soit son niveau intellectuel. Franchement, avec ta spécialité, tu n'as rien à faire en France et j'ai été personnellement ravi de savoir que tu envisages sérieusement de rentrer. Lors de son voyage à Dakar le 26 juillet dernier, le Président français a répété pour la énième fois qu'il y a plus de médecins béninois en France qu'au Bénin. Il a peut-être raison encore qu'on ne sait d'où il tient ses statistiques. Mais qu'à cela ne tienne, rentrer au pays est une nécessité et pour cela, je ne voudrais pas t'y obliger. D'ailleurs rien ne sert de le faire dans la précipitation puisque ici tu devras pratiquement reprendre ta vie. Il faut donc prendre le temps de préparer ce retour mais j'avoue qu'en tant que médecin, tu ne vas chômer que quelques jours, le temps de ton aménagement. Les populations souffrent, les hôpitaux publics sont désertés par les médecins cupides et propriétaires de cliniques. La pénurie de médecins est une catastrophe dans le pays et c'est en cela que je trouve personnellement intéressante l'idée d'instauration du service militaire et civique si le Président de
Le drame dans ce pays, c'est le manque de réformes et d'innovations. Une donne qui est loin d'être un atout majeur de nos dirigeants, qui ne pensent qu'à bavarder. Toujours bavarder, encore bavarder et installer le pays, de manière permanente, dans une campagne électorale sans acteurs. Dans le sourire des autorités politiques du pays, se cachent des tueurs. Des tueurs d'un peuple dont on abuse de la naïveté et de la passivité. Ce meurtre qu'on a fini de tramer se traduit par la mal gouvernance, la corruption et l'impunité. Je n'oublie pas la gabegie quotidienne orchestrée au travers des travaux de «grande envergure», des réfections de stade et des constructions d'échangeurs à coup de centaines de millions. Des projets éléphantesques… qui ne transforment, en rien, le vécu quotidien des citoyens béninois. Drôle de pays, te dis-je, mon cher ! A bientôt.
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