Le social après deux ans du pouvoir Yayi :
Morosité et grogne au quotidien
7 avril 2008
Il ne serait pas juste de dire qu’en deux ans, le
gouvernement du changement conduit par le Dr Yayi Boni n’a rien réalisé. Des
actions ont été menées pour l’amélioration des conditions de vie des
populations, mais les résultats restent encore peu manifestes. Pour preuve, la
bonne volonté du patron du changement n’a pas pu annihiler la morosité
économique, et les tensions sociales qui ont caractérisé ces deux années de
pouvoir.
Le
gouvernement a hérité d’une situation de trésorerie désastreuse dit-on. Mais
quand on hérite du patrimoine de quelqu’un, c’est et le passif et l’actif qu’on
prend sur soit. Il est donc anormal de vouloir justifier la non satisfaction
des revendications qui fusent de toute part, par le triste héritage laissé par
les pouvoirs antérieurs. Au titre des actions notables à mettre à l’actif du
pouvoir du changement, il y a la prise de mesures pour juguler la hausse
généralisée des prix pour certains produits de grande consommation tels que le
riz, le maïs, le ciment. Mais malgré ces efforts, le panier de la ménagère
s’amenuise. Cela se justifierait dit-on par l’inflation qui serait devenu un
phénomène mondiale. Il ne peut en être autrement lorsque l’Etat subventionne
des produits qui finissent sur des marchés étrangers au lieu de servir les populations
du Bénin. Premier coup d’épée dans l’eau. Ensuite, il y a eu le micro crédit
aux plus pauvres, une initiative qui fait actuellement des vagues. Taux de
remboursement à 100 ou à 200%, nous ne pouvons le dire, car seul le
gouvernement détient les vrais chiffres. Ce qui est palpable, c’est que le
commun des Béninois continue de se plaindre du chômage et de la cherté de la
vie. On a même eu recours à un forum sur l’emploi des jeunes pour dit-on régler
le problème du chômage qui sévit au sein de cette couche de la population. Mais
à l’heure actuelle qu’en est-il ? En dehors des beaux discours, rien de
concret. Combien de jeunes ont déjà bénéficié du fonds pour l’emploi des
jeunes, et à quelles conditions ? Une chose est sûre, le commun des jeunes
béninois continue de végéter dans la misère et le dénuement total. Les plus
malins ont su se reconvertir dans la politique qui, est devenu un fond de
commerce très sûr.
L’éducation
L’un
des piliers de l’engagement de Porto-Novo le six avril reste la qualité des ressources
humaines. Mais où trouver ces ressources humaines si l’école se porte mal. Pour
cela, la gratuité de l’école a été décrétée. Bravo pourrait-on dire. Mais ce
que reproche certains acteurs du monde éducatif au pouvoir actuel, c’est
d’avoir lancé cette initiative sans avoir pris des mesures en amont, pour
régler les problèmes essentiels tels que la revalorisation de la fonction
enseignante, l’amélioration des conditions de vie et de travail des
enseignants, l’insuffisance d’infrastructures, et une véritable vulgarisation
de cette noble idée de gratuité sur toute l’étendue du territoire national.
Résultat, le message n’a pas été perçu comme il se devait par une population
dont le péché est d’être analphabète. Certes le gouvernement Yayi a pris des mesures
pour construire 5000 salles de classes en 2007, mais à quoi serviront ces
infrastructures les principaux acteurs ne sont pas traités comme cela se
doit ? De l’avis de la majorité des enseignants de tous les ordres
confondus, le gouvernement du Dr Yayi Boni joue sur les chiffres pour occulter
les revendications fondamentales. Le relèvement du point indiciaire à 12% est
disent-ils une mesure qui peut être remise en cause à tout moment. Ils sont
d’accord que cela fasse partie des revendications auxquelles le gouvernement a
accédé, mais s’accordent pour dire que ce qui est vital, et pérenne c’est la
révalorisation de la fonction enseignante. D’où la persistance des mouvements
de grèves perlées qui n’arrange pas les choses. Et comme une gangrène, ces
mouvements ont gagné tous les secteurs, de la santé à l’administration en
passant même par le système judiciaire.
Un
système sanitaire suranné
Le
centre national hospitalier universitaire (Cnhu) Hubert Koutoucou Maga, ne
mérite pas d’être appelé centre de référence. Non pas parce que les ressources
humaines ne sont pas de taille, mais parce qu’elles évoluent dans un
environnement inadéquat. Au lendemain de sa prise de fonction, le gouvernement
du changement a entrepris des visites dans ce centre pour y constater les
conditions de travail. C’est bien ! Mais ce qui est dommage, c’est que
deux ans après, les malades continuent de mourir faute de soins primaires,
certains, à même le sol par manque de lits. Les locaux sont vétustes, ce qui
entraîne des incendies répétés. Le matériel n’est plus ce dont le Cnhu est plus
nanti. En dehors des campagnes sporadiques de vaccinations sur la tuberculose,
la polio, et la distribution de moustiquaires imprégnées, on ne peut pas dire
que le changement ait fait de l’accès aux soins de santé, une priorité ;
Alors que le droit à la santé est un droit fondamental. D’ailleurs, on se
demande où est passé cette fameuse idée de rendre les soins de santé gratuits
pour les enfants de 0 à 5 ans. L’émergence ne peut se construire qu’avec et
pour des hommes en bonne santé. Dès lors, au-delà des beaux discours, une plus
grande attention doit être accordée au système de santé du Bénin.
Chapeau
pour les infrastructures !
S’il y
a un domaine où le pouvoir reçoit le satisfecit de bon nombre de Béninois,
c’est bien dans celui des grands travaux de construction de diverses
infrastructures lancés de façon transversale à travers le pays tout entier. Le
Bénin est en train petit à petit de se donner un nouveau visage. Les axes
routiers qui entre temps faisaient le calvaire des voyageurs, sont devenus plus
praticables. Bientôt, Cotonou aura des échangeurs pour la fluidité de la
circulation à des zones stratégiques de la ville. Les villas en construction
dans le cadre du sommet de la Cen-sad qui se tiendra au Bénin, participe aussi
de cette avancée notable dans le domaine des infrastructures qui feront d’ici
peu la fierté des Béninois. Même si certains se plaignent du fait que ces
chantiers lancés tous en même temps rendent la vie difficile aux usagers de la
route, ou encore, ont un impact sur la disponibilité du ciment au niveau des
particuliers, il faut comprendre qu’on ne peut faire des omelettes sans casser
des œufs. C’est donc la part de sacrifice des Béninois dans la voie du
développement. Le développement de la route mène dit-on sur la route du
développement.
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