"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

L’essoufflement organisé

jeudi 13 septembre 2007,  Par Arimi CHOUBADE

On y est, dans le chaud ! La machine scolaire bloquée. Au même moment où l’UNICEF fait débarquer dans le pays une rabatteuse de luxe, la Kidjo nationale, qui arpente villages et hameaux à travers l’opération : « Toutes les filles à l’école ». L’angélique icône de la musique béninoise doit prendre son mal en patience. Ces vacances prolongées de plusieurs semaines – du 17 septembre au 04 octobre – faussent complètement le timing de la diva internationale.

Le Bénin n’a connu ni guerre ni catastrophes naturelles mis à part quelques sinistrés du fait d’une saison pluvieuse particulièrement abondante. Voilà plus d’un an que le pouvoir d’Etat a vécu une alternance normale sans heurt. Rien de bien cartésien pour justifier la cascade de querelles et de scènes de ménages. Une crise de la rentrée qui se greffe à une crise des Gsm. Les fabricants de problèmes ne chôment pas. Comme pour faire regretter aux Béninois d’avoir osé braver la monarchie républicaine il y a 18 mois. Le fameux déluge après le caméléon. Le vert demeure dans le fruit.

A qui profite le crime ? Qui pourrait s’offusquer de voir le docteur-président réussir sa première rentrée scolaire alors qu’on parle d’audits, de détournements et de mauvaise gestion impliquant d’anciens ministres et autres directeurs nouvellement estampillés « cauris » ? Le ver demeure dans le fruit. « Les mêmes cadres produisent toujours les mêmes dégâts » dixit Tlf. On a tout fait ces derniers jours – micros crédits, marches de soutien, remerciement, vacances du gouvernement, déjeuner avec les dockers – sauf préparer la rentrée académique.

J’accuse le député Chabi Sika et compagnie d’être directement ou indirectement responsable de ce gigantesque capharnaüm autour de la rentrée 2007. La diversion organisée sur le vote raté de la loi sur le service militaire. Une hérésie destinée à accaparer toute l’attention du gouvernement déjà englué dans le casse-tête de la téléphonie mobile. Pendant qu’on conditionnait l’opinion sur les vertus magiques des 5.000 appelés à être enrôlés sous les drapeaux. L’épouvantail contre un prétendu chantage des enseignants.

Personne ne s’étonne que les concours de recrutement des contractuels de l’Etat interviennent à une semaine de la prérentrée. Il a fallu attendre les gymnastiques procédurales devant transformer le projet de loi en proposition de loi. De la passer en force, d’attendre le rejet de la cour constitutionnelle avant de revenir à la solution de l’enseignement classique. Il n’est pas exclu qu’on brandisse bientôt une probable réintroduction du même texte toujours dans le dessein de dribler les syndicats d’enseignants.

On aurait voulu que le docteur-président se rendre compte par lui-même des agendas cachés de certains de ses alliés déclarés. Néanmoins, pourquoi ne pas se permettre quelques ruées dans les brancards face à la multiplicité des entraves à l’émergence ? On fait mener au président de la République des combats d’arrière-gardes qui ne sont pas les siens. Son mandat est de veiller sur la maison Bénin avec ses contradictions. Jamais il n’a été question de contrôler toutes les institutions de la République, les municipalités, les chefferies traditionnelles, les clergés ou de suppléer les chefs de manages défaillants. Comme si ce n’était pas déjà assez harassant d’occuper le palais de la Marina, de déterminer et de conduire la politique de la nation.

Retour sur terre !

 



14/09/2007
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