L’Etat à deux têtes :
20 novembre 2007 - In la Presse du jour
polyphonie ou cacophonie ?
Il y a
bien un Président de la
République au Bénin. Il s’appelle, Sa Majesté Boni Yayi
Premier. Depuis soixante douze heures, nous voilà avec un Porte -Parole du
Président de la
République. Voilà qui pose son ombre et va peut-être apporter
un début de réponse à tous ceux qui se posent cette question : Me Lionel
Agbo, pour quoi faire ? Loin de moi l’intention d’attaquer le nouvel
orateur né par Césarienne dans un mélange d’ironie et de condescendance. Tant
sa mission est pénible car il aura à reconstruire l’éminence olympienne à la
parole rare. Tout de même l’arrivée de cet avocat à la parole fleuve à la Marina pose un problème
pour l’éditorialiste : Sera-t-il source de polyphonie ou de
cacophonie ? D’abord, on ne gère pas la parole d’un Président de la République à l’allure
de Nicolas Sarkozy, comme une réunion de l’Autorité Transitoire de Régulation.
Si on ne connaît pas réellement le contenu de la lettre de mission du Porte
-parole de la Présidence
de la République,
on peut commencer à observer à partir d’une jumelle l’Administration politique
de la Présidence
de la République.
Premier constat. Il règne à la Présidence de la République un gentil
désordre démocratique. Tous les conseillers parlent au nom du Président de la République. D’où la
cacophonie enregistrée jusque-là. Le nouveau Porte-parole aura à définir avec
le Président de la
République les prérogatives de la pléthore de Conseillers ou
Assistants en Communications, du Porte-Parole du Gouvernement, du Conseiller
Technique au Changement. A s’y méprendre, la symphonie sera tohu bohu, avec des
risques de détérioration de nos oreilles de citoyens libres. Me AGBO Lionel
n’est pas Président de la
République et devra tâcher de ne pas se comporter comme tel,
au risque de susciter la furie des citoyens qui ont regardé de travers son
bulletin pour préférer le Cauris en Avril 2006. "Chassez le naturel, il
revient au galop ", dit le proverbe tombé dans l’imagerie populaire. Je ne
doute point un instant que le Rôle du Porte -Parole "va progressivement
monter en ligne" au cours de la post campagne des municipales. Après le
temps du ’Cicéron’ adoré, Gaston Zossou, toujours imité mais jamais égalé, on
va voir le temps de Me Lionel AGBO s’affirmer. Difficile de lui donner un
qualificatif sans l’avoir vu à l’œuvre, sauf le personnage de Théodote de La Bruyère qu’il m’inspire.
Mais l’orateur définit sa propre méthodologie. S’il souhaite battre ’Cicéron’
en organisant des pains de presse pour nourrir des stagiaires tous les
mercredis soir à la
Présidence, il aurait choisi la voie de l’échec et de
l’ennui, préjudiciables à l’originalité pour laquelle nous l’attendons de pieds
fermes au perron de la
Marina. Nous sommes dans la phase des signaux forts de
réalisation des promesses de campagne, il est normal que le Président ait envie
de monter constamment au front. Le rôle du Porte -Parole paraît bien
ingrat : Me Lionel AGBO doit assumer les mines déposées par la Marina, tandis que Boni
Yayi jouera au démineur. Un fonctionnaire du Palais parle
de"fluidité" et de "répartition des rôles parfaitement acceptée
de chaque côté". Il parle de ce qu’il ne connaît pas. Rien n’est clair et
ne sera clair à la Marina.
La confusion est aussi méthode de gouvernance sous les
tropiques. Cependant Me Agbo Lionel estime sans doute qu’il sera en ligne
directe avec Boni Yayi. Me Agbo supporterait -il de vivre dans l’ombre d’un
chef, lui qui est si friand de télévisions ? Le tandem Yayi- Agbo , est
une nouvelle page du long roman de la gouvernance inspirée du ciel. Nous serons
présents pour commenter les différents états des personnages.
Herbert
Houngnibo