Lettre ouverte ô Docteur Yayi Boni
Ô Docteur,
Comme tous les Béninois, j'ai appris que vous séjournez officiellement en ce moment sur les bords de
Ô Docteur, dans votre imaginaire d'intellectuel, le seul régime qui vaille pour atteindre vos objectifs de transformer le Bénin en un pays émergent reste et demeure l'autocratie. N'est-ce pas ? La démocratie ne vous semble pas convenable parce qu'à force de fréquenter les dictateurs, vous commencez à leur éprouver de la sympathie. Je me rappelle qu'au cours de vos premiers voyages officiels, vous êtes allé au Nigeria. Olusègun Obasanjo qui est subitement devenu votre ami, n'est pas un exemple de démocrate. Vous vous êtes également rendu au Sénégal. C'est peut-être là-bas qu'ont commencé vos velléités dictatoriales. Abdoulaye Wade vous a sûrement séduit par la mainmise entière qu'il a sur son pays.
Et que dire de vos passages réguliers chez le Guide libyen, lui qui ne cesse de vous promettre monts et merveilles et qui vous a même offert un avion ? N'est-il pas votre modèle ? De toute façon, les Béninois savent que vous lui vouez une grande admiration. Et comme si tout cela ne vous suffisait pas, vous êtes allé en Chine, au pays de la terreur politique et là, vous êtes revenu plus fort avec des discours inquiétants dont entre autres : «les pays émergents sont ceux qui ont un parti unique», parti que vous êtes sur le point de mettre en place. Ô Docteur, vous êtes aujourd'hui en France, pays de référence en matière de démocratie. Pourquoi y venez-vous ? Pour tendre la main et repartir ensuite les poches pleines de liasses d'euros pour mieux continuer votre politique de propagande au pays !
Ô Docteur, quand est-ce que nous devrions espérer que le gouvernement gouverne enfin et que vous, vous ne soyez qu'un arbitre ? A ce moment là, vous nous démontrerez effectivement, en lieu et place de la parlotte actuelle, que le Bénin, n'a pas besoin d'un Guide Suprême. Ni d'un Chef d'État marcheur contre la corruption, coupeur de rubans et poseur de premières pierres, encore moins d'un lanceur de séminaires, réceptionniste de bouquets et déposeur de gerbes. Quand est-ce que vous, notre Docteur, serez alors suffisamment détaché des contingences politiciennes pour veiller au respect des institutions et des principes républicains tant malmenés par votre régime ? Quand est-ce que votre régime va-t-il commencer à travailler ? Ce n'est pas en marchant contre la corruption qu'on enraye la corruption. Pourquoi continuer à distraire les Béninois ? Qu'avez-vous fait des résultats des audits dans les ministères ? Des audits ayant pourtant révélé une liste des fonctionnaires impliqués dans des malversations financières. Pourquoi n'arrêtez-vous pas de faire de la politique-spectacle au lieu de commencer à agir ? J'ai bien peur qu'au moment venu, les Béninois vous disent qu'ils ne mangent pas des échangeurs !
Pourquoi ne pas copier votre hôte ?
Le Président français que vous avez rencontré est un grand démocrate qui en fait parfois trop mais qui a tout de même le mérite de jouer franc et juste. Contrairement à vous, Nicolas Sarkozy est un vieux routier en politique. Il s'est longtemps battu pour mériter la confiance des électeurs français et a méticuleusement préparé son entrée en fonction avec des projets clairs et bien définis. C'est sans doute la raison pour laquelle il sait mieux que vous ce qu'il a à faire : «quand on a l'honneur d'être élu Président de
Ô Docteur, pourquoi ne pas prendre l'exemple de ce Président si dynamique ? Quand on manque de réflexion, de créativité et d'innovation chez soi, il n'y a pas de honte à copier ailleurs les bons exemples ! Pourquoi ne voulez-vous pas réformer le Bénin ? Les Zémidjans n'honorent pas le pays. A quand leur reconversion ? Quand voulez-vous définitivement éradiquer du marché les contrebandiers de carburant qui font chaque années des milliers de morts ? Les accidents routiers ne cessent de se multiplier pour la simple raison que le port de ceinture de sécurité est encore un luxe au Bénin. Quand est-ce que le port de casques et le port de ceintures de sécurité seront obligatoires au Bénin ? Les gardes à vue dépassent les délais raisonnables et beaucoup de personnes parfois innocentes sont régulièrement et injustement incarcérées pendant des années avant leur jugement.
Ô Docteur, pourquoi ne voulez-vous pas faire quelque chose ? Tout cela nécessite des propositions de lois pour faire des réformes à tous les niveaux. Vous aurez tort avec une telle majorité à l'assemblée nationale de laisser les députés bâiller et dormir sur les bancs !
Taisez-vous et travaillez, SVP
Ô Docteur, les inondations et les coupures d'électricité sont revenues de plus belle, la misère et l'insécurité sont nos compagnes fidèles. Et depuis quelques jours, on ne peut plus téléphoner parce que vous avez arbitrairement suspendu les opérateurs de GSM. Eprouvez-vous particulièrement du plaisir à faire souffrir les Béninois ? La gratuité de l'enseignement primaire ainsi que l'accès aux micro-crédits au plus pauvres sont les actes forts à votre actif. Je vous en félicite. Mais dans le domaine de la sécurité, rien. Votre régime a enlisé le pays dans le spectre de la peur. Plus personne ne se sent en sécurité au Bénin y compris même votre régime.
L'Etat béninois s'est renié à cet effet. Dans le domaine du tourisme et de la culture, rien. Le Bénin regorge pourtant de richesses naturelles qu'on peut mettre en lumière. La modernisation de Ganvié est une nécessité. La «Porte du non retour» souffre du manque de promotion ! Et pourquoi ne pas faire de la journée du Vodoun, un Festival International de Vodoun du Bénin (FIVOB) ! Un grand festival annuel qui va rapidement faire le tour du monde entier et inciter des touristes à découvrir notre pays qui est le pionnier du Vodoun. Le Brésil nous dame le pion alors que tout est parti de chez nous. Que cela vous choque ou pas, le Vodoun fait partie de notre patrimoine culturel. On l'a connu avant le christianisme et c'est dommage que pour des convictions religieuses personnelles, on ne puisse pas s'en servir pour hisser notre pays dans la cour des grands pays touristiques. Ce n'est pas le talent qui manque au Bénin mais la volonté politique !
Ô Docteur, vous adorez faire la manchette de tous les journaux en termes de gloire et vous aimez occuper en permanence les écrans de télévisions à assoupir les Béninois sur vos projets dits de Changement. Mais vous perdez beaucoup de temps qui vont certainement vous coûter cher le moment venu. Je voudrais vous demander de vous ressaisir et de passer à l'action. Ô Docteur, je sais que je vous parle trop férocement et que vous n'êtes pas habitué à ce genre de ton. J'en suis désolé. Et rassurez-vous, ce n'est pas un manque de respect que de vous parler comme je le fais. Au contraire. Mais les journaux béninois, parce qu'ils ne cessent de vous caresser dans le sens du poil, ne vous rendent pas service. Vous devriez le savoir. Je ne vous demande pas de peindre la girafe en bleu parce que je suis bien conscient que vous n'avez pas de baguette magique et que vous ne pourrez pas tout faire. Mais tout ce que je vous demande est réalisable par un gouvernement qui a un mandat de cinq ans et qui veut vraiment travailler.
Ô Docteur, si au lieu de vous adonner à la campagne de communication théâtralisée, vous vous mettiez enfin résolument au travail, je parie que vous ferez du Bénin, un pays bien meilleur qu'un pays émergent. Les Béninois attendent beaucoup de vous et c'est bien normal parce que l'avenir fait peur au Bénin. Il serait bon enfin de leur redonner confiance car en principe, comme le dit Nicolas Sarkozy, votre hôte, «l'avenir ne doit pas être une crainte mais une espérance». Bon courage et bonne chance.
regardsurlebenin@gmail.com
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