Mathurin Nago rompt le silence
Il sous-estime le danger qui le guette
Ecrit par Affissou ANONRIN | |
Le président de l'Assemblée nationale, le Pr. Mathurin Coffi Nago s'est
enfin prononcé publiquement sur la crise qui ronge l'institution
parlementaire depuis des mois. C'était à la sortie d'une audience que
lui a accordée hier jeudi 3 juillet 2008 le Chef de l'Etat. Aussi
surprenant que cela puisse paraître, le président Mathurin Nago a
minimisé le danger qui le guette au tournant. Le premier sujet abordé au cours de l'interview qu'il a accordée à la presse est relatif à la supposée demande de démission que lui aurait faite le Chef de l'Etat. Sur le sujet, le président Mathurin Nago a mis les pendules à l'heure. « Les choses ne se passent pas ainsi. La Constitution de notre pays prévoit la séparation des pouvoirs. Il n'est pas prévu que ce soit le Chef de l'Etat qui demande au président de l'Assemblée Nationale de démissionner. Si le président de l'Assemblée Nationale doit démissionner, il lui revient d'en décider librement… », a confié Mathurin Nago qui balaie du revers de la main les propos véhiculés par la presse et une certaine opinion. « Il y a eu beaucoup de choses qui se lisent et qui s'écrivent contre moi sans que je ne parle jusque-là. Je dois vous dire que les 100 % de ces choses sont complètement fausses. C'est une cabale qui est organisée contre le président de l'Assemblée Nationale et le Président de la République…Je voudrais dire avec force que si nous voulons construire notre pays, si nous voulons construire la démocratie dans notre pays, ce n'est pas de cette manière-là », a par ailleurs ajouté le président de l'Assemblée Nationale. A l'entendre, on tombe malheureusement des nues. Car ses vrais ennemis ne sont pas dans la presse mais dans son entourage, au sein de sa majorité parlementaire qui a du reste rejeté à plus de 50 % son rapport d'activité. En vérité, la situation à l'Assemblée Nationale est aujourd'hui catastrophique et de mémoire de Béninois, c'est pour la première fois qu'on voit un président dans d'aussi mauvais draps. C'est du droit du président de l'Assemblée Nationale de vouloir minimiser ce qui se passe au Parlement et qui ressemble à un drame. Il est en tout cas triste de constater que le président Mathurin Nago affirme dans sa déclaration une chose et son contraire. Morceaux choisis : « La situation à l'Assemblée Nationale se présente assez correctement. Le Parlement, c'est le haut lieu des débats politiques. Il peut avoir de divergences entre les différents groupes et cela peut rendre quelque peu difficile à des moments donnés le fonctionnement du Parlement. En gros, je dirai que les travaux se poursuivent au Parlement. Les Commissions travaillent tout le temps. En réalité, le gros lot du travail se fait effectivement dans les Commissions. Les plénières sont destinées tout juste pour adopter le travail qui a été fait au niveau des Commissions…Deux plénières ont été prévues pour la semaine dernière. Mais pour diverses raisons, ces plénières n'ont pas pu avoir lieu. Il y a parfois des mécontentements ou quelques sautes d'humeur au niveau de certains députés qui se basent sur certains faits qui sont extérieurs à l'Assemblée Nationale pour justifier certains de leurs comportements. Certains députés ont décidé de ne pas venir en plénière si l'installation de certains conseils communaux n'est pas acquise. Je voudrais en appeler à la conscience des députés que nous avons été élus pour faire fonctionner l'Assemblée Nationale, pour nous acquitter d'une double mission : voter les lois et contrôler l'action gouvernementale. Il ne faut pas que ces problèmes soient utilisés comme prétexte pour bloquer certains travaux de l'Assemblée Nationale… ». Le mot est tombé. Et Mathurin Nago dans ce long développement reconnaît que l'Assemblée Nationale est bloquée. Par la faute de qui ? C'est la grande interrogation. Suffit-il que les Commissions fonctionnent tant bien que mal pour qu'on dise que l'Assemblée Nationale fonctionne ? Quelle valeur ont les travaux en Commission si la plénière ne se convoque pas ? Visiblement, le Président de l'Assemblée Nationale se mélange les pédales. Il faut tout de même le comprendre. Cabri mort n'a pas peur du couteau. |
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