Panique chez les oligarques locaux
jeudi
8 novembre 2007, par Arimi Choubadé, In le NOKOUE
Rédigé le 08 novembre 2007
Trop riches, donc, infréquentables. 35
milliards déboursés par un seul individu à travers une opération de rachat de
la ferraille d’une société nationale cotonnière ? Ou 49% de part détenue
par un unique porteur au sein de la société de téléphonie mobile
Télécel-Bénin ? Le défouloir public ne se lasse plus de lyncher ces
« insulteurs » de la misère collective. Aidé en cela par quelques
fonctionnaires aux motivations encore obscures. Fidèles à leur credo :
« Les mêmes cadres produisent toujours les mêmes dégâts » (Tlf). À
rechercher au-delà de la simple jalousie humaine.
La bourgeoise nationale a plus que
mauvaise presse. Peut-être du fait des avatars du socialisme scientifique des
années 80 décrétant la mort à la bourgeoisie, à l’exploitation de l’homme par
l’homme, aux commerçants véreux, à la propriété privée. Un charabia d’un autre
siècle. Comme si le souvenir de l’option libérale d’économie de marché et de
dictature des capitaux instaurée à
La solidarité nationale, c’est bien.
Confondue malheureusement avec le nivellement par le bas, c’est discutable. Les
riches ne sont pas forcément responsables de la pauvreté de leurs concitoyens.
La justice républicaine a d’ailleurs édité un certain nombre de règles qui permet
de déterminer la part contributive de chacun à la richesse nationale par le
truchement des taxes au prorata des valeurs imposées. Logiquement donc, plus on
est riche plus on paie de taxes à l’Etat.
La « sanction » des gens qui
en possèdent plus que leurs compatriotes ne devrait donc pas être la vindicte
populaire, les persécutions politico-administratives ou le lynchage médiatique.
A l’échelle du Bénin, les pseudo milliardaires qui cristallisent actuellement
tous les ressentiments de la précarité font office de nains dans le système de
globalisation. 35 milliards en Cfa font à peine une demi centaine de millions
en Euros. Pour exister sur l’échiquier international, il leur (à nos
richissimes locaux) en faut plus que les cacahouètes qui déchaînent les passions
chez leurs compatriotes.
Quel contenu donnerait-on à
l’émergence si des capitaux béninois ne sont pas en mesure de s’attaquer à une
modeste épicerie à Lagos tout près ? Déjà qu’il faut s’armer de beaucoup
de perspicacité afin de détecter une ou deux entreprises béninoises à la bourse
des valeurs régionales de la sous région ouest-africaine. Pendant que des
boites tentaculaires s’étendent de
Le pays ne peut aller à l’assaut de
l’économie nationale à l’aide de demi-mandiants nourris aux oboles des micros
crédits. Les 30.000 francs accordés aux petites revendeuses servent tout juste
à entretenir la popotte au chaud durant quelques jours, pas plus. Une opération
à haut risque pour le budget national qui ne peut rêver faire des profits par
cette occasion. Or, il ne faut pas autant de milliards pour fabriquer quelques
oligarques capables de viser gros dans la globalisation.
Pendant que des émergents fabriquent à
tour de bras des géants dans les banques, la métallurgie, l’informatique,
l’aéronautique, nous en sommes encore à la chasse aux capitalistes locaux.
D’après les senseurs de la morale et de l’ordre, une fortune n’est saine que
lorsqu’elle n’appartient pas à un Béninois. Tout le monde sauf Talon, Adjovi,
Adjavon et tous les autres qui détiennent un passeport béninois.
Au quartier latin d’Afrique, nul n’est
richissime chez soi sans être un malfaisant.
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