Récapitulatif
Les valeurs du changement
jeudi 14 février 2008
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 14 février 2008
Les rois désertent le palais ancestral en quête
d’allégeance. Les chefs traditionnels transforment les couvents en siège de
campagne. Les femmes au foyer sur le macadam la nuit en marche de soutien à un
pouvoir politique. Les politiciens en déchéance s’inventent une nouvelle
religion, celle du dieu Yayi. Les ministres se comportent comme des garçons de
course. Le chef de l’Etat se désigne un porte-colère. L’hémicycle se transforme
en ring de boxe. La société civile institutionnelle choisit délibérément
l’aplatissement au pouvoir. Les étudiants quotidiennement en course tels des
lapins devant la soldatesque en furie. Et ces hauts gradés de l’armée qui se
préoccupent plus du régime que de la nation.
Le changement se forge lentement mais sûrement sa
devise : « nul ne vient à moi s’il ne compromet la démocratie ».
La doctrine est d’une effarante simplicité. Changer voudrait signifier
« faire le contraire ». Toute pratique ancienne au contact du
changement devrait prendre une nouvelle orientation. Aucune résistance n’est
permise. Pratiquement la porte ouverte sur tous les sanctuaires inondés
d’espèces sonnantes et trébuchantes et contrepartie du mot d’ordre de tout
changer. Le G13 a si bien vu en constatant l’éviction progressive de la légitimité
républicaine au profit de la bondieuserie évangélique à travers la gestion de
la vie publique.
Le cadre de cette chronique ne permet
certainement pas d’énumérer tout ce qui a changé en l’espace de deux ans. Deux
élections deux reports – les législatives en 2007, les municipales en 2008. Les
amateurs de boule de cristal ne parviennent même pas à esquisser le visage du
Bénin à la fin du mandat du docteur-président. Seuls les quelques pasteurs du
changement révèlent sporadiquement les fruits de leurs hallucinations teinté de
messianisme et d’angélisme. Pour l’heure, les mécréants anti-système peuvent
voir la réalité de la vie chère, de la gestion à polémique des fonds de
véhicules d’occasion, de la paralysie de l’éducation nationale et de la santé, des
invectives érigées en méthode d’expression. Ce n’est pas l’apocalypse, c’est le
changement.
Aujourd’hui, la politique n’est plus entre les
mains des seuls partis politiques. Il y a manifestement une tentative sournoise
d’embarquer dans cette ténébreuse aventure les couvents, les palais royaux, les
ménages, les écoles, les hôpitaux et même les casernes. Pour le moment
l’existence des institutions, la dévolution du pouvoir par les urnes demeurent
n’en déplaisent aux émergents qui auraient voulu transformer jusqu’aux
principes fondamentaux qui font encore du Bénin une République de liberté.
Vu du Bénin, le fondamentalisme religieux
s’apparente à poisson d’avril. La laïcité de l’Etat est justement destinée à
éviter à la communauté nationale des dérives aussi pires que ce qui s’est passé
en Algérie, en Irak ou en Yougoslavie. On oublie souvent les aspirations
suicidaires et sacrificatoires. De nombreux prêcheurs du changement se plaisent
déjà à professer la résurrection, le jugement dernier et autres hérésies de ce
genre en commentant la crise larvée actuelle. Selon eux l’avènement d’un ordre
nouveau précède toujours une période de décadence. Ce n’est pas pour rien que
la provocation franchit chaque jour un palier de plus.
Les transes télévisées incarnées par un intellectuel
de la trempe de Adrien Ahanhanzo Glèlè confirment bien la thèse de l’existence
d’escadrons du pourrissement dont le rôle est d’apporté suffisamment de
combustibles au bûcher.
Le changement ou le Bénin « renversé ».
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