"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

"Sauver la Cour Constitutionnelle" :

La terre brûlée…

dimanche 2 mars 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 03 mars 2008

 

Moral en chute libre au perchoir. L’équipage Nago, confectionné à coup de procurations et de marchandages occultes, semble convaincu de la fin imminente. Une explosion en plein vol qui justifie les actes de panique et de fébrilité. Sur fond de signe d’impuissance de la Marina dont la seule consigne demeure : « sauver la Cour constitutionnelle », au risque de plonger tout le palais des gouverneurs dans un rixe politique généralisée. Une traduction d’une des multiples facettes de l’émergence : la politique de la terre brûlée ou celle du mauvais perdant.

Désigner les représentants de l’Assemblée nationale devant siéger à la Cour constitutionnelle à plus de trois mois de la fin de la mandature à l’instigation du docteur-président. On se demande encore comme le changement que l’on dit très stylisé et très au faîte des techniques les plus modernes a eu recours à une stratégie guerrière datant de la guerre de colonisation. Une stratégie qui a conduit presque tous les grands empires africains à la débâcle, un à un, face à l’envahisseur, au siècle dernier. Les conteurs raffolent de détails sur l’initiative du roi Béhanzin qui décide d’incendier son propre palais avant de le laisser à la merci du colon. L’aveu de défaite. Depuis, les mœurs ont évolué avec l’avènement des notions de combat comme le fair-play et la défaite honorable.

Le déboulée de Nago vient mettre à nu un état d’esprit ambiant au niveau du maître à penser des émergents. La majorité des Béninois ne connaissent que le Changement euphorique, celui qui gagne ; les présidentielles à 75%, les législatives avec 35 sur 83 élus, le perchoir à l’aide de procurations inespérées. Le Changement aux abois esquisse peu à peu son véritable profile. Des gens comme Dayori, Gbadamassi, Salé, le magistrat en rade Amouda Razaki et mon confrère Charles Toko l’ont expérimenté à leurs dépens lorsque l’envie leur a pris d’oser braver le grand chef dans son fief sacré du septentrion lors des législatives.

Imaginons les conséquences d’actes de désespoir de ce genre lorsque les choses ne tourneraient pas à l’avantage du régime et de son chef en 2011. La tentative de contrôler le processus de désignation de la prochaine mandature de la Cour constitutionnelle est loin de rassurer. Surtout qu’elle s’est opérée au mépris de toute précaution règlementaire. Seule la volonté de réaliser un coup de force et de prévenir les contrecoups d’un basculement de la majorité politique au sein de l’hémicycle a guidé les esprits.

J’évoquais tantôt l’atavisme et la désuétude de la stratégie utilisée. L’approche recommandée à Nago s’illustre par une naïveté absolue. Si le chef de l’Etat a vraiment perdu la majorité à l’Assemblée nationale ce n’est pas la fuite en avant à travers une procédure alambiquée qui y remédierait. Sous réserve de l’interprétation de la Constitution par les instances habilitées à le faire, il est quand même difficile de conserver l’inamovibilité des membres de la Cour constitutionnelle durant trois mois avant leur entrée en fonction.

L’article 115 de la Constitution a bien précisé que : « …les membres de la Cour constitutionnelle son inamovibles pendant la durée de leur mandat… ». L’inamovibilité ne couvre donc que le cours du mandat, pas avant pas après. A moins que les esbroufes actuelles du perchoir ne soient uniquement destinées à retarder l’échéance de la déchéance annoncée.

Quelle que soit sa capacité ou sa volonté de nuisance, Nago ne peut achever de consumer le palais des gouverneurs avant son départ éventuel, précipité ou à terme.

 



03/03/2008
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