"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Situation politique nationale pourrie:

L'Etat-Fcbe très fragilisé

In MATINAL

11 juillet 2008

La crise politique nationale pourrait bientôt avoir raison du pouvoir du changement. Contrairement à ce qu'on aurait pensé, plusieurs députés comme bien d'autres ténors de la mouvance commencent par réfléchir autrement en vue de se frayer une autre porte de sortie pour ne pas se retrouver devant le fait accompli.

Le nombre des députés de la liste Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) encore favorables à la cause du gouvernement serait, de sources officielles, déjà réduit à 30 à l'Assemblée Nationale. Mais, dans la réalité, ils sont désormais moins de 10 à continuer à faire le jeu du pouvoir au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Et l'hémorragie a de fortes chances de se poursuivre avec le pourrissement de la situation. Et pour cause. Nombre de leaders politiques d'aujourd'hui n'ont plus intérêt à suivre la tête baissée le pouvoir du changement qui a déjà perdu sa boussole et dont l'avenir est plus que jamais critique. Et pour s'éviter un éloignement qui pourrait leur être préjudiciable à l'avenir, nombre d'entre ceux qui faisaient l'apologie du chef de l'Etat et ne tarissaient pas de moyens pour montrer l'émergence du pays dans un très prochain avenir, ont marqué précipitamment une pause. Il y a ensuite la manière dont nombre d'entre les députés de la mouvance sont traités par leur président Mathurin Nago qui a fait ouvrir les yeux à certains qui se croyaient en terrain conquis. Il n'est pas possible d'aller voir directement Mathurin Nago de pour échanger avec lui sur la situation au parlement. A moins que vous soyez dans le cercle restreint des privilégiés. Dans un autre cas, il faut rédiger une demande d'audience et surtout s'armer de patience pour supporter le temps que prendra la réponse du nouveau patron de l'Assemblée nationale. De même, les missions à l'étranger ont été bien gelées pour certains qui ne sont pas dans ce cercle restreint. A plus d'un an de gestion, rares sont les députés toutes tendances confondues qui ont déjà quitté une seule fois le pays pour une mission parlementaire. En dehors du président Mathurin Nago et de quelques uns de ses collègues du bureau, les autres députés ne connaissent pas encore comment ce volet de leur vie parlementaire est géré. Pourtant, à un passé récent, les 83 députés ont, quelque soit le cas, obtenu, les moyens de se faire valoir à l'extérieur. Et puis, les plaies issues des tiraillements lors des récentes élections municipales, communales et de la désignation des conseils de quartiers et de villages ne peuvent être pansées aussi facilement. C'est le cas à Covè et dans bien d'autres régions où les groupes Fcbe n'ont pas pu s'entendre pour dégager, en toute quiétude, le maire. Surtout que c'est depuis le Palais de la Marina que l'on a tenté de tirer sur les ficelles pour renforcer les divisions dont le chef de l'Etat devra faire tout seul les frais. Ensuite, on parle de plus en plus d'une histoire de gros sous qui divise les députés Fcbe au parlement. Et c'est surtout au niveau de la coordination nationale Fcbe que les problèmes sont énormes. Les frustrations sont telles qu'aujourd'hui, le groupe ne se réunit plus et le responsable nationale, l'honorable Janvier Yahouédéou qui ne s'entend pas avec les autres membres de son groupe, ne peut pas initier de réunion.

Déclaration de Nago du jeudi dernier

L'autre grande situation qui crée une certaine confusion au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo reste la déclaration faite par le président Mathurin Nago à la sortie de l'audience que le chef de l'Etat lui avait accordée, la semaine dernière. Au jour d'aujourd'hui, nombre de parlementaires de la mouvance se demandent s'il est encore nécessaire de faire de la politique aux côtés du pouvoir. C'est à la suite de leur concertation sur le fait que leur président les accuse, sans distinction, d'être actuellement l'objet de fort démarchage à coût de millions pour le destituer que les langues se sont bien déliées et on a compris que le nombre de mouvanciers est désormais réduit à certains hommes politiques qui, seuls, ne peuvent plus rien espérer. Et le comble risque de venir après le prochain remaniement ministériel. Tous ceux qui seront mis à l'écart, pactiseront sans doute avec le camp adverbe. Sans compter la grande majorité des courtisans qui ont déjà fait leur preuve et n'attendent que la dernière occasion pour claquer la porte. Dans ces conditions où, visiblement, le nombre des chantres du changement se réduit au jour le jour, le chef de l'Etat, le Dr Yayi Boni qui est de plus en plus très mal conseillé, risque de se retrouver seul face à son destin. Parce que son Etat-Fcbe mal ficelé et autour duquel les profiteurs sont nombreux ne pourrait plus lui permettre de conduire efficacement sa politique.

2011 déjà en difficulté

Toutes ces difficultés et le fait même que le chef de l'Etat n'a pas pris toutes les précautions utiles avant de lancer les Fcbe, vont beaucoup jouer en 2011. Déjà, le nombre de partisans commence par poser problème et les caciques du groupe ne font rien pour sauver les meubles. On parle même d'un certain trafic d'influence au sommet de l'Etat qui ne permet pas de parler au chef de l'Etat et d'éviter le désastre en vue. Dans la même logique des erreurs qui sont jalousement entretenues au sommet de l'Etat, il y a le récent limogeage de l'ancien chef de la circonscription urbaine de Cotonou, M. Jérôme Dandjinou, de la tête du Port Autonome de Cotonou après que l'homme a décidé de faire des révélations sur les incohérences du régime. Mieux, avec la situation de paralysie générale des activités à l'Assemblée nationale et au sujet duquel le chef de l'Etat prend trop de temps pour y trouver des solutions, ce sont les groupes de l'opposition qui pourraient en profiter pour développer une communication pour lui créer des difficultés monstres en 2011. Parce que cette crise est partie pour bien durer dans le temps. Et une fois Mathurin Nago bouté dehors, le système parlementaire sera verrouillé et le gouvernement aura du mal à faire passer certains de ses dossiers. Et de fil en aiguille, le président Yayi Boni se rendra de plus en plus impopulaire pour n'avoir pas su vite prendre ses responsabilités.


Jean-Christophe Houngbo


11/07/2008
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