Vandalisme contre votre journal "Le Béninois libéré":
Il n’y a peut-être que les professionnels de la presse à se
préoccuper du recul de la position du Bénin au classement de la liberté de
presse de Reporter Sans Frontière. Le scabreux acte de vandalisme et
d’intimidation dont a été victime le journaliste Aboubakar Takou dans la nuit
du lundi au mardi, est assez illustratif de la volonté de certains individus de
replonger le Bénin dans les ténèbres de l’ignorance, de la violence et du
gangstérisme. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder, Aboubakar
revient sur les circonstances de cet acte et donne par la même occasion les enseignements
qu’il en tire. -
La rédaction : Que s’est-il passé dans la nuit du lundi au mardi
?
Aboubakar Takou : Nous étions en train de boucler la parution de
mardi aux environs de 3H30 du matin quand le gardien du journal est venu nous
annoncer que des individus avaient brisé le pare-brise arrière de ma voiture.
Sur indication de ce gardien, nous avons pris en chasse un groupe de personnes
que nous avons rattrapé car nous pensions en ce moment là qu’il s’agissait d’un
acte de vol. Après quelques explications avec ce groupe de personnes, nous nous
sommes aperçus que nous avions fait erreur sur les intentions de ces personnes
qui n’étaient en réalité qu’à la recherche des pièces détachées de leur camion
qui était tombé en panne. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de présenter mes
excuses à ces messieurs pour le désagrément que nous avons pu leur causer. Une
fois que nous les avons quitté, nous sommes retournés à la voiture. Et c’est à
ce moment-là que nous nous sommes aperçus que le projectile qui avait servi au
bris du pare-brise était enveloppé d’un papier que nous avons pris le soin
d’étaler. Nous nous sommes rendus compte qu’un message y était inscrit et qui
disait en somme ‘’Attention, attention, attention ! Si vous ne voulez pas finir
comme un sous-préfet’’ allusion sans doute aux sous-préfets de Toffo qui a été
tué il y a un peu plus de deux ans et à Pamphile Hessou qui comme vous le savez
a disparu dans des conditions mystérieuses. A partir de ce moment, il était
clair que nous n’avions pas à faire à un acte de vol comme nous l’avion cru
mais bel et bien à un acte d’intimidation lié à l’exercice de notre profession
de journaliste.
- Si on vous écoute bien cet événement est loin d’être un acte de vandalisme spontané mais plutôt un acte planifié et conçu dans le but d’atteindre un objectif bien déterminé ?
Evidemment qu’il s’agit d’un acte
planifié et que je qualifie au passage de lâche car quoiqu’on puisse me
reprocher, j’agi à visage découvert tandis que là, l’auteur ou les auteurs de
cet acte scabreux a ou ont préféré les ténèbres pour agir. Preuve donc qu’ils
ne sont pas capables d’assumer leur acte. C’est bien connu qu’au Bénin les
femmes sont très courageuses. Je crois donc que si c’était une femme qui y
était à l’origine, elle l’aurait non seulement assumé mais serait allée au bout
de sa logique. Si c’est donc des hommes qui en sont les auteurs, il faut bien
croire que ces derniers sont dépourvus de leurs attributs de virilité. -
Avez-vous une idée de celui qui serait derrière cet acte ?
Bien entendu ! Nous n’exerçons pas la profession de journaliste
pour ne pas être capable de cerner tous les contours de cette affaire. Je
connais donc très bien l’auteur de cet acte. Il s’agit d’un membre du
gouvernement de Boni Yayi. Les derniers éléments nécessaires pour le confondre
publiquement sont en train d’être réunis. Je tiens donc à dire ici,
contrairement à ce que certains ont cru, que je n’ai pas d’ennemis autres que
les paresseux du système Yayi qui n’aiment pas qu’on mette à nu leurs actes mafieux.
- Ne craignez-vous pas pour votre vie ? Avez–vous pris des
précautions dans l’éventualité d’une récidive ?
Bien entendu. Ce n’est pas parce que j’ai régis ma vie sous les
préceptes de pacifisme et de civilité que j’ignore tout de cette façon d’agir.
Je suis donc sur le pied de guerre. Je ne me contenterais pas d’apporter la
riposte. Je prendrai au besoin l’initiative pour frapper le premier.
- Selon toute apparence cet acte de vandalisme est loin de vous
avoir intimidé ?
Il en faut beaucoup plus pour troubler mon sommeil.
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