"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Yayi Boni qualifié ?

mardi 16 octobre 2007, par Arimi Choubadé

Rédigé le 15 octobre 2007, In le Nokoué

 

Il a réservé sa chambre d’hôtel, marqué un penalty contre les Ecureuils et prié à chaque fois que les Sierra léonais s’approchaient des buts de Chitou Rachad. Quoi de plus normal qu’on dresse la couronne du vainqueur au docteur président du Bénin émergent, qui a tant fait pour la qualification à la Can 2008 ! Qu’on lui dédie une soirée spectacle avec tout ce que le pays compte de meilleurs sur le plan musical. Sauf qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ces célébrations médiatico-spectaculaires.

En Sierra Léone, il y a bel et bien eu des héros, particulièrement un qui a offert à l’équipe les deux buts de qualification. En mars de la même année, à Bamako un autre s’est payé le luxe de surprendre les galactiques maliens à domicile avant qu’un penalty providentiel ne vienne rétablir la parité. D’autres ont brillé tout aussi bien contre le Togo ou contre la Sierra Léone à Cotonou lors des matches de groupe. Comment oublier Codjo Edmé relayé par Wabi Gomez ? Les milliers d’anonymes qui ne manquent aucun rendez-vous du onze national pour donner de leur voix dans les gradins ?

Curieusement, la célébration médiatico-spectaculaire a décidé de faire l’impasse sur tous. En donnant piteusement dans une détestable compétition de griotisme entre commentateurs subitement frappés d’une subite paresse. Plus rien ne les inspire si ce ne sont les faits et gestes du docteur-président. Maintenant que les portes de la Marina sont moins hermétiques qu’auparavant pour écrivaillons et autres transporteurs de micros, c’est vite fait d’installer son camp aux abords au lieu de recourir à d’autres sujets d’intérêt général.

Les exploits d’un Omar Tchomogo, d’un Jocelyn Ahouéya ou d’un Mouri Ogoubiyi suscitent plus de vocation auprès de la jeunesse que des directs de discours et de proclamation. On a pourtant célébré ces mêmes garçons au lendemain de la qualification pour la Can 2004 en Tunisie. Quelques autres noms ont complété ce tableau dans les rues de Porto-novo, Abomey, Parakou dont le très Ghanéen Cecil John Atturquayefio ou le Belge René Taelman. Cette fois-ci, les petits enfants ont de la peine à retenir la moindre image de l’équipe nationale si ce n’est le célébrissime penalty du chef de l’Etat du 09 octobre 2007. C’est vrai qu’en 2004, les Ecureuils ont terminé en tête de leur de groupe alors que cette fois-ci ils ont été repêchés en tant que meilleur deuxième. Néanmoins, une confrontation avec le Mali ou le Togo est de loin plus relevée que contre la Zambie, la Tanzanie ou le Soudan.

Une sournoise perversion de l’opinion publique à la merci de griots ayant perdu tout sens de la mesure est à nos portes. Alors qu’une émergence nécessite des citoyens avertis plutôt que des abrutis abreuvés de facéties et de paillettes à longueur de journée. On ne peut reprocher au chef de l’Etat la médiocrité actuelle des productions dans nos médias avec une palme spéciale pour l’audiovisuel public C’est son droit d’aimer le foot et de le faire savoir. Aux médias d’en donner la juste mesure. On peut gérer les contrats de communication autrement qu’avec des dithyrambes. Car en réalité ce n’est pas le président de la République, chef de l’Etat qui est qualifié mais l’équipe nationale de football du Bénin.

Sessègnon a besoin d’être célébré comme Drogba en Côte d’Ivoire ou Eto’o au Cameroun. Pareil pour Adjamonsi ou Chrysostome. Ce sont eux qui ont fait qualifier le Bénin.

Les griots doivent le savoir et le faire savoir.



07/11/2007
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