Actualités politiques de notre pays :
Dr. Frédéric Joël AÏVO se prononce |
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Écrit par SONANGNON.NET | |
SONANGNON.NET:
Bientôt les élections municipales et communales dans notre pays. Déjà
trois élections et chaque fois des contestations quand il s’agit
d’installer Dr. Joël AÏVO:
Mon sentiment personnel est que les élections au Bénin ont besoin
d’être revues et corrigées, particulièrement la manière dont nous
organisons les élections. Je veux parler de Dans
les pays du Sud, notamment en Afrique noire francophone, les élections
sont tellement sensibles. Elles sont dans nombre de pays la cause des
troubles politiques, des instabilités institutionnelles voire des
conflits armés. Pour ça il faut éviter que la manipulation des urnes et
des suffrages par quelques ministres zélés ou par des fonctionnaires
aux ordres, tous angoissés par les incertitudes de lendemain d’élection
chaotique, ne porte un coup fatal à la démocratie et à la cohésion
sociale. Il ne faut donc pas faire des élections, un facteur de
fragilité de la nation, fragilité de la démocratie, c’est pour ça que
tout le monde est quasiment d’accord qu’il faut confier l’organisation
des élections à une structure qui soit une structure neutre si elle
peut l’être en sachant que Le
professeur Ahanhanzo Glèlè et le professeur Holo ont livré un rapport
qui n’a pas été suffisamment exploité par les pouvoirs publics au
Bénin. Autrement je crois qu’il y a une mine d’informations qui aurait
sans doute permis de corriger le fonctionnement de Donc,
je dirai que c’est de bonne guerre, mais la particularité de cette
année est que le pouvoir de président Yayi a poussé tellement loin le
bouchon que on a assisté à une cascade de recours, simplement parce
qu’il ne sont pas arrivés à contrôler l’institution. Or ça fait très
longtemps pour ne prendre que l’exemple du Président Houngbédji qu’il a
été toujours minoritaire à En parlant des élections au Bénin, une autre particularité c’est que depuis
que le Gouvernement actuel est aux affaires, il n’a organisé aucune
élection à bonne date. Ni les dernières législatives, encore moins ces
municipales qui aurait dû être organisées depuis décembre 2007. On est
en mars, et nous ne sommes toujours pas sûrs d’aller voter le 13
février. Tant le dilatoire du gouvernement est constant. Le ministre
des Finances malmène Les
élections législatives ont été reportées une fois, les élections
municipales deux fois, je dirai même trois fois. Ce n’est pas gage de
stabilité. Le pouvoir actuel ne donne pas l’impression aux Béninois
d’être un pouvoir très sensible à la démocratie. Selon
vous le report chaque fois des élections cache quelque chose? Est ce
que ce n’est pas pour une bonne réussite de ces élections ? Non,
les reports auxquels nous avons assisté au Bénin pour être sincère
c’est des reports qui ont été motivé ou qui ont été fondé par des
divertissements et la récréation que le gouvernement a animés pendant
très longtemps. Plutôt que de passer très rapidement aux choses
sérieuses, le gouvernement a disposé de beaucoup de temps ; ils ont la
majorité au parlement en tout cas ils avaient la majorité au parlement
donc ils auraient pu profiter pour toiletter les textes électoraux,
programmer et convoquer le corps électoral. Ils ne l’ont pas fait.
Pendant très longtemps, le gouvernement nous a diverti, a récréé les
Béninois sur des questions secondaires, des questions accessoires. La
propagande avait pris le pas sur ce qui était essentiel pour le pays.
Ce qui a fait qu’on n’est allé aux élections à quelques mois de
l’échéance. Malheureusement il était trop tard, et on n’a pas pu
comprendre d’ailleurs pourquoi le gouvernement actuel qui dispose d’une
majorité n’a pas fait de l’organisation à bonne date de ces municipales
une priorité. Donc c’est pas une question de vouloir bien les faire,
c’est simplement qu’ils ont été pris de coup, ils ont été surpris par
le temps, ils ont passé tout le temps à distraire les Béninois sur des
questions qui n’étaient pas essentielles. Justement,
l’opinion publique attendait vraiment la réaction du PRD puisque
aujourd’hui c’est le parti qui se déclare de l’opposition constructive
où déjà il y a aussi un peu de flou. Ce n’est pas un parti offensif car
il y a des sujets d’actualité mais le PRD ne sort pas pour montrer sa
position. Qu’est-ce qui fait que l’opinion publique sent que le parti
dort ? Vous
avez en partie raison, le PRD ne dort pas. Nous avons choisi de ne pas
envenimer les problèmes qui se posent actuellement à notre pays. Nous
avons choisi de ne pas apparaître comme un parti qui jette de l’huile
sur le feu. Je voudrais simplement d’abord vous rappeler qu’en dehors
du PRD vous n’avez de réaction d’aucun autre parti politique ; les
seules réactions que vous avez, les seules voix dissonantes que vous
avez dans le pays viennent du Parti du Renouveau Démocratique et on ne
peut pas dire que le PRD ne communique sur rien. Nous communiquons sur
beaucoup de choses mais nous avons choisi de ne pas communiquer
systématiquement sur tout ce qui ne vas pas. Nous accompagnons des fois
nos critiques de propositions. Par exemple sur le service militaire
nous avons parlé, sur les échecs massifs aux examens nous avons parlé,
sur la crise des GSM nous avons parlé peut être en retard mais nous
avons parlé, nous avons communiqué, nous avons dit ce que nous pensons. Mais justement vous venez de dire tout
à l’heure que peut être le PRD intervient en retard ; voilà encore un
problème sur la crise du GSM où le PRD est intervenu à la veille même
du dénouement de cette crise. Pourquoi est-ce que le PRD attend souvent
les derniers moments pour réagir, c’est là ou le peuple ne comprend pas
réellement la gestion politique de ce parti? Non,
je vous assure que les Béninois comprennent notre position. Simplement
sur la crise des GSM, on avait voulu que les Béninois expérimentent par
eux-même l’inconséquence de la décision du Chef de l’Etat d’ouvrir
brusquement et sans aucune précaution, sans aucune prudence une crise
aussi majeure, une crise qui touche au droit international, au droit
international des investissements, au droit international des affaires,
à la crédibilité de notre démocratie et surtout à la crédibilité de
notre capacité à pouvoir sécuriser les investissements étrangers dans
notre pays. Donc sur ça, nous sommes intervenus en retard pour
certains, mais en réalité, nous avons voulu d’abord laisser
suffisamment le temps au gouvernement pour arranger une situation que
lui-même à embrouiller. Maître Adrien Houngbédji sera-t-il candidat aux prochaines municipales ? Vous
savez, la sollicitation est grande autant à Porto-Novo qu’à Cotonou.
Beaucoup de nos militants le demande, même les Cotonois le demandent.
Les Porto-Noviens souhaitent une fois encore que le Président
Houngbédji conduise la liste à Porto-Novo. Les Cotonois aujourd’hui
exigent que le Président Houngbédji se présente. Pour l’instant, je
vous assure que la question est sur la table. Il n’y a pas d’à priori,
je dirai que c’est une question à la fois ouverte et fermée. La
décision sera prise par le bureau politique du parti, mais avant tout
c’est le Président Houngbédji qui, en fonction de sa motivation et
surtout de ses ambitions futures pour le pays, décide en dernier
ressort de ce qu’il faudra faire, mais les sollicitations sont grandes
je vous le confirme. Je vous certifie qu’on a même des sollicitations
de Béninois ordinaires isolés qui pensent que le président Houngbédji
peut jouer un grand rôle dans la gestion des deux grandes villes,
Cotonou et Porto-Novo. Mais la décision sera prise dans les jours qui
arrivent. Et
s’il arrivait que lors de la prise de décision le président Houngbédji
se présentait, qu’il allait aux élections et qu’il gagnait, est-ce
qu’il va encore comme dans le passé laisser la mairie à son suppléant,
parce que nous avons vu le cas de Porto-Novo. Est-ce que ce sera encore
le même scénario ? Vous
savez, le Président Houngbédji a démissionné de la Mairie de
Porto-Novo. Les gens qui en parlent aujourd’hui, généralement vraiment
à 90% sont de mauvaise foi. ils savent très bien qu’ils manipulent une
question qui était déjà fermée aussitôt qu’elle a été posée. A
Porto-Novo, il y a cinq (5), le Président Houngbédji n’était candidat à
rien, il n’était pas candidat à la mairie. Le Président Houngbédji a
été sollicité par les Porto-Noviens, notamment par le parti pour
conduire la liste en fonction des adversaires cachés qu’on avait en
face. Rappelez-vous que le ministre Gaston Zossou soutenu par la
coalition UBF, soutenu par le Président Kérékou et tous les partis
politiques qui étaient proches de Kérékou, pour la conquête de la ville
de Porto-Novo. Porto-Novo était pour nous un passage obligé pour 2006.
On devait encore préserver la ville de Porto-Novo, ce qui a justifié
que le président Houngbédji ce soit lancé dans la bataille, il n’était
candidat à rien du tout, il s’est présenté pour aider la liste, pour
porter sa liste et jamais pour être maire. Mais après ceux qui disent
qu’il a démissionné veulent bien s’accrocher à un argument pour trouver
un défaut au Président Houngbédji sinon il n’était pas candidat à la
mairie de Porto-Novo, ce sont les Porto-Noviens qui l’ont sollicité
pour conduire la liste, ce qu’il a fait en bon dirigeant. C’est
vrai qu’il serait audacieux de prédire ce qui arrivera après les
élections municipales, mais après votre analyse de la situation
politique quelle sera la configuration des prochaines municipales ? Je
ne saurai vous dire à moins d’être un devin. Ce que je souhaite c’est
que Porto-Novo continue d’être contrôlée par le PRD. C’est mon souhait.
Je souhaite également que Cotonou reste aux mains de forces politiques
opposées à l’équipe au pouvoir. Parce que nous avons vu deux ans de
gestion du pays qui ne rassurent pas grand monde. Les Béninois en deux
ans descendent de leurs illusions, des espoirs qu’ils ont placés dans
l’équipe actuelle. Si vous avez vécu au Bénin pendant ces deux
dernières années il ne vous plaira pas de laisser la gestion d’une
boutique à l’équipe qui est en place aujourd’hui. Si vous avez vu la
manière dont elle a gèré le Bénin en deux ans, dans une précipitation
et dans une impréparation, je pense qu’il ne vous plaira pas de leur
confier la gestion d’une boutique ou d’une cabine téléphonique, donc
par conséquent je ne souhaite pas que Cotonou tombe aux mains du
gouvernement actuel qui n’a pas pu prouver grand-chose au plan national. Je
souhaite que Cotonou soit contrôlée par des forces politiques qui ont
de vraies ambitions pour les Cotonois. Je souhaite que la vitrine de
notre pays soit confiée à ceux qui ont les moyens de leurs ambitions,
qui connaissent Cotonou, qui connaissent un peu les Cotonois, je
souhaite la même chose pour Abomey-Calavi, bref, je souhaite que toutes
ses grandes villes notamment les villes à statut particulier soient
gérées par des gens qui ont une certaine idée de la gouvernance locale
et qui ne mêlent pas la politique à la gestion des problèmes à la base.
C’est pour ça que je pense en tout cas que le PRD doit se lancer dans
la bataille à Cotonou, à Porto-Novo, à Calavi. J’ai
de fermes espoirs, j’ai vraiment la conviction qu’au bout du rouleau,
au bout de ces élections, les Cotonois, les Porto-noviens et les
populations d’Abomey-Calavi auront une équipe
municipale, en tout cas, des maires qui se déploieront complètement à
leur cause, qui essayeront de diriger les villes pas comme le pays à
été dirigé durant ses deux dernières années. Plus
loin à travers votre analyse, on trouve que la gestion du pouvoir
actuel n’est pas une gestion adéquate. Es-ce à dire que tout est
négatif ? Nous avons vu quand même des réalisations depuis
l’installation de ce pouvoir ! Vous avez vu des réalisations, lesquelles ? La
construction des écoles, l’octroi des micro finances, déjà c’es des
actions que nous pouvons mettre à l’actif de ce gouvernement et aussi
nous avons vu des grands chantiers lancés. Même si on nous dit que ces
chantiers existaient bien avant l’arrivée de ce gouvernement au moins
ce gouvernement l’exécute bien. Voilà un peu ce que voit le peuple
aujourd’hui, es-ce à dire que tout cela ne porte pas de fruits ? La
construction des écoles ne date pas d’aujourd’hui, depuis 1960 chaque
gouvernement qui passe essaie de construire des écoles, s’il n’y avait
pas de gouvernement qui ait construit des écoles dans notre pays, on
n’en aurait quasiment pas. C’est pour vous dire que des écoles, on en
construisait déjà, des routes on en construisait déjà autant qu’on le
fait aujourd’hui et plus qu’on le fait aujourd’hui. Je vous rappelle
simplement que les projets OPEP et les projets BID qui déploient sur le
terrain, dans nos villages et dans nos villes beaucoup d’écoles sont
des projets négociés sous les présidents Kérékou, Soglo et beaucoup
d’autres projets. Ca ne veut pas dire que le gouvernement actuel ne
fait rien. Prenez la gouvernance du président Soglo, le président Soglo
a battu tous les records en tout cas de construction de routes. Le
président Kérékou étant à la tête d’un gouvernement qu’on a qualifié
des plus corrompus, les routes se construisaient, les grandes
réalisations de ses dernières années ont été l’œuvre du président
Kérékou. Vous avez dit qu’on qualifiait le gouvernement de Kérékou de corrompu, es-ce à tort qu’on le qualifiait de corrompu ? C’est
sans doute pas à tort. Il y a dans tout gouvernement, de hauts
fonctionnaires corrompus. Autant il en avait, autant, il en a
aujourd’hui. Simplement que les personnalités dites de la société
civile sont de moins en moins neutres. Ils s’intéressent à des sujets
qui n’intéressent pas les Béninois, mais les vrais sujets de
corruption, si vous prenez la gestion des fonds de l’escorte douanière
des véhicules d’occasion, est-ce que vous avez trouvé une organisation
dite de la société civile qui en ait parlé ? Pas une seule. La dernière
fois, Jean Baptise Elias était sur Golfe Télévision, a parlé de tout,
de sujet qui ne le concerne pas, mais sur un sujet aussi brûlant que
celui-là, il n’a pas pipé mot. C’est pour vous dire avant il y avait
des corrompus, aujourd’hui, il y en à encore. Tous les régimes traînent
des corrompus. Le gouvernement du Président Yayi Boni en traîne aussi. Es-ce à dire qu’on n’a plus une société civile dans notre pays ? Evidemment
la société civile, ça fait longtemps qu’une certaine société civile a
franchi le pas de la politique. Toutes les personnalités qu’on
qualifiait de société civile n’étaient que des hommes politiques qui ne
militaient par dans un parti politique, mais qui étaient des acteurs
politiques, qui s’intéressaient aux sujets politiques, mais qui
faisaient croire qu’ils appartenaient à la société civile.
Regardez-les, un à un ils ont franchi le pas, ils ont quitté la société
civile pour entrer dans le gouvernement, soient pour servir le
gouvernement du président Yayi. Alors, il vous reste qui ? Il vous
reste Jean Baptiste Elias, mais qui de plus en plus fait montre d’une
partialité déconcertante. Vous avez vu la dernière fois Monsieur
Ahanhanzo Glélé intervenu sur Golfe télévision avec un tel enthousiasme
à supporter le chef de l’Etat que on n’est fondé aujourd’hui à croire
que la société civile a vécu au Bénin. Certes, il y en a quelques-uns
encore, tel Joseph Djogbénou qui est un des membres de la société
civile qui marque encore son indépendance à l’égard de tous les partis
et courants politiques. Mais tout le reste, vous prenez le professeur
Gbégnonvi, Jean Baptiste Elias, Madame Madougou, M Ahanhanzo-Glélé,
c’est quasiment des membres externes du gouvernement. Même s’ils ne
sont pas au gouvernement, ils se comportent comme des ministres
porte-parole du gouvernement. Selon
vous que faire aujourd’hui pour réveiller une société civile, parce que
sans une société civile je pense que le pouvoir à la voie libre pour
faire tout ce qu’il veut ? Qu’est
ce qu’on peut préconiser, sauf de demander à chacun de jouer son rôle,
vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un d’avoir une couleur politique,
d’avoir une opinion politique, les personnes qu’on créditait
d’appartenir à la société civile, de porter toutes les vertus de la
société civile ont toutes abandonnées le combat civique, le combat
citoyen. Aujourd’hui ils ont embouché la trompette du changement et ont
abandonné leurs toges de membres de la société civile. Il faut
souhaiter que ceux qui défendent encore les mouvements associatifs,
ceux qui militent pour des intérêts non politiques continuent de se
battre pour l’idéal démocratique et continuent d’avoir un combat
citoyen qui ne soit pas un combat politique. On ne peut rien. Même un
encadrement juridique des activités des organisations de la société
civile ne règlerait pas le problème. C’est une question d’éthique et de
conduite personnelle que chacun doit pouvoir respecter. Pour
une première fois dans notre pays, un président en exercice aux
Etats-Unis a été de passage et ceci est à mettre à l’actif de la
diplomatie béninoise. Quelle est votre appréciation par rapport à la
visite du président Georges Bush ? En
tant que Béninois je suis très content et très fier que le président
Georges Bush ait foulé le sol de mon pays. Je suis très content que
dans sa tête, pour le peu de temps qui lui reste à passer à Professeur,
si on avait une diplomatie moribonde Georges Bush ne serait pas arrivé
ici, il faut reconnaître quelque part que le pouvoir en place par sa
diplomatie a fait quelque chose ? Personne
ne nie que c’est à l’actif de la diplomatie de notre pays. C’est-à-dire
de l’invitation que vous transmettez à un chef d’Etat, de la pression
que vous faites sur un ambassadeur pour qu’un chef d’Etat vienne chez
vous, ça si vous voulez on les crédite d’avoir faire suivre le dossier.
Je veux simplement vous expliquer que la visite du président Georges
Bush au Bénin sanctionne dix-sept années de démocratie, dix-sept ans de
travail laborieux des Béninois à soigner leur système politique, à
entretenir leur liberté et à défendre les valeurs démocratiques. Nous
devons la visite de Georges Bush à huit millions de Béninois et à
environ trois chefs d’Etat qui se sont succédés à la tête de notre pays
depuis 1990. Donc ce n’est pas tant le mérite d’un Homme. C’est plutôt
le mérite d’un peuple, le mérite de plusieurs chefs d’Etat qui année
après année, mandat après mandat ont travaillé à ce que la démocratie
survive dans notre pays et ait un sens. Je vais vous dire une chose si
le président Bush avait simplement voulu tenir compte de la vie
démocratique de notre pays depuis deux ans, depuis que le Président
Yayi est à la tête de l’Etat, je peux vous assurer qu’il n’aurait même
pas mis pieds au Bénin. Car, c’est sous le président Yayi que nous
avons connu une régression des libertés démocratiques. C’est à l’ère
dite du Changement que les libertés syndicales ont été attaquées. C’est
avec eux que la liberté de presse a connu un recul jamais connu dans
notre pays, que les douaniers sont attaqués, que les règles
d’orthodoxie même les plus élémentaires de management des actions
publiques sont foulées au pied, que les étudiants ont vu régulièrement
les franchises universitaires violées. Bref, c’est pour vous dire que
le président Yayi, si on doit tenir compte simplement de son action à
la tête de notre pays en deux ans, si le président Georges Bush devrait
en tenir compte, je ne suis pas sur qu’il serait arrivé au Bénin. La
diplomatie américaine a tenu compte de l’œuvre des béninois sur
dix-sept ans, ce qui sanctionne dix-sept ans de démocratie et c’est ce
qui fait la fierté de notre pays. Je pense que la présence de Georges
Bush au Bénin doit permettre au gouvernement actuel de soigner sa
pratique démocratique, de voir comment moins attaquer les libertés
fondamentales et comment moins donner l’impression d’être agacé par la
démocratie. L’histoire
nous révèle quand même que concernant la crise sociale qu’il y a
actuellement, même au temps de Kérékou, on voyait l’université assiégée
par les militaires, on voyait aussi les syndicalistes grevés et que le
gouvernement reste parfois campé sur sa décision. Aujourd’hui parlant
de régression de liberté nous voyons les syndicalistes qui sont
présentement en grève, ils ont la liberté de grève et ils sont payés
malgré tout ce que le peuple aujourd’hui est entrain de décrier, parce
que désormais la grève n’est plus une manière de
revendiquer mais une question d’actualité. Dans ce cas la liberté
est-elle arrachée au peuple ? Si
vous vivez au Bénin depuis deux ans, et si vous avez entendu nos
gouvernants traiter les syndicalistes depuis qu’ils sont en grève vous
constaterez qu’il y a un changement fondamental dans la conception même
de la démocratie par le gouvernement. Ils sont agacés par la
démocratie, la liberté des citoyens les dérange, quand vous êtes contre
eux, ils vous disent que vous complotez contre la démocratie, que vous
voulez mettre le pays à genou. Ils ont dit à l’égard des syndicalistes,
ils ont prononcé les propos les plus indignes des gouvernants, ils les
ont traités, je préfère taire les qualificatifs, mais bref, ils les ont
traités de tous les noms ; les syndicalistes n’ont été jamais été aussi
menacés que depuis l’arrivée à la tête de l’Etat de l’actuelle équipe.
Les étudiants ont eu le même traitement. Ils sont bastonnés maintenant,
ce que nous n’avons plus jamais vu, bastonnés jusqu’au sang sur le
campus. Moi j’enseigne à l’Université d’Abomey-Calavi, je sais de quoi
je vous parle, si vous voulez, vous faites un tour sur le campus et les
étudiants vous en parleront. Jusqu’hier j’entendais le président de Avec
ce que vous venez de dire cela signifie t-il que le PRD a du mal à
intervenir sur les chaînes de télévisions et de radios vu que tous ceux
là sont muselés et ne font que passé le message du gouvernement selon
vous ? Vous sentez qu’il y a un blocage ? Ce
n’est pas qu’on sent qu’il y a un blocage. Je confirme qu’il y a un
blocage au Bénin. Le président Houngbédji a été interdit d’antenne à
l’ORTB (La chaîne de télévision nationale) pour des difficultés de
management qui ont été des difficultés fabriquées, le président
Houngbédji n’a pas pu intervenir sur l’ORTB. Il a voulu faire une
émission pour s’expliquer pour faire connaître le point de vue de son
parti sur les grands problèmes de la nation. L’émission n’a pas pu
avoir lieu. Beaucoup de nos intellectuels, les cadres du Parti, les
vices présidents du parti n’ont plus accès à certaines chaînes de
télévisions ou radios de la place, c’est pour dire qu’il y a un
musellement, un musellement certain, regarder ce qui se passe sur
certaines chaînes où il y a un monologue permanent entre partisans du
gouvernement et ministres. Vous avez les mêmes personnes du
gouvernement, les mêmes ministres du gouvernement qui sont dans un
monologue permanent qui parlent tout seul de la même chose, et pourtant
ça n’empêche pas les Béninois de voir ce qui se fait de bien ce qui se
fait de mal dans la conduite des affaires de l’Etat. Si vous devez donner un conseil au président Yayi Boni et à son gouvernement, quel serait-il ? Je
lui dirai, de prendre le temps de connaître le Bénin, il y a deux ans
qui sont passés et qui peuvent être pardonnée parce que du fait de la
méconnaissance que le président Boni Yayi avait du Bénin, de son
système politique avant d’accéder à la charge suprême. Je lui
demanderai, de prendre le temps pour le temps qui leur reste, de
prendre de recul pour connaître le Bénin et d’interroger les Béninois,
de les interroger sur ce qu’ils veulent, de leur demander quelles
étaient leurs motivations en mars 2006, qu’est-ce qu’ils voulaient
profondément, l’émergence ça veut dire quoi ? Je voudrais leur demander
en fait de faire une introspection, de se poser la question de savoir
ce que les Béninois veulent vraiment et en fonction, d’avoir un
diagnostic sur ce qu’ils offrent aux Béninois depuis qu’ils sont là,
demander leur si la propagande faisait partie des besoins des Béninois
en mars 2006 ? Je ne suis pas sûr. Les Béninois avaient des problèmes
précis et c’est au Chef de l’Etat de refaire en trois ans un bon
diagnostic des problèmes des Béninois et en fonction il trouvera la
solution qu’il faut et surtout d’être un homme à l’écoute de ceux qui
le soutiennent comme de ceux qui ne le soutiennent pas. Je lui
demanderai également d’être un homme au-dessus de la mêlée, de ne pas
souvent utiliser le redressement fiscal comme étant un mode de
gouvernement, comme un mode de règlement des conflits politiques. Je
voudrai modestement invité le chef de l’Etat à éviter toute provocation
vis-à-vis des forces politiques, des syndicats, des corps constitués de
la nation. Nous allons un peu à votre découverte en vous demandant quelle est votre devise dans la vie ? Un état d’esprit Combatif ! Toujours combatif ! Et qu’est-ce que vous aimez le plus qu’on vous fasses ou qu’est-ce que vous aimez le plus dans la vie ? La
sincérité et la fiabilité des autres. Je préfère chez un homme ou chez
une femme, la sincérité et la fiabilité. Si vous n’avez pas ça, je
pense que vous n’avez pas votre place dans la société des hommes. Quelle est cette figure à la quelle vous auriez aimé ressembler ? Nelson Mandela ! Et pour quelle raison ? Pour sa combativité et pour ses grandes convictions, surtout pour sa combativité. Vous connaissez Sonangnon.net ? Et si oui quelle est votre appréciation de ce site ?
Quel est votre dernier mot ? Mon dernier mot est de vous remercier de me donner la parole et vous remercier du travail d’information et d’éveil que vous faites au niveau des Béninois. Je voudrais surtout inviter les béninois à plus de vigilance, surtout par rapport aux menaces qui pèsent sur notre démocratie. J’ai entendu la semaine dernière le ministre de la justice dire sur Radio France Internationale, que le chef de l’Etat et le gouvernement actuel était un gouvernement émergeant, ce qui ne voulait rien dire. Plus grave, le garde des sceaux qui n’est pas un enfant ni un plaisantin, affirme que le gouvernement de Boni YAYI voulait instaurer un Etat fort. J’ai eu très peur, et ses propos sont venus renforcés en moi la conviction que j’avais que le gouvernement que nous avons actuellement ne s’accommodait pas de la démocratie, que le gouvernement que nous avons actuellement est un gouvernement qui est dérangé par la démocratie et la liberté des citoyens. Qu’un ministre de la justice dise qu’ils veulent instaurer un Etat fort, ça fait très peur, vraiment très peur et je voudrais inviter les Béninois à la vigilance pour la défense des droits que nous avons acquis dans le sang, dans la douleur, je sais que nous avons fait des sacrifices suprêmes, moi je n’en ai pas fait, mais j’ai des parents qui sont morts pour ça, des gens qui ont été exilés pendant longtemps pour qu’aujourd’hui nous soyons libres. Donc, je voudrais espérer que nous resterons libres, que nous ferons tout pour défendre notre liberté.
Entretien exclusif réalisé pour SONANGNON.NET par : Berlos Segeste SASSE & Brice MEDETON |
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