"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Affaire du diplomate Noumon en Libye :

Echec de la diplomatie béninoise

28 décembre 2007-In le Matinal
Les derniers développements de l’affaire relative au cambriolage perpétré le 14 octobre 2007 à l’Ambassade du Bénin en Libye, révèlent les limites de la diplomatie béninoise dans sa tentative d’obtenir le dessaisissement de la justice libyenne du dossier dans lequel le diplomate Benoît Noumon est trempé, puis incarcéré au mépris de la Convention de Vienne.

Après avoir déployé beaucoup d’énergie, dépensé des millions de Fcfa du contribuable, et dépêché une légion de diplomates avec à leur tête le ministre des Affaires étrangères, Moussa Okanla, chef de la diplomatie béninoise, tout ceci pour ramener au Bénin le diplomate Benoît Noumon incarcéré à la suite du cambriolage perpétré le 14 octobre 2007 à l’Ambassade du Bénin en Libye, rien de concret n’est encore tombé. Le diplomate continue de limer ses dents contre les barreaux dans une maison carcérale à Tripoli. Pourtant, le ministre des Affaires étrangères revenu d’une mission de près d’une semaine à Tripoli, il y a de cela trois semaines, a annoncé avoir ramené dans ses bagages des résultats concluants. Les autorités libyennes auraient donné leur accord pour remettre le dossier entre les mains de la justice béninoise avec tous les éléments nécessaires. Il est allé plus loin en affirmant sur la chaîne de télévision nationale qu’en vertu des résultats issus des négociations, le diplomate Noumon rentrera avant la fin de l’année. Trois jours séparent du nouvel an, mais l’inculpé est toujours en terra libyenne. Il vient de boucler 64 jours de détention. Que s’est-il passé réellement lors de la mission effectuée par une forte délégation conduite par le chef de la diplomatie béninoise ? Moussa Okanla a-t-il réellement réussi à faire déchanter les autorités libyennes ? A-t-il dit réellement ce qui s’est passé au cours de la mission ? Voilà une série d’interrogations auxquelles le ministre doit répondre. Même s’il n’était pas interpellé à travers ces questions, les derniers développements de l’affaire l’interpellent vivement. Après son passage à Tripoli, le diplomate a été entendu trois fois déjà et doit répondre à une quatrième invitation du juge d’instruction le 4 janvier 2008.L’instruction se déroule autour des mêmes questions. M, Noumon doit répondre, à des questions relatives aux auteurs du coup, ou encore à ses relations avec eux. C’est pourquoi, il y a lieu d’établir que le flou persiste dans ce dossier. Un flou que le ministre doit éclaircir pour dissiper les inquiétudes des diplomates et celles de la famille du détenu. S’il veut s’adonner à cet exercice, la tache ne lui sera pas facile. Car, la suite du dossier risque d’être plus compliquée qu’il le pense. Une chose est de négocier, l’autre est de pouvoir brandir les éléments tangibles des négociations. Aujourd’hui, en lieu et place de ces éléments, c’est plutôt à des indices qui annoncent un scénario obscur qu’on assiste. Dans l’entendement des uns et des autres, le défi à relever par le ministre était de simplifier la situation. Mais, si la justice libyenne s’acharne toujours à enquêter sur l’affaire et si elle trouve à auditionner le diplomate auquel le ministre dit qu’on n’a pas levé l’immunité diplomatique, il y a une maldonne qui entretient davantage l’énigme. La situation n’était déjà pas claire du fait que dans le milieu des diplomates on parle de la violation de la Convention de Vienne de 1861 avec l’arrestation d’un diplomate soumis à des enquêtes policières avant d’être remis à la justice qui l’a écroué. Or, le ministre tient un autre langage. Où se situe la vérité ? Il est sûr d’une chose, dès qu’un diplomate n’a pas encore été rappelé par son Etat, il est couvert par l’immunité et ne devrait être objet d’aucune poursuite. A partir de là, on peut dire où se trouve la vérité. Autre chose, c’est que les autorités libyennes pourraient ne pas respecter ce que recommande la Convention de Vienne. Il appartient donc à l’Etat béninois de faire valoir ces dispositions. Ce qui n’est pas le cas.

Fidèle H Nanga



28/12/2007
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