"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

 Que cache la sortie du ministre Challa ?

02 Août 2007-In La nouvelle tribune-Le ministre de fa santé, Kessilé Tchall, a donné en début de semaine, à la surprise générale, une curieuse conférence de presse sur l'affaire Séfou Fagbohoun. Cette sortie insolite continue d'alimenter des interrogations chez nombre de Béninois curieux de savoir pourquoi cet intérêt subit du gouverne­ment à un tel dossier. Et là-dessus, les langues se délient peu à peu.

Curieuse sortie que celle du ministre Kessilé Tchalla lundi dernier sur le dossier Séfou Fagbohoun. Le ministre de la Santé, lors d'une conférence de presse, a voulu partager avec l'opi­nion la préoccupation du gouver­nement sur l'état de santé, devenu très préoccupant, de l'homme d'af­faire Fagbohoun. Evoquant dans les moindres détails sa situation sanitaire, le ministre est allé jusqu'à redouter le pire pour l'ex-Pdg de la Sonacop.sa, avant de souhaiter « qu'il nous revienne en bonne santé ». Seulement, l'intérêt subit du gouvernement à la santé d'un détenu a de quoi embarrasser plus d'un. Et cette appréhension se jus­tifie pleinement, car à bien y réflé­chir, tout laisse croire que cette sortie inattendue du ministre de la santé est loin d'être innocente. Et pour cause !

Jusqu'à cette fameuse conférence de presse, le gouvernement s'était toujours soigneusement gardé de faire beaucoup de bruits sur ce dos­sier. C'est ainsi qu'aucune raison officielle n'a été publiquement bran­die pour justifier l'admission ur­gente de Séfou Fagbohoun au cen­tre national hospitalier et universi­taire (Cnhu) Hubert Maga. Mieux, lors de son évacuation dans un hôpital parisien, aucun membre du gouvernement n'a jugé utile et opportun d'expliquer aux Béninois ce qui a sous-tendu la décision et les conditions de sa mise en oeuvre. On s'étonne donc que, bien des semaines après cette évacuation, l'on vienne s'émouvoir de l'état de santé d'un prisonnier qui s'est tout le temps révélé très encombrant. Cette réalité amène à s'interroger sur les tenants et les aboutissants de ce regain de sympathie et de compassion du gouvernement. Est ­ce pour le gouvernement un chan­gement de politique dans un dos­sier où il n'en finit pas de s'enliser dans les méandres et les subtilités de la justice béninoise ? Ou bien, le gouvernement craignant le pire pour la santé Fagbohoun, s'empresse de préparer l'opinion pour que cela ne lui retombe pas sur la tête le moment venu. Ou alors, c'est le ministre Kessilé Tchalla lui-même qui, pour une raison ou une autre s'est trouvé dans l'obligation de monter au créneau, histoire de pren­dre les devants d'une nouvelle poli­tique du gouvernement sur le dossier. A en croire des indiscrétions, cette dernière hypothèse ne serait pas sans fondement, dans la mesure où ces sources n'excluent pas l'exis­tence de quelque amitié entre ce der­nier et Fagbohoun. Maintenant, la question reste de savoir 1e sens à donner à « l'irruption » du ministre Tchalla dans le dossier. Est-ce sim­plement pour plaider en faveur de la santé d'un « ami » ou carrément pour jouer les intermédiaires en fa­veur de ce dernier dans 1e dossier Sonacop, où le gouvernement sem­ble déjà aller trop loin ? Dans ce cas, il faudra se demander comment ce ministre, a pu convaincre le président Yayi, si trop bien engagé dans 1a lutte contre la corruption, pour qu'il en vienne à lâcher du lest dans une telle affaire ? .

Alain C. Assogba