"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Affaire vol de cartes d’électeurs et arrestation de militants Rb:

  

Comment Yayi Boni s’est fait piéger

1er avril 2008-In Le Matinal
L’affaire de vol de cartes d’électeurs et les arrestations de présumés coupables qui ont suivi ne seront pas sans conséquence pour l’avenir. Et la descente des barons de la Renaissance du Bénin (Rb) et de leurs militants dans les rues est un signal fort qui justifie l’ampleur de la crise et la suite à donner à ce dossier.

Le président maire Nicéphore Dieudonné Soglo et la présidente de la Renaissance du Bénin ont manifesté publiquement avec certains de leurs membres du bureau politique national du parti et des militants. En réaction à l’histoire de vol de cartes d’électeurs et les arrestations qui ont suivi. Dans la foulée, le secrétaire général de la Rb, le député Georges Bada a même déclaré qu’ils sont dans les rues pour faire la prison avec les militants arrêtés. En dehors des prises de position de Mme Rosine Vieyra Soglo à l’Assemblée nationale, c’est la toute première fois que les barons de la Rb en soient arrivés à se comporter de cette façon. Et il faut se rappeler que Soglo père avait été obligé de faire un certain nombre de déclarations sur la radio Rfi pour marquer ses inquiétudes à propos de ce qu’il a appelé les dérives du pouvoir du changement. Ainsi, on peut dire sans se tromper que la dégradation des rapports entre les Soglo et leur ancien camarade de la Rb Yayi Boni a atteint un niveau critique et il faut craindre le pire pour les prochains jours. Surtout que le dossier de vol de cartes d’électeurs tel qu’il se présente et est géré par les éléments du changement, tend à être un simple montage. Quand on tient compte de l’ampleur de la crise de positionnement, les défections, les contradictions entre les ténors de la liste Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), les résultats catastrophiques qui s’annoncent à l’horizon et les ratés qui les ont empêchés de prendre d’assaut les structures de gestion du scrutin comme ils semblent l’avoir voulu au départ. Alors même que le pouvoir du changement veut à tout prix une bonne quantité de mairie à la fin du scrutin.

Les irrégularités et le montage

Le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), Pascal Todjinou a déclaré à la face du monde qu’il ne s’est pas plaint d’une affaire de vol de cartes d’électeurs. Il semble même qu’il n’y a rien du tout. Mieux, si c’était même le cas, ce n’est pas une autre structure qui a pouvoir à l’annoncer. Pour avoir accusé son collaborateur, le président de la Commission électorale départementale du Littoral, Eloi Djitrinou est allé fouiller dans un dossier sans en avoir les compétences. Et quand on prend en compte le fait qu’il a été désigné par le gouvernement, on est en droit de se poser des questions sur les mobiles de son acte. Surtout qu’il y avait des jours plus tôt, une sérieuse pénurie de cartes d’électeurs dans les bureaux de vote sans que lui, président de la structure ne prenne ses responsabilités au point où c’est son collaborateur direct qui soit obligé d’agir pour sauver les populations du Littoral qui attendent impatiemment de s’inscrire sur les listes électorales. Mieux, Eloi Djitrinou semble avoir fait une fausse accusation puisqu’il n’a aucune preuve pour justifier le vol des 50 000 cartes d’électeurs dont il parle. Le Sieur Marc Doubogan qui a été accusé, a au moins exhibé une décharge qui montre que c’est seulement 11 000 cartes d’électeurs qu’on lui a servi de l’autre côté de la Cena. Ainsi , à défaut d’une autre preuve contraire, on peut bel et bien se fier à cette décharge et à celles que les membres des commissions électorales des arrondissements (Cea) lui ont délivrées après avoir réceptionné leurs lots de cartes d’électeurs pour poursuivre le travail sur le terrain

Des conséquences et des violations des textes

Le manque de précision dans les stratégies, les accusations sans fondements mais aussi et surtout les dernières arrestations annoncent d’autres prises de positions contre le pouvoir du changement. Même dans le rang de ceux-là qui continuent d’être fidèles au président Yayi Boni. Car, on a désormais l’impression, dans certains milieux, qu’on agit sur un simple coup de tête sans un minimum de garantie pour juste faire plaisir au chef de l’Etat et sauver son poste. Et la descente manu militari des éléments des forces de l’ordre dans une maison, sans aucun mandat d’arrêt, ni de perquisition, en violentant tout le monde au passage pour arrêter des citoyens, aura été simplement une mauvaise option qui fait penser à un passé peu glorieux et révolu. Et puis, il y a ensuite le fait qu’un groupe de ces militaires ait assiégé la Cena pour donner leurs ordres à ces membres. En marge du fait que ces membres ont prêté serment devant la Cour constitutionnelle. Dans le cas d’espèce, ils sont autonomes, jouissent d’une certaine immunité et ne doivent pas être inquiétés jusqu’à la fin de l’exercice de leurs activités. S’il doit y avoir poursuites, c’est en leur sein que cela doit se décider. C’est le cas par exemple de l’ancien président de la Cena des législatives passées, Antonin Akpinkoun. Ce sont ses pairs qui l’ont décidé et ont réussi facilement à le destituer. Ils pouvaient par la même occasion décider de le poursuivre en justice. Dans un autre cas, c’est seulement en fin de mandat qu’on peut tenter des actions par contre les membres de la Cena. Et là encore, c’est par l’Assemblée nationale qu’il faut passer et obtenir une majorité relative de 42 députés pour avoir raison. Cependant, il faut préciser qu’au cas où un membre de la Cena se mêle à des affaires floues qui ne concernent pas ses activités, il doit en répondre.

La désobéissance au chef de l’Etat

Le chef de l’Etat, le président Yayi Boni aura été la première victime de la mauvaise option de ses proches. Et d’autres grands échecs l’attendent certainement au sujet de ce même dossier. Ainsi, dans la tourmente le dimanche dernier, les membres de la Cena ont refusé de répondre à son appel. Mais déjà, les Soglo étaient dans les rues avec des militants qui scandaient des slogans hostiles à son pouvoir. La situation constitue un véritable désaveu pour le président Yayi Boni pour plusieurs rasons. D’abord, le membre Rb que les policiers ont arrêté sans un minimum de précaution a été relâché mais la contre publicité qui entoure cette arrestation restera vivace dans les mémoires et on pourrait à tout moment s’en servir pour montrer que le Bénin, de l’ère du changement, ne respecte pas les bases de la démocratie et les libertés essentielles. Ensuite, on pourrait être tenté de balayer d’un revers de main les déclarations de certains proches du pouvoir qui dénoncent depuis quelques jours des tentatives de fraudes par endroits dans le pays. A cause même de la manière dont le dossier de vol de cartes d’électeurs à Cotonou a été maladroitement géré. Et puis, la situation de la nuit du dimanche vient une fois encore donner raison au président Nicéphore Dieudonné Soglo qui, sur la station Rfi, a fait un certain nombre de révélations sur le pouvoir Yayi Boni.

Jean-Christophe Houngbo



01/04/2008
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