"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Appréciation des processus de privatisation :

 les irrégularités dans le dossier Sonapra

L'Autre Quotidien - Les voix ne tarissent pas encore dans la dynamique de dénonciation des irrégularités enregistrées dans la procédure de cession partielle de l’outil industriel de la Société nationale de promotion agricole.

Georges Sinsin, économiste et un des consultants en service à la Cellule d’analyse politique de l’Assemblée nationale (Capan) apporte de l’eau au moulin de ceux qui depuis quelques semaines relèvent les irrégularités enregistrées dans la procédure de cession partielle de l’outil industriel de la Société nationale de promotion agricole (Sonapra). Invité hier dimanche sur l’émission « Ma part de vérité » du groupe de presse « La gazette du golfe », l’intéressé, fort de ses expériences dans le domaine, a reconnu et confirmé la plupart des irrégularités dénoncées jusqu’ici par notre journal. Il s’est surtout interrogé sur le fait que curieusement, le soumissionnaire déclaré adjudicataire a proposé dans son offre financière, le montant correspondant exactement à celui auquel devraient revenir les 45% du capital de la nouvelle société dénommée plus tard Société de développement du coton (Sodeco). Beaucoup d’autres constats en dehors de celui là qui a particulièrement retenu l’attention de l’invité ont donc vicié selon lui la procédure qui a conduit à la constitution de la Sodéco. Alors il préconise dans un cadre beaucoup plus général des privatisation au Bénin qu’il soit procédé à l’ouverture des capitaux en fixant le coût de chaque action de manière à constituer un capital très important. Ceci pourrait constituer selon lui un pas vers la baisse des pressions fiscales.

les responsabilités politiques mises à nu
L’invité de l’émission « Ma part de Vérité » du dimanche sur Golfe Tv a énuméré quelques unes des irrégularités qui ont émaillé le processus de cession de l’outil industriel de la Sonapra. Il s’est entre autres intéressé à la curieuse coïncidence entre le coût de cession de l’outil industriel de et le montant correspondant au 45% du capital de la nouvelle société, la Sodeco. Il a fini par faire des propositions au gouvernement, dont l’ouverture du capital de ladite société, avec la fixation du montant précis de chaque action. Ces appréciations révèlent davantage la pertinence des irrégularités déjà dénoncées et situent dans le même temps les responsabilités des acteurs politiques qui sont intervenus dans le dossier. Il faut que le gouvernement de Boni Yayi explique aux Béninois pourquoi le ministre qui l’a représenté dans la conduite du processus n’a pas cru devoir rester en phase avec lui ? Qu’est-ce qui explique le fait que ce ministre ait plutôt choisi de s’engager aux côtés de l’unique repreneur, au détriment de ses recommandations et des intérêts du peuple ? Celui-ci avait-il, ce faisant, des intérêts politiques à défendre et qui nécessitent de sa part de bafouer à ce point l’autorité du chef de l’Etat et celle du conseil des ministre ? Ces questions continuent de préoccuper les Béninois, surtout devant le silence troublant du gouvernement et de son chef qui ne pipent mot sur une situation aussi grave.
Apparemment, on a le sentiment que Boni Yayi ne mesure pas encore suffisamment l’impact que ce dossier pourrait avoir sur le reste de son mandat, s’il n’y prend garde. Il prépare ainsi sans s’en rendre compte une autre affaire Sonacop qui de tout point de vue, apparemment, pourrait se révéler plus retentissante.
Il n’y a pas d’action sans intérêt. Si les uns et les autres ont décidé de se mettre en travers des délibérations du conseil des ministres, pour sauvegarder les intérêts particuliers, sur une question conditionnant le développement du pays, il doit y avoir des raisons solides. Et pourquoi diantre ne s’en embarrasse-t-il point ?
Pourquoi se refuse-t-il obstinément à situer les responsabilités, pendant que des citoyens ordinaires, comme l’invité de l’émission, s’en émeuvent et apportent leurs contributions à la résolution du problème ? Mais, une chose est certaine, dans son intervention, ce dernier a su démontrer en spécialiste de la question que les vices dont le processus a été entaché imposent à tout prix son incontournable reprise. Autrement, le président Yayi aura prêté le flanc à la naissance d’une autre affaire Sonacop, mais aussi il aura discrédité pour de bon son gouvernement auprès de son peuple. Conséquence, il sera désormais vu comme celui qui viole la charte du gouvernement élaborée par lui-même et qui cautionne le sabotage des intérêts supérieurs de la nation.

Curieuse prise de position des intervenants
Dans le déroulement de l’émission « Ma part de vérité », il est prévu une séquence d’intervention des auditeurs et téléspectateurs. A l’ouverture de cette séquence hier, les intervenants ont presque tous abondé dans le sens de plaider pour le maintien de la Société commune de participation et de l’opérateur Patrice Talon comme adjudicataire des usines de la Sonapra. Cette prise de position et l’unanimisme dans lequel il s’est fait hier sur l’émission paraît d’autant curieux que toute la semaine écoulée d’importantes révélations ont été faites par divers canaux sur les conditions plutôt scabreuses dans lesquelles l’opération a été conduite jusqu’à la constitution de la Sodeco. Le chef de l’Etat a lui-même été le premier à reconnaître ses erreurs en rapportant un décret déjà signé. On devrait donc logiquement s’attendre à ce que ces intervenants comme à leur habitude reconnaissent la justesse de l’acte du chef de l’Etat et l’inviter comme le fait notre journal par exemple à aller plus loin. Mais c’est au contraire qu’on a assisté. Ce qui appelle forcément des interrogations sur les motivations réelles d’une telle prise de position.


Ludovic D. Guédénon & Janvier Zocli
29 Octobre 2007


29/10/2007
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