Le
verdict du procès des 50mille cartes d’électeurs est un véritable
camouflet pour le pouvoir de Yayi. La dizaine de membres de la Cena et ses démembrements, mis en cause dans le dossier, ont été purement et simplement relaxés, faute de preuve, précise le jugement du tribunal. Avec une telle décision c’est tout le montage du régime pour noyer La Renaissance
du Bénin (Rb) et se donner des prétextes pour remettre en cause le
processus électoral, qui s’écroule comme un château de cartes. Yayi et
les siens ont ainsi joué et perdu.
Mais
curieusement, non satisfait de cette débâcle politico-judiciaire, le
gouvernement revient à la charge par le truchement du procureur de la République,
qui interjette appel de la décision du juge. Une nouvelle donne qui
risque de donner une autre tournure à ce dossier qui dans cette
nouvelle phase, pourrait porter les germes fatals à la tenue effective
du scrutin du 20 avril 2008. En effet, la stratégie du gouvernement
pourrait se résoudre à ceci : en faisant appel du jugement du tribunal,
le pouvoir espère sûrement obtenir à terme un revirement de la
situation en sa faveur grâce à un arrêt de la cour d’appel qui
infirmerait la décision du juge du premier degré. La coalition de partis qui le soutient pourrait alors sauter sur l’occasion pour crier victoire et exiger la reprise du processus électoral. Cet objectif se révèle apparemment vital pour le régime en place qui, confronté depuis quelque temps à une fronde socio-politique, qui a fait
chuter la pente de sa popularité a sans doute besoin de temps pour se
refaire son image auprès de l’opinion. Un pari difficil à première vue,
étant donné la proximité des élections et la détermination affichée par
la coalition constituée par les grands partis traditionnels, décidés à
administrer une leçon politique à l’homme du changement, et dont
la côte de popularité ne cesse de monter au sein de l’opinion. Un
véritable paradoxe dirait l’autre. Les vieux leaders politiques
désormais opposés à Yayi ont beau avoir derrière eux un passé pas trop
reluisant, la réalité reste actuellement que Boni Yayi n’a pas réussi à
exploiter à bon escient sa nouvelle politique pour les contraindre à la
retraite. Son management politique et sa méthode de gouvernance ont
plutôt travaillé à les faire ressusciter pour devenir finalement ses
meilleurs bourreaux. L’incertitude de l’issue de ce bras de fer entre
le pouvoir et l’opposition amène à croiser les doigts pour que le pire
ne survienne.
Alain C. Assogba |