Après un an et demi :
Le changement fait regretter Kérékou
30 octobre 2007 -
In La Presse Du Jour-Un an
et demi après l’avènement du changement dans notre pays, des voix commencent
par s’élever pour évoquer une page pourtant déjà tournée : celle du
Général Mathieu Kérékou. Incontestablement, il se dessine que le
« Vieux » reste dans le cœur de nombre de Béninois.
La page Kérékou est tournée mais l’homme reste dans
les cœurs des Béninois. Cette réalité, il suffit de réaliser un petit sondage
pour s’en rendre compte. Et même si la chose ne se dit pas encore à haute voix,
des personnalités, et pas des moindres, confessent en privé, sur fond de
regret, leur hargne d’antan contre Kérékou. « Le changement est en
train de me faire regretter Kérékou », confessait il y a quelques jours un
acteur de la classe politique béninoise dont le moins à dire est qu’il ne parle
pas pour le plaisir de le faire. Comment expliquer une telle situation alors
que le gouvernement du changement ne cesse de multiplier les efforts pour
améliorer les conditions de vie et de travail des Béninois ? Il s’agit là
d’une préoccupation de taille à laquelle il est tout de même aisé de trouver
des explications. En optant pour le changement, les Béninois voulaient en finir
avec certains spectres du passé. Les scandales économiques, la gestion à vue
d’un certain nombre de secteurs clés de la vie économique, la gabegie, le
clientélisme politique. Toutes choses qui devraient induire une gouvernance qui
améliore leur existence. Non seulement ces maux dont ils souffraient semblent
se réinstaller, mais en plus, sinon conséquemment, leurs conditions de vie
tardent à s’améliorer. En dehors de ceux qui profitent directement des
dividendes de leur participation au pouvoir, pour la plupart, ils ont
l’impression que les milliards évoqués presque tous les jours ne leur sont pas
véritablement destinés. On a beau investir des fortunes dans tel et tel
domaines, ce qui importe avant tout pour eux, c’est le ventre. Or, il se fait
que l’inflation est toujours galopante sur le terrain. La conséquence, c’est
que les Béninois ne sont pas aujourd’hui mieux nourris qu’hier. La seconde
explication a trait à la précipitation qui caractérise les prises de décisions
sous le changement. Une préoccupation qui a occasionné tellement d’erreurs au
sommet de l’Etat que certains n’hésitent plus à dire haut et fort que jamais on
n’a assisté à un tel cafouillage sous Kérékou alors qu’on parlait de cacophonie
au sommet de l’Etat. Ce qui paraît dramatique, c’est cette sorte d’insécurité
dans laquelle vivent une bonne frange de citoyens. D’abord, des hommes
politiques qui en réalité ne sont plus libres de s’exprimer ou de poser des
actes que leur reconnaissent pourtant les lois de la république. Ils vivent
d’ailleurs dans une peur permanente qui les réduit au silence. Même quand ils
sont brimés. Autrement, ils sont obligés de dire le contraire de ce qu’ils
ressentent effectivement. L’autre fait illustratif de cet état de chose est la
posture dans laquelle se trouve aujourd’hui le quatrième pouvoir. Un pouvoir
décidé à accompagner servilement le gouvernement dans ses élans propagandistes.
Tout se passe comme si on est retourné au règne de la pensée unique. Autant de
choses qui commencent pas exaspérer et qui donnent de plus en plus l’impression
que le Général Mathieu Kérékou n’était donc pas si mauvais qu’on pourrait le
croire. A aucun moment par exemple, on ne l’a vu interférer dans les
attributions des autres institutions. Au contraire, il s’est évertué à créer
les conditions d’une véritable indépendance de toutes les Institutions de
Euloge
Badou
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