"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Assemblée Nationale ..

21 février 2008 - La Presse du jour

Les erreurs de Mathurin Nago

Les jours du professeur Mathurin Nago sont désormais comptés à la présidence de l’Assemblée Nationale. Son fauteuil est aujourd’hui pris dans une tempête inquiétante. La situation est bien préoccupante. En dix mois, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique du premier gouvernement du Dr Boni Yayi qui a été pratiquement bombardé président de l’Assemblée Nationale, a multiplié des erreurs qui se retournent contre lui. A l’allure où vont les choses, le professeur Mathurin Nago, actuel président de l’Assemblée Nationale risque de rentrer tristement dans l’histoire de la politique béninoise à l’ère du renouveau démocratique. Les menaces de destitution qui planaient sur lui se sont déjà muées en actes concrets. 38 députés au nombre desquels on peut compter ceux qui lui avaient pourtant accordé leurs suffrages sont aujourd’hui à ses trousses. Ils ont enclenché le mardi 19 février dernier la procédure de sa destitution en déposant sur sa table une série de questions auxquelles il est tenu de répondre en 15 jours, conformément au règlement intérieur de l’institution parlementaire. La crise couvait depuis et selon toute vraisemblance, l’action intentée aujourd’hui à l’encontre de Mathurin Nago est tout simplement la conséquence de la manière dont il gère le Parlement depuis bientôt 10 mois. Visiblement, le temps passé par l’actuel président de l’Assemblée à l’hémicycle lors de la 2è législature ne lui a pas permis de connaître les astuces nécessaires pour une bonne gestion des contradictions au sein du Parlement. Le professeur Mathurin Nago a multiplié les erreurs au point où, aujourd’hui, elles se retournent contre lui. On lui reproche en effet de ne pas défendre les intérêts de ses collègues. Pour la plupart des députés, Mathurin Nago manque de solidarité à l’endroit de ses collègues députés. On cite par exemple le cas des députés Antoine Dayori et Séfou Fagbohoun qui ont des démêlés avec la justice et surtout le cas Célestine Adjanohoun à qui les Etats-Unis ont refusé le visa parce que des instructions seraient venues de la Haute Autorité. Ce qui choque dans ce dossier précis, c’est le fait que le professeur Mathurin Nago ait choisi d’effectuer le voyage sans sa collègue. Pire, à son retour des Etats-Unis, c’est avec mépris qu’il a commenté les reproches qui lui ont été faits sur ce dossier.

Grande dépendance vis-à-vis de Boni Yayi

Sur tout un autre plan, on reproche au président Mathurin Nago sa trop grande propension à aller prendre des instructions au Palais de la Marina sur des sujets de l’Assemblée Nationale. Dans ce registre, ses accusateurs font allusion à l’audience qui lui a été accordée par le Chef de l’Etat lorsque l’Assemblée Nationale était bloquée pour la désignation des membres de la Cena. Il ne pouvait en être autrement lorsqu’on se souvient des manœuvres politiques sur fond de procuration et d’humiliation de députés, qui ont conduit Mathurin Nago au perchoir de l’Assemblée Nationale. Il est redevable au Chef de l’Etat et à certains de ses ministres qui ont été les maîtres d’œuvre de ces manœuvres. « Si aujourd’hui, le Bénin ne dispose pas de représentants dans les parlements régionaux, c’est la faute au président de l’Assemblée Nationale qui n’a pas le sens du partage », a déclaré un député membre de la majorité parlementaire présidentielle. Certains députés n’ont même pas hésité à imputer l’enlisement de certains débats parlementaires à la non maîtrise des textes et des procédures par l’actuel président de l’Assemblée Nationale. Allusion est ainsi faite aux nombreuses lois votées par l’Assemblée Nationale et qui ont été malheureusement déclarées non-conformes à la Constitution par la Cour Constitutionnelle. On se souvient en effet du débat sur la loi portant organisation du service militaire d’intérêt public au cours duquel l’honorable Adrien Houngbédji avait évoqué une question préjudicielle. La loi a été votée sans tenir compte de cette question préjudicielle. La suite, vous la savez. La Cour Constitutionnelle a retourné à Mathurin Nago sa loi et c’est toute honte bue que le travail a été repris. La liste des erreurs commises par le professeur Mathurin Nago est longue et on ne saurait occulter les marches et autres manifestations qu’il organise ou fait organiser pour soutenir le Chef de l’Etat. L’Assemblée nationale qui devrait être une institution de contre-pouvoir, comme le prescrit la Constitution,est devenue un organe de défense des intérêts du gouvernement. Les députés ne se retrouvant plus dans ce rôle ont décidé donc d’en finir avec leur Chef. Les jours à venir nous édifieront.

Affissou Anonrin



22/02/2008
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