"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Au feu!

Le « kpayo » et l’émergence

mardi 20 janvier 2009

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 20 janvier 2009

 

Pauvre du commissaire central de Cotonou. Obligé d’assister impuissant aux séances périodiques de ramassage de pauvres hères braisés par la faute du « kpayo ». L’essence de contrebande n’arrête plus de semer la mort. Les coupables ? Surtout pas les contrebandiers que Constant Sossou n’ose même pas nommer ; bien que tous les Béninois les connaissent – plusieurs fois reçus en audience par le chef de l’Etat à la Présidence de la République, s’il vous plait : protocole d’Etat, tapis rouge, honneurs, poignées de mains ; ministres, conseillers techniques du chef de l’Etat et autres fonctionnaires du palais au gardez-vous. Les fins limiers du régime en ont rajouté une couche en positionnant sur les listes électorales du regroupement politique du chef de l’Etat, Fcbe, des ténors de ce trafic meurtrier aussi bien aux législatives 2007 qu’aux municipales 2008. Ceux qui ont vu la violence ayant sanctionné les deux processus électoraux suscités savent qu’il y a de l’expertise de trafiquants en dessous. Le coup de force à l’hôtel de ville d’Avrankou en est une illustration éloquente.

On ne peut reprocher au premier flic de Cotonou de penser à ses épaulettes lorsqu’il se rabat sur des complices imaginaires ; pêle-mêle : les logeurs de vendeurs de « kpayo », les consommateurs, les voisins condescendants. De quoi donner le change. Du cynisme pour conjurer l’accusation d’indifférence. Pour ne pas avoir à passer les menottes à quelqu’un de bien précis surtout pas à des « amis » du président de la République. Tant pis pour les braisés et leurs familles respectives. Les princes du Changement surfent sur une psychologie ambiante dans un pays où des gens sont régulièrement passés au feu pour vol de poulet par une foule en délire ; des misérables délivrés de la souffrance terrestre par les flammes apparaît comme un banal fait divers.

La pauvreté ! Voilà bien un coupable que les gloses sur une hypothétique prospérité partagée ou une lointaine croissance à deux chiffres ne parviennent toujours pas à éradiquer. Elle demeure plus présente que jamais après que le pouvoir ait englouti des milliards en opération d’octroi de micro-crédit. Un débat parlementaire a permis aux Béninois d’entendre de la bouche d’un ministre du gouvernement de la vertu que des intermédiaires se sont enrichis dans cette affaire, au détriment des présumés bénéficiaires identifiés. Or l’extrême pauvreté reste le socle des gestes de désespérance les plus fous. Ailleurs, les jeunes prennent le large à bord d’embarcation de fortune pour aller mourir en mer à la recherche d’un mirage. Au Bénin, l’ultime refuge est le commerce d’un liquide aussi volatile qu’inflammable que l’essence sans aucune précaution.

Le procès en complicité fait aux consommateurs procède de cette manière avec laquelle l’autruche affronte le danger. Si le commerce des produits pétroliers en vrac vient à être reconnu comme normal, la consommation l’est aussi. L’officier de police judiciaire qui incrimine cette consommation sait que sans culpabilité, il n’y a pas de complicité. Au docteur-président de mettre les jeunes au travail, de donner espoir à la vallée de l’Ouémé, grande pourvoyeuse de contrebandiers, de traquer et de punir tous les détourneurs des fonds de micro-crédit, comme il l’a promis à plusieurs reprises pour que le trafic d’essence prenne un coup fatal. Faudrait-il, alors, demander aux sommités de Fcbe si elles consentent à renoncer à la considérable manne financière apportée par les émergents trafiquants d’Avrankou, d’Adjarra, d’Ifangni. Au nom du rempilage de 2011, des Béninois peuvent encore se faire braiser par la faute des vendeurs de la mort.

Mourez par le feu jusqu’à la réélection !!!



23/01/2009
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