"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

La déclaration historique de Cotonou :

Le DANGER POLITIQUE N°1

Arimi CHOUBADE
13 mars

Ils l’ont finalement fait. Houngbédji, Amoussou, Idji Kolawolé et les Soglo en pleine concélébration de la faillite du modèle du changement. Le G13 et Force-Clé en renfort. Il y a bien longtemps qu’un tel attelage ne s’est vu ; 10 ans, 15 ans, 18 ans. Il faut remonter aux états généraux de l’hôtel Plm Alédjo de février 1990. La classe politique dans sa grande majorité (65% du 1er tour de la présidentielle de 2006). Un grand classique désormais de l’actualité politique béninoise, cette représentation du 12 mars 2008 au palais des sports de Cotonou. La solennité du décor, la déclaration, les biscottes, les fanions puis les allégories – celle du pauvre spectateur pris à partie par le mauvais joueur et celle du naufrage collectif de la grenouille et du scorpion.

Sans rentrer dans les détails d’une déclaration largement reprise par la presse nationale et internationale, une conclusion s’impose : le pays est mal géré. Un seul coupable : le docteur-président omnipotent, omniprésent, omniscient. L’incarnation d’un nouvel ordre politique aux allures d’une revanche sur la conférence nationale. Haro sur tous ceux qui refusent de se saborder au profit du grand creuset d’inspiration divine ; qu’ils soient Houézèhoué, Tchoco-Tchoco, Dadjè, Coq jaune ou Relève de qualité.

Une constante cependant, les brûlots à l’encontre du régime se succèdent en se ressemblant. Magistrats, avocats, douaniers, centrales syndicales, G13, tous ont exprimé à des moments donnés des appréhensions liées aux menaces sur la démocratie à travers la marche du Bénin vers son émergence. Une unanimité dans l’inspiration qui commence par inquiéter. Les rédacteurs des différents pamphlets sociopolitiques sur le Bénin « énervant » sont suffisamment pétris d’expérience pour qu’on ne puisse par les accusés de se plagier les uns les autres. Le péril est réellement dans la demeure.

Le bilan du régime du changement ne recueille cependant pas que des flèches. Un illustre orateur ne s’est pas privé de mettre le doigt sur l’effet fédérateur des errements du changement. Cela a eu le mérite de provoquer un réveil de la classe politique. Trop inquiète de se voir fossiliser par les mouvements de soutien, les sectes évangéliques, la société civile rentière et les blancs bec transformés en commis de luxe, elle a préféré le sursaut. La cause justifie amplement les moyens employés. Le pays est mal géré.

Pour le petit peuple, le corps à corps qui pointe apporte un éclaircis sur l’échiquier politique. Deux ans d’unanimisme ambiant ont fini de transformer le pays en une gigantesque foire d’arnaques où seuls les courtisans capables de louanges et de blasphème peuvent s’offrir le beurre. Misère, pauvreté, persécution, tracasserie de toute sorte pour les autres. Les deux Bénin se font face sans se voir. Celui émergent des princes croulants sous le triplement des salaires, des primes de tournées, des marchés douteux. Celui des anti-conformistes exclus de tout, menacés d’être privés d’hôpitaux, d’écoles, de route, de centre de loisirs pour insoumission. Ce dernier Bénin, le plus grand, se visite d’ailleurs à vol d’hélicoptère – la misère est trop insoutenable pour être côtoyée de trop près par un plus-que-Dieu.

De tous les griefs, c’est celui des rapports du pouvoir Yayi avec l’argent et les affaires qui étonnent tous les Béninois. Malgré une proclamation aussi pathétique sur la volonté de lutter contre la corruption et la circulation de l’argent sale.

Le changement n’a pas du plomb dans l’aile, c’est toute l’aile qui est en plomb.



13/03/2008
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