28 novembre 2007 - La presse du jour
La Jeunesse
béninoise marche-t-elle fièrement ?
La
jeunesse ! L’appellation est désormais entrée dans les lieux communs. Les
politiciens l’utilisent quand il s’agit d’élections. La société civile quand il
s’agit de donner une caution morale à leur existence. La Jeunesse béninoise
marche-t-elle fièrement ? Marcher fièrement suppose qu’on a des
convictions politiques, des repères de vie, de l’espoir et de l’espérance. Les
signaux consubstantiels de ces paramètres sont un logement décent, un emploi
rémunérateur, une sécurité sociale. On est bien gêné de ne pas pouvoir répondre
avec fierté à cette interrogation majeure. L’Agence béninoise créée par l’Etat
républicain pour promouvoir l’emploi des jeunes a été pillée, volée, détruite ,
saccagée par la gloutonnerie de cadres formés au rabais, inconscients et
insouciants de l’avenir de la jeunesse contrainte de faire de petits boulots.
On n’est pas si loin des misérables de Victor Hugo : une société sans
repères où l’ignorance accompagne la méchanceté. A 30ans, beaucoup de jeunes se
cherchent et se recherchent autour d’un même radeau, les yeux souvent en
larmes, l’esprit déboussolé. Pour atténuer la pauvreté, ils s’érigent en
dirigeants d’ONG, représentants de partis politiques, militants à tout faire
pour finir par devenir secrétaire perpétuel de pilleurs d’économie. Voyez
celui-ci ou celle-là. Il ou elle tient une cabine téléphonique et gagne 18000F par mois et a loué
une maison dont le loyer lui revient à 8000F. Pauvreté et amour font-ils bon
ménage ? Toujours est-il que le damné de la conjoncture refuse de fonder
un foyer en attendant d’avoir une situation meilleure. A 16 ans, nous étions
contents d’être jeunes. Nous avions beaucoup de rêves. J’ai souvenance de
Oswald, de Germain, de Géraldo, de Adjakou, de Christophe, de Jeannine, de
Judith, de Souleymane, de Junior, de Guy….de Fiacre. A cet âge, chacun rêvait à
son goût. Le rêve n’a jamais engagé le rêveur. Moi, je voulais être
journaliste. Et m’y voilà. Le rêve de plusieurs de mes compagnons ont été
brisés par les aléas de la
Nature, l’insouciance de l’Etat, l’absence de vision claire
pour une orientation réussie des gouvernants de demain. . . Mais si beaucoup
d’entre -nous, enfants de l’Ecole Nouvelle, s’en sortent bien que mal, c’est
parce que l’Etat révolutionnaire a forgé notre personnalité. Celui qui n’a pas
réussi sa jeunesse ne réussira jamais, et bien sûr il regrettera plus tard de
ne pas avoir essayé, puisque tout le monde peut réussir, même si c’est plus
facile pour certains que d’autres. Je ne me montre pas comme un exemple, je ne
fais qu’éclairer un chemin. Après, libre à vous de tourner ... La jeunesse est
la période la plus mouvementée de la vie, car on y découvre les plaisirs. Il y
a d’ abord le premier noël, ensuite le premier animal de compagnie , le premier
bulletin ,la première médaille, le premier baiser. Après commencent les choses
sérieuses : l’autonomie et les responsabilités. On doit avoir de bonnes
notes, remporter des médailles, et tout devient de plus en plus dur au fil du
temps, mais reste toujours aussi passionnant. Puis, on en arrive au premier
amour , les sorties avec les copains, les " teufs " , on avale le
premier verre d’ alcool , qu’on n’ avait jusqu’ à là même pas pensé boire un
jour. Et tout arrive en même temps. C’est à une fête qu’on rencontre cet amour,
et c’est grâce à ce verre qu’on trouve le courage de faire le premier pas.
Toutes ces émotions se mélangent et donnent naissance à la crise d’adolescence,
qui paraît la pire période de la vie, mais c’est pourtant celle où l’on garde
les meilleurs souvenirs. Le proverbe Zoulou n’en dira pas mieux : "
Il faut façonner l’argile quand elle est molle ". Comment garder un
souvenir de quelque chose qui n’a jamais existé ? Voilà le grand défi qui
attend ceux qui s’improvisent " jeunes " pour occuper l’Organe
Consultatif de la Jeunesse
(OCJ).
Herbert
Houngnibo