Bouleversements au Parlement:
La mouvance prise au piège de sa suffisance
Ecrit par Junior Fatongninougbo
mercredi, 28 mai 2008 18:20
La mouvance présidentielle est désormais prise au piège de sa
suffisance et de sa sous-estimation de la force de l'adversaire. Si elle n'y
prend garde, elle finira par subir l'effet boumerang d'un revirement de
situation où la mouvance aura à s'aplatir pour se faire entendre au parlement.
Les députés constituant la force politique en face de la
mouvance présidentielle commencent par prendre du terrain à l'hémicycle pour
finir par dicter leur loi. Longtemps, ceux de la mouvance ont fait croire au
Président de la République
que leurs adversaires d'en face ne valaient rien et n'étaient capables de rien.
Un complexe de supériorité mis à rude épreuve par le boycott de l'ouverture de
la session d'avril 2008. Un nouvel échec pour le Président de l'Institution qui
avait organisé une fête avec faste. C'est à partir de cet instant qu'ils ont
commencé par réaliser qu'ils ont perdu la face. Et comme pour leur dire qu'ils
les tiennent désormais en respect, leurs challengers ont rejeté le rapport du
Président de l'Assemblée nationale qui incarne la mouvance au parlement. Enfin,
pour définitivement en découdre avec le Président Mathurin Nago, ils ont déposé
une proposition de résolution pour enquêter sur sa gestion. La finalité de ce
processus ne doit pas surprendre, parce que le Président sera appelé à déposer
son tablier lorsque la
Commission d'enquête aura conclu à une mauvaise gestion. A
l'image de néophytes en politique, certains députés de la mouvance font la
grosse tête au lieu d'engager des négociations avec leurs adversaires. Ce qui
démontre leur amateurisme politique et les met à nu comme quoi ils étaient des
« mouvanciers » aux pieds d'argile. En politique, lorsqu'on se sent affaibli,
on fait la démarche honorable au lieu de se cramponner dans une autosuffisance
suicidaire. C'est vrai qu'un vice-président l'a compris, mais il n'a pas engagé
la démarche nécessaire en l'endroit du camp d'en face. Pour lui et ses
camarades, le faire c'est perdre sa dignité. La mouvance traînant certainement
des crises de leadership internes, il est bien possible aussi que le départ du
perchoir de Mathurin Nago arrange bien des gens de son propre camp, qui seront
heureux de le voir partir. Car, ce n'est pas compréhensible qu'une destitution
annoncée depuis des mois n'ait pas connu de démarches pour être avortée. Au
contraire, la situation s'est envenimée avec les élections communales et
locales que la mouvance aurait pu utiliser pour amadouer ses adversaires.
Maintenant que les élections n'ont pas comblé les attentes de la mouvance qui a
finalement constaté qu'elle n'était pas forte, la revanche est bien la réaction
actuelle au parlement. L'épilogue de la crise servira inévitablement de leçon
aux pseudo éclairés de la mouvance qui auront conduit à la catastrophe.
Junior Fatongninougbo