Boulimie au sommet de l'Etat :
D’une
majorité à d’autres
jeudi 31 janvier 2008
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 01er février 2008
Il l’a réclamé, la majorité à l’Assemblée
nationale, et l’a presque obtenue. A l’aide de procurations, de serment extorqué,
de pressions. Moins d’un an après, le spectacle se passe de commentaires. Le
G13 cristallise toutes les frustrations constitutives du soubassement du régime
du changement. Même les 35 de
Un gâchis qui n’émeut point le docteur-président.
Il lui en faut d’autres majorités. Dans les communes, à Cotonou, Parakou,
Abomey, Ouidah, Abomey-Calavi, Sèmè-Kpodji, Tanguiéta, Malanville…autant qu’il
existe de commune au Bénin. La course s’engage donc pour la quête de 77
majorités communales. Même s’il faut déloger des femmes au foyer du lit
conjugal à la nuit tombée pour animer une marche de conquête de la mairie de
Cotonou. Ou de transformer des recalés des législatives en adeptes de la
nouvelle religion, celle de Yayi-Dieu.
Difficile de pénétrer le dessein qui motive cette
boulimie débordante. La seule volonté de tester la machine Fcbe en perspective
d’un rempilage en 2011 ? Le syndrome de l’enfant gâté qui réclame tous les
beaux jouets de la maisonnée juste pour les détruire ? Plus bassement, le
goût absolu du pouvoir absolu ? Ou le tout à la fois ? La
grandiloquence trop occupée à tancer les écrivaillons oublie parfois que c’est
aussi son rôle d’exprimer la sociologie du régime autrement que par la course
en avant.
La majorité présidentielle parlementaire n’a
jamais été au-delà de la logique arithmétique 35+13=48 pour faire élire le
bureau du parlement. Personne n’a vu arriver les chantiers législatifs qui
devraient faire courir le champion du changement prétendument porteur de
grandes réformes. Les lois anti-corruption, sur le foncier, la réforme agraire,
la réforme institutionnelle, le renforcement du contrôle budgétaire. Comble de
l’ironie, le pouvoir réformateur a freiné des quatre fers dès l’ébauche de la
révision constitutionnelle amorcée par la représentation nationale. A peine si
les lois existantes bénéficient d’un semblant d’exécution. Les vicissitudes de
la loi portant statut de l’opposition illustrent le paradoxe.
Si le contrôle de l’Assemblée nationale par les
proches du régime est défendable, il n’en est pas de même de celui des
municipalités. Un conseil municipal n’est pas une institution de
contre-pouvoir. L’élu local, dans un contexte de refus de transfert des
compétences et des ressources, n’a que très peu d’impact sur la marche de
l’Etat. Les maires sont astreints à la proximité et au quotidien des
administrés. Contrairement au gouvernement occupé à réaliser les grands
équilibres et les grandes orientations de la nation. Des registres tout à fait
différents de part les dimensionnements et les objectifs poursuivis.
Tant mieux si le chef de l’Etat se plait à
s’occuper des ruelles pendant que les routes inter-Etats sont dans de piteux
états. Que des villages entiers ne disposent pas de la moindre infrastructure
scolaire pendant que le gouvernement s’active à moderniser une seule salle de
classe déjà existante. Que le ministre de l’énergie ventile des promesses de
raccordements électriques dans des cités déjà électrifiées et qui son frappées
de plein fouet par le délestage sauvage. Autant d’efforts gaspillés à l’instar
de cette majorité parlementaire vendangée en l’espace de quelques mois. Ça tire
dans tous les sens.
C’est peut-être l’autre qui a raison :
l’auteur de « gouvernement ventilateur ».
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