"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Au pays de l'émergence :

Quand le Changement sombre

Arimi CHOUBADE
25 janvier

…au lieu d’émerger. Ils sont nombreux, les Béninois qui ne réalisent pas encore comment on est parti d’un immense espoir pour en arriver à une grande déception en l’espace de 18 mois. Pratiquement dans un contexte identique au contexte semblable au ras-le-bol de décembre 1989. À la différence que le régime actuel est issue d’un scrutin pluraliste démocratiquement acceptable. Qu’on soit passé des revendications catégorielles pour tomber de plain-pied dans des considérations existentielles pour la démocratie. Et le « changement » qui se dégonfle telle une grossière imposture mise à nu par un concert de dénonciations.

L’échantillon des contestataires ne laissent aucune place au doute : magistrats, journalistes, avocats, femmes des marchés, médecins, enseignants…et députés. Excepté les marcheurs professionnels dont le profil légal n’est reconnu que par les seuls gourous du palais de la Marina. L’unanimité n’est donc plus à faire sur le constat du recul des acquis de la conférence nationale. Grâce à la multiplication des faits de prince de la part du docteur-président, irrésistiblement emporté par son fameux destin divin.

Après le constat, reste le sursaut. Les violations des libertés publiques et individuelles au Bénin meublent désormais la presse internationale et nationale. Sauf que les meetings au vitriol, les communiqués couperets, les mémorandums incisifs, les murmures d’une population de plus en plus pauvre ou les éditoriaux enflammés ne font ni la croissance économique ni les apports de capitaux extérieurs ni la prime à la démocratie. Le chroniqueur que je suis devrait logiquement se satisfaire d’avoir eu raison très tôt. Mais l’enjeu dépasse largement l’ergo et la suffisance personnelle. Kouchner était annoncé en novembre-décembre 2007 à Cotonou à la suite de Brice Hortefeux. Curieusement, la destination Bénin a disparu des tablettes du périple africain de janvier 2008 du ministre français des affaires étrangères. Sous réserve d’une session de rattrapage d’ici-là. On susurre que le Bénin ne figurerait plus dans la tournée d’adieu de Georges Bush Junior qui connaît pourtant assez bien le quartier latin de l’Afrique pour s’y être rendu sous le règne de Soglo.

Le seul goulot de ce renouveau de la gouvernance attendu et espéré de tout un peuple demeure Yayi Boni lui-même. Tout dépend donc de sa capacité à décrypter les signaux envoyés par ses compatriotes. Ne plaise qu’à lui d’arrêter les frais de la course en tête qui confond propagande et communication, autorité et dérive autocratique, dessein exprimé et effectivité du pouvoir d’achat, vision et programme déroulé sur le terrain. En 18 mois de changement, seule la filière à la Douk Saga connaît un essor considérable. Le docteur-président dépense sans compter – la mouvance Coupé-décalé parleraient de « travaillement » – pendant que les nouvelles sources de recettes publiques se raréfient davantage.

Les cortèges de ministres poursuivent les balades préélectorales à travers les villes et les hameaux avec pour seul objectif de brûler le maximum de deniers publics au détriment de l’étude des dossiers de développement en souffrance dans les cabinets. Courant après les projets et les chantiers laissés par les régimes précédents. Or, derrière chaque rectification de prêt, il faut comptabiliser de longs mois de conceptions, d’arbitrages et de travaux préalablement conçus par les experts des cabinets ministériels à travers une sérénité qu’on ne peut obtenir dans les tournées à répétition.

En espérant que le docteur-président consente enfin couper court à l’hérésie maintenant que lui-même sait que la triche est éventrée et livrée à la vindicte populaire…



25/01/2008
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