"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Fidélité émergente

Le changement et la fidélité conjugale

mardi 3 juin 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 03 juin 2008

 

Les Béninois ne finiront jamais de découvrir et de redécouvrir les vertus incommensurables du régime autoproclamé émergent. Les femmes au foyer seraient désormais plus heureuses de garder leurs maris volages rendus désormais incapables d’entretenir de multiples maîtresses parce que l’argent facile ne circulerait plus. Au début, une boutade à la limite d’une plaisanterie du docteur-président lors d’un entretien avec notre consoeur Annick Balley sur la télévision nationale à l’occasion du premier anniversaire du régime. Un an plus tard, c’est devenu une revendication essentielle du gouvernement, reprise par le ministre de l’Alphabétisation.

L’argent sale qui ne circulerait plus. Soit ! Mais, l’histoire ne dit toujours pas si le docteur-candidat n’a bénéficié que de son salaire de fonctionnaire international lors de la campagne présidentielle de 2006 ou si des vases communicants souterrains ont été mis à contribution. Gbêgnonvi a oublié d’expliquer comment les membres du gouvernement auquel il appartient arrivent à financer les nombreux meetings de remerciement au chef de l’Etat, les marches de soutien, les procurations à l’Assemblée nationale, les marches de contestation de résultats de la Cena.

Ministres, députés, directeurs généraux à la solde du pouvoir ont fait admirer leur dextérité à manipuler des jetons de meeting distribués à tour de bras à des organisations de zémidjans, de femmes et de jeunes durant la campagne des législatives et des municipales. On a vu les procurations lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale. Les municipales révèlent une autre pratique de barbouzes corrompus à travers des disparitions tous azimuts d’élus locaux à la veille de l’installation des conseils municipaux. Juste dans le but de faire balancer des majorités à la recherche d’une vague « cauris » mirifique.

Gbêgnonvi ne dit pas non plus en quoi l’argent public soustrait de tout contrôle budgétaire est plus propre que les rapines de braquages et autres pratiques mafieuses. On est presque sûr qu’une grande partie de l’argent distrait du trésor public par le président Yayi Boni ne sera jamais recouvrez, vu les conditions de distribution des 30.000 fCfa aux femmes dites pauvres en guise de micro-crédit. Et puis la polémique sur la réalité des chiffres communiqués au titre des recettes tirées de l’escorte des véhicules d’occasion est loin d’être tombée.

Avec le recul, on peut reconnaître aux émergents le mérite d’avoir entrepris le contrôle de l’arrogance et de la mégalomanie sur l’ensemble du territoire national. Un processus qui a emprunté à la persécution fiscale, à la déstabilisation des grands groupes financiers préétablis et à la mise sous coupe réglée de toutes les entreprises publiques ou semi-publiques. Une volonté de caporalisation qui n’a pas épargné des sociétés privées avec tout le désordre sociopolitique subséquent dans les télécommunications, les hydrocarbures, les activités portuaires, les micro-finances. Eux seuls peuvent se permettre de pavaner, de distribuer des libéralités sans compter et d’insulter la misère ambiante par le truchement de mondanités extravagantes.

Un mot sur cette référence constante à l’infidélité conjugale qui présente le Bénin comme un pays de dévoyés qui ne pensent qu’au sexe et à l’argent sale. Visiblement, les bondieuseries au sommet de l’Etat ont fait plus de ravage qu’on ne le pense. Au point où les émergents se croient désormais investi de la mission divine de débarrasser le pays de l’œuvre malfaisante des maîtresses et voleuses de maris. Jésus-Christ ou Al Capone ?

La gent féminine a déjà apprécié les 20 avril et 1er mai 2008.

 



03/06/2008
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