"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Boussole du gouvernement YAYI :

 Gestion par incidents

5 mars

Que deviendrait le régime du changement sans les grèves d’enseignants, d’étudiant, de médecins, sans la crise des Gsm, sans le hold-up de Nago au parlement, sans les scènes de ménages avec la Haac, sans la rue en ébullition, sans les délestages, sans la rébellion du G13 ; bref sans les incidents. Une réactivité du pouvoir qui pose le sempiternelle question sur la boussole du gouvernement. Sa ligne de conduite fluctue au gré des événements. L’emploi du temps du docteur-président ? Une succession de visites à la carte, d’audiences propagandistes et de séances spectacles. Du bling-bling comme dirait les confrères du côté de la Seine.

L’instrument de travail de l’émergence est moins le Bénin et ses problèmes structurels que la destruction des adversaires politiques. A croire qu’un gigantesque damier est installé au centre du palais de la Marina et le chef vient procéder chaque matin au bilan des pions matés la veille, et ainsi de suite. Cette conception du changement faire abstraction d’une importante frange de l’échiquier traditionnel. Le Bénin n’émergera que pour les méritants. L’écrasement garanti aux mauvais grains suivant l’un des rites majeurs de la nouvelle religion : Yayi-dieu selon saint Robert de Cakpo.

Le rappel sans cesse des 75% de Béninois qui auraient fait élire le chantre du changement (deux ans après le sacre de 2006 et 3 ans avant la prochaine présidentielle) rentre certainement dans l’élaboration de la philosophie dominante à la grande cour. Une épuration caractéristique de toutes les bondieuseries d’Etat. Il ne se trouve personne dans le sérail pour rappeler aux ayatollahs du changement que le Bénin est un et indivisible. Et qu’il ne peut y avoir de prospérité pour la Fcbe s’il n’y en a pas pour la Rb, le Madep, le Psd, le Prd ou l’Upr. Quoi qu’en pense les puristes très experts dans la détection des patriotes d’une part et des apatrides d’autre part, tous font partie de la nation décadente dont le docteur-président se propose d’emmener vers le bonheur.

Que reste-t-il finalement des objectifs du mandat si les adversaires devaient capter toutes les attentions des nouveaux princes ? À moins que la critique récurrente sur l’absence de repères ne soit vérifiée. Ce qui explique le défaut de structuration à propos de chacune des initiatives du gouvernement. Une sorte d’attrape-malheur dont les dégâts se chiffrent en de dizaines voire des centaines de milliards de perte pour le trésor public.

Au lieu de faire promener des ministres et des conseillers de nuit dans les mosquées en quête de prière de protection pour le régime, ce dernier ferait mieux de faire attention aux endroits où il met les pieds, à défaut de disposer d’une boussole. Cela lui éviterait cette posture de l’ivrogne débarqué dans une boutique de porcelaine à chacune de ses initiatives de cascadeur suicidaire. Les Béninois étaient tranquille lorsque leur gouvernement décidé de les prolonger dans une nuit noire de la communication au motif qu’il faut assainir le secteur et faire rendre gorge aux opérateurs Gsm. Plus d’un an plus tard, bien malin celui qui détient le moindre détail sur les dessous de la remise en service des mêmes opérateurs suspendus quelques mois plus tôt.

Le coup de force de Nago, la crise autour de la Cena et les provocations gratuites des préfets en cette veille d’élection donne une bien bonne caricature de cette gestion par incidents successifs. L’impasse actuelle est loin d’être une guigne ou un quelconque sort maléfique jeté par un adversaire politique.

C’est la méthode !



05/03/2008
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