Editorial de l'ABE
Avrankou nous interpelle
Si, au Bénin et à cet âge
avancé de notre expérience démocratique, il ne nous restait qu’à faire comme
les autres, il s’observe que les dernières échéances électorales et leurs
résultats par maints endroits contestés alimentent ce regain de violence en
nous Béninois, plus que chez les autres. Et il vaudrait mieux s’entendre dire
que les Béninois n’aiment pas le Bénin plutôt que de continuer à croire qu’au
détriment des autres, Dieu aime le Bénin.
Déjà mardi 3 mai 2008, à Avrankou à la suite de Glazoué,
Sèmè et autres localités qui donnaient le ton des échauffourées
postélectorales, le débat, dorénavant, a déserté le forum. Et, nous en venons
aux mains. D’un mardi noir à un autre, le 10 juin dernier, ce village aux
frontières de l’Ouémé aura récidivé, pour de bon. Mais, dans cette avalanche
d’agressivités qui nourrit la crise autour de l’installation des conseils
communaux, il n’est pas de doute que, mus par une assurance de violence, des
leaders politiques se soient servis d’Avrankou. De part et d’autre du spectrum,
ils donnent l’impression de s’enfoncer dans une dynamique mortifère sans
pareille. Pourquoi Avrankou, et pourquoi pas Cotonou, Abomey, Porto-Novo ou
d’autres communes concernées aussi par des recours devant
En dictature de la force contre la force, au mépris même
des mécanismes de dialogue démocratique, les uns et les autres se refusant à
leurs échecs mal escomptés, avec la perte de crédibilité vis-à-vis des
institutions et des processus, tout ceci était prévisible. Car, loin du Bénin
des élections, où un Yayi et un Houngbédji étaient honorables, l’un victorieux
respectueux, et l’autre galant perdant, nous en sommes arrivés aux jungles
d’Avrankou, Glazoué… et dire que nous rêvions du changement. Cela aurait
vraiment changé ainsi. Tellement changé que le Bénin se défigure...
Quoiqu’il advienne, à l’ère d’une telle flambée de barbarie
politicienne préméditée, planifiée et préfinancée par qui n’ignorent pas
eux-mêmes qu’ils en sont les vrais commanditaires, c’est maintenant que
d’autres forces – religieuses et sociales en l’occurrence, si celles-ci
existent encore et ont de l’autorité – doivent agir. Elles doivent agir, même a
contrario de leur position du moment, de leurs excentricités institutionnelles,
en forces de dissipation des empires du mal qui s’installent et s’entretiennent
contre tous. Et qu’elles agissent alors, de peur que le Bénin continue de
défigurer l’emblème de sa démocratie. Nous avons semé les graines de la
violence, et il ne sera pas dit que les faits ne nous auront pas avertis !
Abbé André S. Quenum
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