Cabinet du Ministre Christine Ouinsavi :
Entre régionalisme, tribalisme, et sectarisme
22 octobre 2007 -In la Presse du Jour - Les syndicalistes attendaient la formation du Cabinet du Ministre en charge de l'enseignement primaire, de l'alphabétisation et des langues nationales. C'et fait depuis quelques jours. Comme l'a si fièrement annoncé la voix rauque du porte-parole du gouvernement, reprenant ainsi le communiqué du conseil des ministres de fin de semaine. On pourrait -l'actualité nous y contraint- analyser une onde de choc sur la litanie de revendications des syndicalistes. C'était un roman de gare….. Un cabinet, le placement des cadres aux responsabilités ne sont pas le fait d'une consultation d'excellence. On le sait. Les nominations sont politiques. Le Président, sous le couvert du Ministre, a placé les Béninois qui répondent le plus à sa vision d'émergence. La compétence n'est pas toujours la chose la mieux partagée. Au cabinet de Madame le Ministre, on a assisté à de la salsa septentrionale. La constitution ne l'interdit guère. La musique, comme pour se rendre assez douce à l'oreille qui voudrait l'entendre, réajuste son refrain, ses sonnets. Qu'il soit ou non l'ultime volet de la saga sectaire du changement dans le domaine de l'Education de base, nous devons l'analyser, sans fouiller dans les détails d'une option suicidaire, en mesurant son onde de choc sur la res publica. Ce n'est pas la Démocratie qui est source de désordre et d'entraves au progrès social, mais la mauvaise gouvernance et la discrimination dans le partage des richesses et l'utilisation des ressources humaines. Dans le cas précis du Ministère de l'enseignement primaire, des cadres aux compétences douteuses se sont réfugiés derrière les verres du rapprochement linguistique, pour tenter de se faire une place auprès du Ministre de l'enseignement primaire. Ils y sont parvenus ; surtout celui qui passe pour être le neveu ou le frère du Président, auteur et cause du malaise dans ce ministère. Il a retrouvé ce qu'il voulait. Ce pourquoi, il tentait de tanguer le cabinet ministériel. Le Ministre ne gèrera le ministère que par procuration. C'est d'ailleurs la caractéristique essentielle du régime. Tout se fait par procuration, même chez les journalistes. Le résultat, on le sait. La médiocrité s'installe et le tout finit par la dictature. Pourtant, des exemples africains de cohésion sociale ne manquent pas. Le Burkina-Faso, le Ghana, le Botswana et l'Ouganda font partie de ces pays que la presse internationale cite en exemple de mariage réussi entre la Démocratie et l'unité nationale. D'indéniables progrès ont été réalisés dans ces pays, par la seule volonté politique des dirigeants et la mobilisation, sans discrimination, de toutes les ressources nationales. En une seule décennie, ces dirigeants ont apporté la preuve que la promotion des cadres, basée sur la compétence, l'intégrité, "l'homme qu'il faut à la place qu'il faut" et la gestion des ressources humaines dans l'intérêt général, permettait de réaliser un véritable miracle économique. Tous ceux qui ont visité ces pays, les yeux ouverts, en sont revenus convaincus. ….. Pour l'histoire, retenons que le Ghana de Jerry Rawlings opta pour le pragmatisme politique en refusant tout alignement idéologique. .. Les incompétents sont remerciés ou réorientés. Les promotions sont désormais basées sur les critères d'efficacité : l'homme qu'il faut à la place qu'il faut (the right man in the right place). La volonté politique de sortir son pays de la misère ne souffrit la moindre tergiversation ou état d'âme. Madame le Ministre, veuillez introduire cet éditorial en guise de communication en Conseil des Ministres pour cause d'utilité publique.
Herbert Houngnibo