"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Chronique de Sulplice Oscar GBAGUIDI

Bêtises de ministre

 

Lorsqu’un ministre s’offre en spectacle sur une chaîne internationale, on ne peut que rire avec aisance et abondance. ’’Le rire, disait Rabelais, est le propre de l’homme’’. Le concert de casserole organisé sur les ondes par le garde des sceaux, ministre de la justice et de la législation et des droits de l’homme n’a pas fait salle comble mais les odeurs des éructations ont rapidement et massivement pollué l’environnement mondial. Amusons-nous avec Gustave Anani Kassa.

Monsieur le ministre commence tout d’abord par qualifier le gouvernement du Dr Boni Yayi de ’’gouvernement émergent’’. La curieuse ignorance de Kassa interpelle l’élite béninoise. Soit, il n’a rien compris de la vision du chef de l’Etat où il fait une mauvaise blague. Un gouvernement qui émerge ne saurait le faire que sur le dos du peuple. Ainsi, Kassa et ses collègues ministres pourront émerger en pillant l’économie nationale. Le garde des sceaux confond gouvernement émergent et pays émergent. Le peuple est averti. Le méli-mélo verbal est inquiétant et Boni Yayi devrait exiger une excuse publique de son ministre. Kassa vient d’apporter la preuve que même des membres du gouvernement comprennent en diagonale le concept de l’émergence collé au changement. Les cigales du régime piétinent les principes de l’idéologie de la nouvelle ère.

Mais le gaffeur du gouvernement monte d’un palier dans sa gaucherie et parle d’un ’’Etat fort’’. Anani Kassa choisit ce mardi 19 février, le jour où le dictateur Castro se retire du pouvoir, pour développer la sinistre théorie ’’d’Etat fort’’. Et ses propos coïncident aussi avec le 18ème anniversaire de la conférence nationale. La double coïncidence explique la gravité de la maladresse ministérielle. C’est un euphémisme de dénoncer cette stupidité du poulain en errance. Le ministre de la justice a perverti la vision du chef de l’Etat. Pauvre Kassa !

Et dans le florilège de ses gaffes, le patron de la justice évoque la construction des tribunaux dans les communes et les arrondissements. Et voilà le ministre de la justice qui confond tribunaux et boulangeries. Cette vocation de transformer le pays en champs de tribunaux me paraît cynique car les populations ont plus besoin de pain que de décision de justice et l’idée ruminée ressemble à une incitation aux conflits et litiges. Ce sont souvent les médiocres connaissances ou le zèle politique qui amènent à faire des erreurs factuelles des fautes de goût et à gaffer. L’ancien président américain, Ronald Reagan réputé pour ses déclarations irréfléchies explique par exemple à la presse qu’on peut rappeler un missile une fois lancé. Il avait affirmé que les arbres provoquent plus de pollutions que les automobiles. Une déclaration qui avait poussé les étudiants à revendiquer un programme gouvernemental de déboisement. Mais les gaffes de Reagan étaient expliquées par l’âge du président élu pour la première fois à 69 ans.

Le ministre Anani Kassa est jeune et supposé cultivé, contrairement à l’acteur de série B de film western, qu’on ne saurait lui prédire la maladie d’Alzheimer. Mais en s’adonnant à un exercice bêtifiant, il a pris un gros risque. Ses déclarations pompeuses injectées à la face du monde sont de nature à mettre à mal les efforts du Dr Boni Yayi pour vendre l’image du pays et le conduire à l’émergence.

La sortie médiatique ratée du garde des sceaux est la moisson de l’impréparation et de l’agitation fébrile actuellement en vogue. Mais comme le ridicule ne tue point, certains griots mal inspirés de notre temps, s’abreuvent dans un océan d’incantations incohérentes. Il est simplement à craindre que la sinistre notoriété des gaffeurs du régime dépasse les frontières nationales. Au lendemain de la visite historique du président américain à Cotonou, la démocratie béninoise cotée à Wall street n’a pas besoin de la gasconnade nuisible de faux prélats du régime. Que certains partisans du chef de l’Etat nous épargnent de leurs discours ennuyeux et agaçants. C’est aussi vraisemblablement le vœu de Boni Yayi.


Sulpice O. Gbaguidi, 21 février 2008



22/02/2008
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