"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Comment le gouvernement a béni l'émeute de Glazoué

 

Violence électorale suite à la mort de Djim Atchikpa 

 

Lundi, 14 avril 2008 08:20

La ville de Glazoué a connu le samedi 12 avril 2008 des heures chaudes
au cours desquelles certains individus ont tenté de mettre à feu et à
sang dans la localité. Une manifestation inhabituelle qui, il faut avoir
le courage de le dire, a reçu la bénédiction de hautes autorités de
notre pays décidées à en découdre avec le G13 de Edmond Agoua.
La commune de Glazoué a évité de justesse le pire ! Visiblement les
dieux Idatcha et Mahi veillaient au grain. Disons-le net : ce qui s'est
passé samedi dernier est purement politique et n'a aucune connotation
ethnique. Que ce soit à Glazoué même ou dans les autres localités de la
commune, populations Idatcha et Mahi continuent de collaborer
parfaitement comme si de rien n'était. Il faut passer au crible de l'analyse
objective les faits pour toucher du doigt la vérité. Retour donc sur les
faits.
Vendredi 11 avril 2008, la nouvelle de la mort par arrêt cardiaque du
maire Djim Atchakpa se répand dans les Collines. Dans son village natal
Sowé, certains ont tôt fait de doigter le député Edmond Agoua comme
responsable de cette mort. Une telle accusation simplement parce que deux
forces politiques rivalisent sérieusement sur le terrain : le G13 et
Fcbe dont le défunt est d'ailleurs le candidat. Déjà dans la soirée de ce
vendredi, l'information est sur plusieurs lèvres que le lendemain,
allait se produire quelque chose de grave contre tous ceux qui
supportaient Edmond Agoua et son G13 et c'est là où se situe le hic. Des
responsables de ce pays au plus haut niveau sont mis au courant de la situation
qui annonçait un affrontement entre forces Fcbe et G13. Est-ce que des
dispositions pratiques ont été prises pour empêcher cela ? Nous ne
saurons le dire, même si ce qui s'est passé le lendemain démontre bien que
rien n'a été fait pour prévenir l'incident. Le samedi 12 avril 2008,
aux environs de 8 heures, les manifestants venus de Sowé, Magoumi armés
de fusils et de bâtons réussissent à rallier Glazoué. Sur le champ, ils
bénéficient de l'appui d'autres manifestants qui étaient sur les lieux.
Ainsi commence la chasse aux supporters du G13. Le domicile de Isidore
Obossou est saccagé à Glazoué. A Sowé, c'est Aron Adaaou du G13 qui
  fait les frais de la furie des manifestants. La maison de Yessoufou
Bouraïma, candidat G13, tête de liste de Sowé, arrondissement du maire
défunt, est incendiée. A Glazoué, les manifestants saccagent le siège de
radio «Collines Fm» de Edmond Agoua et mettent complètement feu à la
boutique de vente d'appareils cellulaire de Jean-Marie Kpotounfin
communément appelé Djombon, également candidat G13. Ils se dirigent enfin vers
le siège du G13 à Glazoué où ils saccagent tout sur leur passage,
obligeant candidats et militants affichés du G13 à fuir de la ville.

Le flou

Dans le déroulement de ce feuilleton, il y a des faits qui poussent à
se demander si les manifestants n'avaient pas de soutien dans l'ombre.
Le premier, c'est que, très tôt, les forces de l'ordre renforcées par
des éléments venus de Savè, Dassa, Savalou et même de Cotonou avaient la
possibilité de maîtriser les manifestants et semblaient d'ailleurs
avoir réussi à le faire. Mais entre 9h et 12h15, il y a eu comme un
laisser-aller total et c'est en ce moment que les manifestants, se croyant
tout permis, ont accompli le pire. Certains menaçaient presque les
gendarmes et les agents de police. Dépassé, l'un d'eux a dû dégainer
occasionnant des blessés graves. De sources policières, on apprend qu'il y a eu
au total cinq blessés. Il y a trois semaines, le chef de l'Etat était à
Glazoué pour appuyer sa liste Fcbe. Le discours tenu à cette occasion
était, de l'avis de beaucoup d'observateur, loin d'être un message de
paix. Heureusement qu'il y a des cadres de la localité comme François
Dègbèlo, Nicaise Fagnon et bien d'autres qui ne cessent de prôner la paix
entre deux communautés qui n'ont rien à voir dans l'émeute de samedi
dernier. Une émeute aux dessous politiques qui a fait un mort au finish.

Paix à l'âme de Djim Atchikpa

Le maire défunt pour les populations de Glazoué, toutes tendances
confondues (Idatcha comme Mahi), est un homme de grande probité. Les mots ne
suffiront pas pour traduire exactement la nature de Djim Atchikpa,
celui-là qui a dirigé la commune de Glazoué durant les cinq dernières
années. Au début du processus de décentralisation, rien ne présageait de ce
que la commune de Glazoué, l'une des moins nanties du Bénin, allait
tenir le coup. Il y a, en tant qu'humain, fait ce qui était de son
pouvoir. C'est dommage que les manifestants de samedi dernier veuillent
souiller l'âme de cet homme de paix qui, depuis quelques jours, présentait
des signes de faiblesse. Une situation qui peut s'expliquer par les
tracasseries politiques avec leurs cortèges de déception. On annonce
également que Djim Atchikpa s'apprêtait à faire valoir ses droits à la
retraite. Deux situations qui peuvent amener un homme à connaître une chute
de tension. Ce qui est certain pour le moment, c'est qu'il a succombé
des suites d'un arrêt cardiaque.
M-R.M

 



14/04/2008
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