"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Constitution des ensembles politiques au Bénin :

Fondements et faiblesses

     
Écrit par La Nation du 09/01/208   

La prescription légale en matière de fondement des partis politiques au Bénin est souvent contournée par leurs fondateurs. Les textes sont allègrement violés et les partis sont gérés comme un bien personnel par les leaders. La question se pose aujourd’hui de savoir si nous avons réellement des partis en règle vis-à-vis de la loi dans notre pays.
  
La charte des partis politiques de notre pays stipule en son article 5, deuxième alinéa que : « Aucun parti politique ne peut fonder sa création et son action sur une base et/ou sur des objectifs comportant le sectarisme ; l’appartenance exclusive à une confession, à une philosophie, à un groupe linguistique ou à une région, l’appartenance à un même sexe, à une ethnie, à une association de développement ou à une ONG ».
Mais à voir de près, la plupart de nos formations politiques actuelles ont, à leur création, violé un peu ces prescriptions. Il faut reconnaître qu’à la naissance de ces formations politiques, on observe toujours des affinités soit ethniques, soit régionales, ou associatives, et linguistiques. Pour masquer ces affinités, les fondateurs ont souvent recours à membres fondateurs choisis de force ou démarchés sur place.
Cette situation est due au contexte dans lequel nos partis sont fondés. Hormis les anciens partis comme le PCB et quelques autres qui avaient une existence secrète avant la conférence nationale des forces vives de la Nation, la plupart des partis politiques sont nés à la veille ou au lendemain de ces historiques assises qui ont favorablement joué sur le destin politique de notre pays.
En effet, pour participer à ces assises, nos cadres et politiciens ont constitué à la hâte des partis pour se faire enregistrer. Ainsi, les vieux réflexes ont resurgi, car des formations anciennes, datant d’avant la révolution, sont revenues sous leurs appellations anciennes. On peut citer l’UDD ; le PNDD ; le PRD.
Ainsi pour gagner les élections, les politiciens s’appuyaient sur leur région, leur département, leur ethnie. L’essentiel en ce moment était d’avoir un fief, et pour y arriver, il fallait rassembler le plus grand nombre de ressortissants afin que les populations leur accordent leurs suffrages. Ainsi, les fon et assimilés votaient pour les fon ; les goun et assimilés votaient pour les leurs ; les dendi et assimilés votaient aussi pour les leurs. Il en est de même pour les adjas. Mais contre toute attente, en ce moment, nous avons eu l’une des meilleures Assemblées nationales de notre histoire. Les Béninois en ont gardé un très bon souvenir.
Mais malgré l’apparition de la charte des partis politiques au Bénin, rien n’a changé, les critères de regroupements sont demeurés les mêmes. En exemple, on peut citer le cas OLATEJU devenu MADEP. Ces situations n’ont pas permis aux partis politiques de jouer pleinement leur rôle et les empêchent, du coup, de devenir des partis nationaux. Situation qui rend difficile la conquête du pouvoir.
L’Etat, pour mettre fin à cela, doit pouvoir trouver des mécanismes pour encourager les partis qui réussissent à faire élire des représentants dans des ères linguistiques qui ne sont pas les leurs. Et surtout trouver également des mécanismes pour que les partis cessent de naître à la veille des échéances électorales.
L’autre danger est que la plupart de nos partis existants au Bénin sont financés par des individus, donc la notion de conviction politique n’existe pas au sein des militants et, du coup, nos partis ne peuvent jouer leur rôle, celui de l’éducation civique des citoyens. Ainsi, les prises de décisions au sein des partis ne sont pas démocratiques. Tout se fait au nom des militants, s’ils existent. Rares sont les partis politiques au Bénin où des primaires internes ou des consultations sont organisées pour désigner les candidats ou définir la position du parti face à une question d’intérêt national. Tout ceci, parce que nos partis politiques n’ont en réalité pas d’adhérents réels. Le phénomène d’achat de conscience fait que les citoyens sont membres de presque tous les partis à cause des prébendes offertes au moment des échéances électorales où le plus généreux a plus de chance de gagner.
Donc, la gestion de nos partis politiques au Bénin n’est en réalité pas faite de façon démocratique et les grandes décisions sont prises et annoncées par les leaders de ces partis. Dans ces conditions, il va falloir plus d’honnêteté de la part de nos hommes politiques, pour que les résultats obtenus à l’issue des échéances électorales le soient du fait de la conviction réelle des citoyens.
 

Pintos GNANGNON



09/01/2008
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