Contre le PRD
Il ne manquait que le goulag
lundi 15 décembre 2008
Arimi CHOUBADE
De nouvelles quintes de colère dès
la publication du prochain rapport d’Amnesty-International. La publicité que
s’est tapé le régime du docteur-président à l’occasion de l’enlèvement à la
soviétique du sieur Barthélemy Gandonou, membre influent du Prd ne pouvait
échapper aux défenseurs des droits de l’homme. En pleine commémoration du 60ème
anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme et du 18ème
anniversaire de la constitution béninoise. Deux célébrations cumulées que la
soldatesque émergente a voulu marquer d’une manière spéciale : arrestation
clandestine d’un « opposant » employé municipal à Porto-novo, sans
mandat suivie d’une déportation. Cet acte-là, le très patriote Roger Gbêgnonvi,
généralement ulcéré par les mauvais rapports à propos du respect des droits de
l’homme dans son pays, préfère ne pas le voir.
On savait, le régime capable de tout
sauf de la faculté de fabriquer des meurtriers en l’absence de tout meurtre.
Toute considération politicienne mise à part, le crime pour lequel il y aurait
enquête ayant conduit à la déportation du sieur Gandonou n’a jamais existé tout
comme n’a jamais existé une victime encore moins une plainte. Le regretté
Latifou Latoundji pour lequel la flicaillerie s’est déchaînée repose en paix au
cimetière musulman de Porto-novo sans qu’aucun de ses proches n’ait demandé une
autopsie. Ce qui suppose qu’il s’agit d’une mort naturelle. Il n’y a qu’avec la
police béninoise sous le gouvernement du Changement qu’on puisse trouver un
coupable à un mort naturelle. On est passé de la présomption de culpabilité –
qui constitue déjà une grave violation des droits de l’homme – à la logique du
crime présumé voire imaginaire.
Tout officier d’état civil sait
qu’une enquête criminelle commence par la recherche des faits constitutifs du
crime. Dans le cas d’espèce, il fallait solliciter auprès d’un juge une
autorisation d’exhumation du corps de la victime supposée. Ensuite le recours
au service d’un médecin légiste permet de déterminer les causes exactes du
décès. Alors seulement, le juge peut décider de la poursuite des enquêtes qui
devraient aboutir éventuellement à des arrestations dans les règles de l’art.
Une démarche empruntée par la famille Nahum lors du décès controversé de
l’ancien député Eléazar Nahum. Ce n’est d’ailleurs pas d’un cours de droit dont
les flics du Bénin ont besoin.
Cerise sur le gâteau, lorsque
quelqu’un se fait arrêter clandestinement sur son lieu de travail à l’insu de
ses supérieurs hiérarchiques et collègues. Roger Gbêgnonvi ferait mieux de
révéler à l’opinion publique internationale la destination première réservée à
l’employé municipal enlevé et ce qui serait advenu si ses camarades du parti
n’avaient pas donné de la voie. Cela pourrait servir d’éteignoir aux
informations faisant état d’une résurgence des camps de détention arbitraire et
de torture comme au bon vieux temps de la révolution marxiste-léniniste. En
attendant, de nombreux Béninois serait curieux de connaître les détails des
séjours du député Issa Salifou, du journaliste Jean-Christophe Houngbo de Le
Matinal et du douanier Sékédé dans les locaux du tristement célèbre Petit
Palais qui n’est rien d’autre que le siège du cabinet militaire du chef de
l’Etat. C’est déjà sous Yayi qu’une personnalité politique a été enlevée de
chez lui sur simple réquisition manuscrite du directeur de cabinet du chef de
l’Etat pour se voir libéré au bout de deux ans à la suite d’un non lieu
confirmer en appel et en cassation. Comment ne pas faire le parallèle avec le
Togo qui a cru bon abolir la peine de mort en commémoration aux 60 ans de la
déclaration universelle des droits de l’homme pendant que le Bénin émergent
choisi de faire parler ses goulags ressuscités ?
La dérive à plein nez.
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