CRISE POLITIQUE GENERALISEE:
Hebdomadaire Catholique: Justice - Vérité -
Miséricorde
A mi-parcours du mandat de l’ère du
changement, le Bénin est pris de cours par une
crise économique et politique généralisée. Face à cette crise qui devra
perdurer de part sa nature, ministres, députés et autres acteurs politiques
demeurent empêtrés dans leurs querelles politiciennes, conduisant tout
doucement le peuple vers une impasse.
Une première session ordinaire parlementaire 2008 falot. Trois mois
d’errements et d’intrigues politiques à l’assemblée nationale sans le vote de
la moindre loi, sur un fond de menace persistante de destitution du président
Mathurin Nago. On croyait en être à l’une des étapes les plus inquiétantes de
la situation politique actuelle quand le gouvernement à son tour donna dans la
nuit du mercredi 9 juillet un signal des plus désolants. Au cours d’une
émission télévisuelle animée par Annick Balley sur la chaîne publique de
télévision (ORTB) sur le thème de la cherté de la vie, le ministre de
l’économie et des finances, Soulé Mana Lawani, le ministre de l’industrie et du
commerce, Grégoire Akoffodji et l’ancien ministre Soumanou Moudjaidou,
actuellement conseiller technique à l’industrie du président de
C’est assez décourageant d’entendre de hauts cadres béninois dire maintenant, à
mi-chemin des 5 ans du mandat, que le social ne développe pas un pays, comme
s’ils venaient de s’en rendre compte après avoir échoué à vouloir faire de la
magie. Mais de cela, il ne faudrait pas leur en tenir rigueur. Car ce qu’il
devrait plutôt dire, c’est que les dépenses électorales et clientélistes. De
toute évidence, maintenant que les élections législatives et locales sont
passées, le gouvernement aura toutes les difficultés sociales à cesser
subitement d’être l’Etat provident. Mais c’est encore plus choquant de se
rendre compte que tout le long, le gouvernement ne savait pas que la crise
économique dans laquelle le Bénin et le monde s’enfoncent était structurelle.
Et de tout ce qui est dit par les membres du gouvernement, on ne voit pas
poindre une option sérieuse pour des solutions structurelles à la crise
économique. Sinon, qu’ils nous ont promis de façon certaine que le prix du
litre d’essence à la pompe montera jusqu’à 650 fr cfa, ce qui voudrait dire que
l’Etat n’est toujours pas prêt à assouplir les pressions fiscales de manière à
favoriser le développement des industries locales et les investissements privés
locaux et étrangers. Et puis les ministres ont révélé que le Bénin ne respecte
pas les normes de ratio masse salariale-recettes fiscales en vigueur au sein de
l’Uemoa, soit 35%. Au Bénin, à les croire, ce ratio est de 47%, soit 12 points
d’écart. Ce qui traduit un grand malaise pour les finances publiques au point
de craindre la cessation de paiement dans les mois à venir. Le ministre Lawani
va jusqu’à caricaturer une intervention du président Yayi qui compare le Bénin
dans la situation de crise à un soldat à cours de munitions sur le champ de
bataille.
En fait, en plus de se contredire, les ministres sur le plateau de la
télévision demandent aux citoyens de leur faire des suggestions. Ils n’ont donc
aucune politique économique structurée et ne savent plus où donner de la tête.
L’impasse est plus qu’une appréhension.
Occupés que sont les politiciens de tous bords, du côté du parlement comme de
celui du gouvernement, par les questions de contrôle du pouvoir, aucun d’eux
n’a rien de rassurant à proposer en matière de la gestion du pouvoir pour le
bien-être dans un contexte économique et politique internationale des plus
difficiles. Le gouvernement du changement s’essouffle et se confond dans ses
élans d’Etat provident alors que le pouvoir législatif est tout sauf un
parlement de développement. Dans ce contexte où tout est politisé, il faut
savoir entendre la frustration et le découragement de maints technocrates et
experts béninois qui ne savent comment servir ce pays sans se laisser
compromettre par le jeu politique. Le cas récent du directeur du port autonome
de Cotonou (Pac) est édifiant . Oubliez la personne de Jérôme Dandjinou.
Combien de cadres béninois disent tout bas : « On m’a donné le mouton tout en
gardant la corde. La hiérarchie n’a pas suivi dans la mise en œuvre de ce plan
». Les paysans se demandent aussi à quand enfin une campagne de coton rentable
? Si enfin on entend raison pour les orienter davantage vers les cultures
vivrières, ils demanderont aussi comme les femmes du Couffo et de l’Atakora
quand nous aidera-t-on à conserver et à transformer la surproduction de tomate
que nous jetons ?
Alain Sessou
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