"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Emergence et masses médias

vendredi 25 mai 2007

Souleyman AShanti


Du service public de l'ORTB

Alors que partout dans le monde, la convergence a sorti le journalisme de sa verticalité, l'ORTB tarde à prendre la mesure des nouvelles normes de l'information et de la communication. Engoncée dans ses oripeaux, la "maison-mère" se décidera-t-elle à faire sa mue ou se complaira-t-elle dans la non-information, pompeusement taxée d'information "au service du développement" ? A juste titre, la réflexion de mon confrère Patient Atcho depuis l'Hexagone où il anime un blog relance le débat de la portée du journalisme dans les médias d'Etat.

Heureusement que l'information ne connaît plus de frontières. En traversant les cultures, elle féconde les idées. De plus, avec l'interactivité promue par l'age d'or des tic, c'est la fin du public godillot. Mais moins qu'une critique - au sens positif du terme - adressée à la personne morale de l'ORTB, souvent accusé à tort où à raison de saper la qualité de l'objet informationnel, c'est plus à un réveil professionnel de la troupe des journalistes diplômés des écoles que le débat s'adresse.

Qui informe qui, sur quoi, par quel canal et avec quels effets ? En répondant à ces questions, préalables à tout débat, on aura résolu à l'ORTB, le déficit communicationnel et surtout le paradigme dominant à savoir information = propagande. Retrouver le sujet informant n'est pas un fromage dans un média comme l'ORTB où les centres de décisions sont multiples.

L'ORTB, c'est l'hydre de Lerne, pour paraphraser l'autre. Au fait, quelle est la ligne éditoriale de ce média dit de service public ? A la vérité, beaucoup d'entre nous qui y travaillons, ne pouvons répondre à cette question. Tout au plus, nous nous contentons de dire que nous y sommes pour servir le pouvoir (pas le gouvernement). La nuance est très importante. Alors doit-on conclure que la ligne éditoriale est au service de l'exécutif ? La déduction est expéditive ou plutôt réductive. Car, les institutions de contre-pouvoirs ne s'excluent pas du pouvoir en tant qu'organe de décision.

"Un média public a d'abord pour objectif de s'occuper de la vie quotidienne des contribuables en leur proposant des reportages avec des exemples concrets (des cas pratiques), des enquêtes en bonne et due forme, des commentaires, des analyses..., qui sont susceptibles de leur permettre de bien comprendre l'actualité dans leur pays." (le matinal du jeudi 24 mai). En vous citant, mon cher Patient Atcho, je me permets de mettre en exergue le terme "contribuable".

Qu'il me soit permis de voiler ce que les professionnels de l'ORTB subissent ou acceptent de subir, et déduire qu'à l'évidence, le média auquel j'appartiens ne se réclame pas du "contribuable" plutôt du "pouvoir". Sans doute, cette dérobade ne se justifie pas. Nonobstant, elle permet de comprendre l'environnement premier de l'ORTB et notamment ses sources d'informations, ses méthodes de collecte et de traitement de l'information, les insuffisances techniques du médium télévision comme radio et surtout son ancrage dans le système décisionnel à commencer par l'exécutif.

Dans un pays, où la société civile a jeté son dévolu sur la politique et n'hésite plus à s'afficher du côté du pouvoir, où la presse n'attend la rente publicitaire que du côté de l'administration publique et des sociétés d'Etat, où toutes les institutions de la république ne mesurent leurs actions que par le nombre de fois que leurs responsables se sont miré à travers le petit écran, dans un pays comme le mien, l'information devient un viatique de la propagande.

Mais comme la mondialisation de la communication n'admet plus d'espace pour la propagande, je puis clamer avec enthousiasme qu'au cas où de l'intérieur même de l'ORTB, des voix ne s'élèvent pas pour condamner, avec M. Atcho, le non respect de la mission du service public, au jour de la révolution (dans son sens noble), aucun pouvoir aussi puissant soit-il ne peut empêcher les mutations.

L'histoire rappelle que la conférence nationale a délié les langues et les plumes. Les chaînes de l'aliénation politique ont été ainsi brisées une première fois lors de ce vent démocratique. Si les décideurs ne se rendent pas compte, au plus tôt, qu'il faille suivre la marche globale du monde en s'appropriant les Tic et en renonçant à cette notion éculée de la propagande, il arrivera un jour qu'avec sa posture unidirectionnelle, le message de l'ORTB n'ait plus de signification. Il déclinera et finira par disparaître. Et avec lui, son médium (radio ou tv) pour invoquer Mac Luhan, "the medium is the message" ; avec lui ses journalistes du fait que le message présuppose un émetteur.

Mais le public des médias subsistera. Le big bang informationnel est à nos portes. Et ce, au nom de la broyeuse globalisation !



03/04/2008
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