"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Déclaration des 4 grandes formations politiques :

La fin d’un silence inquiétant

13 mars 2008
Oui à la démocratie ! Non à la dictature. Le slogan apparaît bien visible sur une géante affiche bleue frappée des logos de la Renaissance du Bénin (Rb), du Parti social démocrate (Psd), du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep), et du Parti du Renouveau démocratique (Prd).

Ce sont ces quatre formations politiques qui sont signataires de la déclaration lue hier au palais des sports de Cotonou. Ainsi, face à la dégradation des libertés fondamentales au Bénin, les leaders de ces traditionnels partis à savoir Adrien Houngbédji, Nicéphore Soglo, Bruno Amoussou Antoine Kolawolé Idji, ont brisé le silence. En sortant de leur mutisme, ils ont tancé enfin le chef de l’Etat Yayi Boni une fois encore montré du doigt comme celui qui met des entraves à une bonne pratique démocratique. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme pour que les espoirs issus de la conférence nationale de février 1990 ne s’envolent, a unanimement reconnu le groupe des quatre dont certains membres qu’on croyait politiquement morts, ont repris du poil de la bête. Ils ont trouvé un bon motif pour se faire entendre. Un motif auquel le peuple béninois s’accroche. Les libertés fondamentales dans un état de droit. La rencontre d’hier a révélé que la situation de ces principes cardinaux est inquiétante et se dégrade au jour le jour. Cela les inquiète profondément. Les questions sensibles de liberté d’expression et les pratiques démocratiques sont soudainement devenues de plus en plus rares. En effet il aura suffi de moins de deux ans pour changer l’ambiance issue de la présidentielle de mars 2006. Entre les deux tours de cette consultation, une coalition de partis a contribué à porter le régime actuel au pouvoir. Cette coalition informelle dénommée « Alliance Wologuèdè » est restée un moment dans les acarnes du pouvoir. La cohabitation n’a duré que quelques mois et les signes du divorce sont apparus déjà à la veille des élections législatives de mars 2007. Aujourd’hui, la rupture semble être consommée entre Yayi Boni et ses amis qui l’ont aidés à se faire élire avec près de 75% des suffrages exprimés. Il faut désormais ajouter à ces partis composant cette alliance, le Parti du Renouveau démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji, challenger de Yayi Boni en 2006. Depuis hier ils sont embarqués dans le même bateau, pas pour les élections communales, municipales et locales qui s’annoncent. Mais pour dire non à la dictature et se battre ensemble pour le respect des principes démocratiques. La déclaration qu’ils ont lue hier traduit selon eux la palette des maux dont souffre le pays sur plusieurs plans. La nouvelle classe s’en prend à Yayi Boni, parce que les démocrates et la pensée critique en général sont stigmatisés. Le régime en place censé traduire les aspirations en faveur de la démocratie semble avoir choisi une autre voie. Les espoirs qui ont pu naître au lendemain de la conférence nationale s’envolent peu à peu. Et, c’est là le problème. La sortie de ces leaders vient renforcer la position du G13 qui, il y a quelques semaines avait fait le même dessin sur la situation politique. Mieux que le G13, la Rb, le Psd, le Madep et le Prd sont allés loin en usant des propos directs et sincères. Les interventions sont ponctuées d’allégories ou de fables, dont Adrien Houngbédji et Bruno Amoussou ont seuls le secret. Antoine Kolawolé Idji a pendant longtemps cités des exemples d’entraves à la consolidation de la démocratie notamment les violations répétées de la Constitution, des menaces sur le pluralisme politique, des rapports tendus entre le parlement et le gouvernement, du climat de tension entre les acteurs politiques et les partenaires sociaux, de la confiscation des libertés de presse et de la liberté syndicales, pour ne citer que ceux-là. Les exemples cités ici et là dans ladite déclaration contribuent à l’instauration d’un système de pensée unique, avertit le leader du Madep. C’est pourquoi, Nicéphore Soglo dans son intervention a souligné que la démocratie est en danger et qu’il faut à tout prix barrer la route à la dictature.

Fidèle Nanga



14/03/2008
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