Déclaration des partis hostiles au report du scrutin:
L’opposition exige la poursuite du processus électoral
In le Matinal -
Suite à l’ouverture avortée de la session ordinaire de
l’Assemblée nationale. Les forces politiques composées de la Rb, du Prd, du
Madep, du Psd, de Force clé et du G13 ont rendu publique hier une déclaration.
Aux termes de cette déclaration ces forces politiques rendent responsables le
pouvoir en place pour les « conséquences fâcheuses » qui
découleraient de sa volonté délibérée d’empêcher l’organisation à bonne date
des élections communales, municipales et locales du 20 avril prochain.
Lire l’intégralité de la déclaration.
Notre pays fait face à une grave crise politique, économique et
sociale. Pour la première fois depuis l’avènement du Renouveau démocratique,
l’ouverture solennelle d’une session ordinaire de l’Assemblée nationale n’a pas
eu lieu, à la date prévue, hier lundi 7 avril, faute de quorum. Par ce fait,
l’écrasante majorité des députés a voulu faire prendre conscience à l’opinion
nationale et internationale, de la stratégie engagée par le chef de l’Etat et
une poignée d’aventuriers, pour liquider les acquis démocratiques de la
Conférence des forces vives de la Nation, consignés dans notre Constitution.
Réduit, en effet, à n’être qu’un organe d’exécution de la volonté
gouvernementale, le Parlement ne parvient à jouer pleinement ni son rôle
d’expression des problèmes que vivent les populations, ni celui de contrôle de
l’action du Gouvernement. La désignation des membres de la Cour
constitutionnelle en est un exemple récent. Le bureau de l’Assemblée nationale
n’a pu respecter la nécessaire concertation démocratique en son propre sein,
encore moins avec les députés, avant d’obtempérer à l’ordre d’approbation d’une
liste, envoyée par le chef de l’Etat. Les questions au Gouvernement sont
pratiquement interdites et la désignation de nos représentants dans les
organisations régionales reste suspendue au feu vert du chef de l’Etat. Les
débats parlementaires sont censurés par les organes de presse publics et les
organes de presse privés restent bâillonnés par d’occultes contrats qui les
obligent à diffuser seulement les louanges au gouvernement et des mises en
scène grotesques. Pendant ce temps, le chef de l’Etat poursuit la violation
délibérée de la Constitution et des lois de la République. Depuis des semaines,
il a entrepris des tournées électorales à travers le pays avant même
l’ouverture officielle de la campagne. Ces déplacements sont interdits de
couverture médiatique et se déroulent à l’abri des regards de la presse. De
sources concordantes, non seulement le chef de l’Etat invite les populations à
voter pour ses partisans, mais il accompagne ses propos de libéralités financières.
Il confisque à titre privé les investissements publics qui sont présentés comme
ses dons et ses faveurs. Pire, il menace les populations d’un abandon par le
gouvernement, si elles ne votent pas pour sa liste Fcbe. Ses discours, lors de
ses séjours dans la partie septentrionale de notre pays, sont émaillés de
références, d’arguments et de justifications régionalistes, voire tribalistes,
à l’encontre de ceux qu’il qualifie d’adversaires politiques. C’est dans ce
contexte qu’il vient de lancer, avec ses partisans, un assaut supplémentaire
contre notre démocratie, à travers une cynique orchestration, ayant pour
objectif, la non tenue des élections communales, municipales et locales. Il est
vrai que le peuple avait perçu depuis longtemps ces manœuvres, à l’occasion de
la formation du bureau de la Cena, à l’occasion des refus de mise à sa
disposition des moyens adéquats et à l’occasion des nombreuses entraves à son
autonomie pourtant consacrée par une loi. Chacun se souvient de l’évocation en
2006, par le régime alors en place, de la disparition de millions de cartes
d’électeurs. Ces informations avaient même été relayées par des membres de la
Cena. Chacun se souvient des vigoureuses réserves exprimées par le candidat
Boni Yayi à la veille de ces élections et dont il n’a plus parlé dès que s’est
présentée la possibilité de son élection. Le peuple sait donc que, pour notre
président de la République, les élections ne sont propres et acceptables que
lorsqu’il est certain de les gagner. Or, l’actuelle désillusion du peuple qui
découvre progressivement la réelle nature des choses et des hommes, n’ouvre que
des perspectives d’échec pour les listes Fcbe. Vouloir en sortir, en provoquant
des troubles politiques comme l’engagent le chef de l’Etat et certains de ses
partisans, c’est révéler au grand jour, une volonté manifeste d’instauration de
la dictature. L’inscription de mineurs, les faux témoignages, les disputes
autour des marchés et des recrutements, les disfonctionnements divers de la
Cena et de ses démembrements sont, hélas, des pratiques liées aux modalités
d’établissement de la liste électorale en cours dans notre pays. Le
gouvernement n’a montré aucun empressement pour les corriger par un engagement
résolu pour une liste électorale permanente informatisée. Il espérait tirer
profit de cette situation. Les gesticulations actuelles autour d’un vol
présumé de 50.000 ou 11.000 cartes cachent mal la crainte d’une débâcle
électorale et une recherche effrénée de boucs- émissaires, y compris au sein de
ses partisans.
Aussi les signataires de la présente Déclaration,
exigent-t-ils :
1. La poursuite du processus électoral jusqu’à son terme. A cet
effet, le gouvernement doit mettre à la disposition de la Cena les ressources
prévues, conformément aux textes en vigueur ; 2. Un maintien rigoureux de
la séparation des pouvoirs et la cessation immédiate des pressions diverses sur
l’appareil judiciaire afin qu’il examine sereinement les cas d’infraction et
les contentieux électoraux qui lui sont soumis ; 3. Le respect scrupuleux
de l’autonomie de la Cena, afin qu’elle organise sans interférences
intempestives, d’où qu’elles viennent, les élections libres, pacifiques et
transparentes, à la date prévue du 20 Avril 2008.
Ils lancent un appel patriotique à toutes les forces sociales et
politiques et à tout le peuple entier afin qu’ils s’opposent à l’aventurisme et
veille à sauvegarder la paix sociale, l’unité nationale et les acquis de notre
démocratie. Le président de la République et son gouvernement seront tenus pour
responsables des conséquences fâcheuses qui découleraient de leur volonté
délibérée d’empêcher l’organisation à bonne date des élections communales,
municipales et locales du
Fait à Cotonou, le
Ont signé :
Pour la Rb / Add et ses députés : Mme Rosine Vieyra-Soglo
Pour le Psd / Add et ses députés : Bruno Amoussou
Pour le Madep / Add et ses députés : Kolawolé Idji
Pour le Prd et ses députés : Adrien Houngbédji
Pour Force clé et ses députés : Lazare Séhouéto
Pour le G13 et ses députés : Nassirou Bako
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