Des apatrides aux sorciers
La
criminologie politique béninoise ouvre une nouvelle ère. On a vu les apatrides
qui arpenteraient les chancelleries pour fermer les robinets au
docteur-président. 200 millions prétendument engloutis dans le vitriol
médiatique à travers des gazettes à audience internationale spécialisées dans
la caricature du Bénin en route vers son émergence. Cette fois-ci, c’est
l’heure de la magie noire dont les redoutables pouvoirs maléfiques auraient
perturbé l’atterrissage de l’avion présidentiel contraint à deux heures de vol
plané au dessus de l’aéroport international de Cotonou.
Au
pays du vaudou il ne devrait pas y avoir une explication logique à cette
catastrophe manquée. L’imaginaire collective accepterait plus volontiers la
thèse de l’existence de plumes de poulets ou de mixture à l’huile rouge sur la
piste qu’un rapport scientifique d’une commission d’enquête composée d’experts
en aéronautique et d’officiers de police judiciaire. Il suffit de remettre au
goût du jour la rhétorique sur les ennemis du changement, jaloux des progrès
fantastiques réalisés par le pays en moins de 18 mois et revanchards d’une
claque électorale mémorable en mars-avril 2006.
Or, il
faut bien qu’une justification rationnelle puisse être fournie. La sécurité du
chef de l’Etat est trop sérieuse pour servir de vivier à de vulgaires faits
divers. La stabilité n’est pas l’apanage des seuls profiteurs du régime. La
tradition est établie depuis plusieurs générations que les Béninois préfèrent
les chahuts qui finissent toujours autour de quelques fanfaronnades esquisses
qu’aux affrontements sanglants et meurtriers. Tout le monde sait ce que les
changements de régime ont coûté et ont failli coûter à tout le pays. Il existe
des divertissements plus instructifs que la chasse aux charlatans.
L’histoire
du Dahomey devenu Bénin contient de ces épisodes sulfureux entre la politique
et la science fiction. Le fameux complot contre le régime de Maga révélé par un
certain Albert Tévoédjrè dont feu le président Ahomadégbé a traîné les
séquelles jusqu’à sa mort. Plus près de nous, la tristement célèbre lutte
contre la sorcellerie conduite de mains de fer par l’ancien ministre
révolutionnaire Martin Dohou Azonhiho. A cette dernière époque tout vieillard
était un malfaisant en puissance. Des camps de concentration ont même été
identifiés notamment à Ahozon, Ouidah, Porto-novo et ailleurs pour tout
vieillard soupçonné et passé à la vindicte populaire. Aux traitements
dégradants et déshumanisants s’est ajouté un véritable crime écologique. De
nombreux arbres centenaires réputés être des abris de sorciers ont été passés à
la tronçonneuse.
Il n’y
a aucun sorcier à chasser dans ce drame survenu à l’avion présidentiel. Il y a
que des responsables de laxisme à rechercher. Une partie de la presse locale a
déjà ouvert la brèche sur des défaillances flagrantes en indexant des
manquements aussi bien techniques qu’administratives.
Au
chef de l’Etat seul la prérogative de faire tomber des têtes ou pas. Pas aux
exorcistes !
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