La mal gouvernance sous l’ère du changement :
chatigre
le 2008-04-02 à 14:56:09
La bonne gouvernance et, plus particulièrement, la lutte contre la corruption
sont les slogans récurrents du Président Boni Yayi. Mieux, ce dernier pour
marquer son engagement à rompre avec les pratiques malsaines, organisa une
marche contre la corruption, ce que plusieurs organisations politiques et
civiles ont multiplié dans toutes les régions du pays.
Sans doute le peuple y a cru car le combat pour la bonne gouvernance est une
lutte pour le développement économique et social de notre pays.
Mais au regard de la gestion de certains gros dossiers du pays, on a le
sentiment que les beaux discours, les agitations ont pour but d’endormir le
peuple. En toute sincérité, c’est maintenant qu’il faut craindre le pire.
Regard sur la scabreuse affaire de la privatisation de la SONAPRA
On se rappelle la triste affaire de la privatisation de la SONAPRA. Dans la
structure du capital de la SODECO, la société créée pour gérer l’outil
industriel de la SONAPRA (l’actif à privatiser), il a été prévu, entre autres
45% pour le partenaire et 7% pour le public. La participation du public se fera
par le biais du marché financier régional (Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières) de l’UEMOA.
Le gouvernement du « changement » a organisé, dans des conditions
malhonnêtement applaudies mais dénoncées par la suite, l’appel d’offres ayant
abouti au choix du partenaire stratégique, représenté par un proche du Chef de
l’Etat (M. TALON) qui s’est adjugé 45% du capital. Ce qui est très grave, on a
permis à ce « partenaire » de prendre en portage les 7% du public, ce qui porte
sa participation à 52% du capital. Fort de cette majorité, le « partenaire » a
nommé le Directeur Général de SODECO, un de ses amis (M. KOTIGAN) qui dirige
déjà l'une de ses sociétés, deux autres administrateurs, lui-même étant devenu
le Président du Conseil d’Administration. Une véritable prise d’otage de la
nouvelle société, dans le style de la SONACOP.
Dès lors on s’interroge : comment cela a-t-il été possible sous le « changement
», sous les yeux du Président YAYI (car le portage a été validé par le conseil
des ministres)? Qu’est ce qui avait empêché le gouvernement d’organiser dans le
temps le processus devant conduire à la cession des 7% au public par le marché
financier, d’autant plus que l’organe sous régional (CREPMF) qui autorise ce
type d’opération est présidé par le Bénin représenté par M. Martin GBEDEY,
Conseiller du Ministre des Finances ? Cela devrait aller vite, de même que la
gestion de la participation du personnel et celle des autres acteurs de la
filière.
Il faut reconnaître que le montage ici était « grossier » et « flagrant » sans
un minimum de finesse si bien que, pour sauver un peu la face du « changement
», le Président n’a le seul choix que de tout surseoir. Quelle honte ! Il a dû
reculer ! Le fait d’avoir tenté une telle opération enlève toute sincérité aux
discours du Président. On espère qu’il ne s’agisse d’un repli tactique, juste
le temps de réfléchir à d’autres formes de montage.
De toutes façons, le peuple veillera à ce que toutes tentatives frauduleuses de
prise de participation par des « amis », sous de prête-noms ou par des sociétés
écran soient mises à nu.
Le PADME : un montage « flou » en vue
Face à ce qui s’est passé dans le cadre de la privatisation de la SONAPRA, les
moyens mis en œuvre pour que le peuple ne comprenne pas cette affaire vite
étouffée, il faut avoir peur de ce régime.
Aujourd’hui, plus que jamais, les craintes se justifient au regard de se qui
passe à PADME. Voilà une structure qui doit subir une transformation
institutionnelle, pour passer de son statut d’association à une société
anonyme, au plus tard à la fin de l’année 2007.
Pour ce faire, les dirigeants de PADME ont fait procéder à l’évaluation de
l’institution par un cabinet étranger ; le cabinet américain ACCION
INTERNATIONAL a par ailleurs travaillé sur la structure du capital de la future
société PADME SA en 2005. Déjà les fonds propres de PADME se chiffraient cette
année à environ 8 milliards de FCFA, le total des actifs estimé à près de 25
milliards. Dès lors, le capital social est fixé minimum 8 milliards FCFA, et
les actions au départ vont être cédées au moins trois fois leur valeur
nominale, compte tenu de la solidité financière de la structure et des
perspectives de l’entreprise. Il est prévu que les actionnaires potentiels
soient notamment: PADME Association (au moins 50% du capital); Public (20 à
30%) et les partenaires nationaux et internationaux (au plus 30%). Le dossier a
été soumis à certains partenaires en 2005. Par exemple, des banques à savoir
Société Générale, Ecobank et BOA etc. ont manifesté leur intention de souscrire
aux actions de la future société privée PADME SA, car c'était une très bonne
affaire, vu les performances financières et opérationnelles. La CNSS (ex-OBSS),
sous la direction de Mme SIDI, actuelle Ministre de la Microfinance, a donné
une intention de un (1) milliard de FCFA, pour faire de la CNSS un des
actionnaires de PADME.
Subitement, la Ministre (qui sait déjà que PADME représente une mine d'or) et
le Chef de l'Etat bloquent le processus de transformation institutionnelle, qui
n’a pu être réalisé l’année dernière. Ensuite, on demande de renvoyer le DG, le
Président du bureau exécutif et curieusement tous les membres du bureau (tout
le staff qui pilote la transformation institutionnelle) pour des raisons de «
mauvaise gestion », en vue "sauver" la structure.
On parle abondamment de crédits impayés ou fictifs de plus de 1 milliard; mais
lorsqu'on rapporte ce montant à l'encours global des crédits, plus de 21
milliards, on en a déduit que le taux de recouvrement est plus de 95%. Beaucoup
de banques de la place n'ont pas ce niveau de recouvrement de leurs crédits,
dans la situation de crise économique qu'a connu le pays vers la fin de règne
de KEREKOU. Il suffit d’analyser les états financiers 2005 et 2006 des banques
de la place (Financial Bank, BIBE, Continental…) pour s’en convaincre. C’est
vrai qu’au niveau de nombre d’institutions financières, beaucoup de dossiers de
prêts sont mal ficelés quoique des garanties immobilières soient produites. Le
PADME malheureusement ne peut pas déroger à cette réalité.
La question que tout financier se pose de savoir pourquoi le gouvernement et
l’IGE s’acharnent –t-ils à analyser la situation des crédits compromis, non pas
en termes de taux ou de ratios, mais en termes de montants bruts ?
Il y a manifestement une volonté du gouvernement de balayer toute l’équipe
dirigeante pour installer « ses hommes de mains » afin de gérer l’actionnariat
de la future société PADME SA. L’objectif est clair : faire prendre par des
"amis" les actions de PADME, faire contrôler le capital social par ceux-ci.
C'est clair que si l'équipe dirigeante avait accepté de "collaborer"
pour les "combines", il n'y aura pas d'affaire PADME, ni les
histoires d'offense au Chef de l'Etat, de crédits fictifs, de salaires
fantaisistes, de voyages...
De toutes façons, le peuple veillera à ce que toutes tentatives frauduleuses de
prise de participation par des « amis », sous de prête-noms ou par des sociétés
écran soient mises à nu.
La privatisation de BENIN TELECOMS : une autre opération floue en vue
On apprend dans les coulisses que le gouvernement est en train de mettre en
place un « deal » avec un opérateur des Emirats Arabes (affaire à suivre).
Ce qui est sûr, il n’y a pas que des analphabètes et des intellectuels tarés
dans le pays. A bon entendeur !
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