« Mes frères, restez fidèles à la terre, avec toute la puissance de votre vertu ! Que votre amour qui donne et votre connaissance servent le sens de la terre, je vous en prie et vous en conjure…
« Que votre esprit et votre vertu servent le sens de la terre, mes frères, et la valeur de toutes choses se renouvellera par vous ! C’est pourquoi vous devez être des créateurs. »
Nietzsche. (Ainsi parlait Zarathoustra.)
Monsieur,
Un éclat de rire était mon premier réflexe à la découverte de votre appréciation de ma lettre ouverte au président de la République du Bénin, diffusée par le Blog de notre compatriote Benoît Illasa ; relue en la retrouvant dans la boîte à lettres de mon site www.obhelyquenum.com, comparée avec la lettre ouverte, j’ai pu imaginer votre personnage, déceler votre caractère et en conclure : « voici un sicaire, il n’hésiterait pas à m’assassiner si j’étais au Bénin. » Monsieur Assani, je n’ai qu’une parole : je ne répondrai à aucune de vos réactions , quelle qu’en soit la teneur. Belliqueux ? Non , mais rebelle : je suis un rebelle qui s’insurge contre toute autorité, fût-elle légitime, qui berne et opprime le peuple.
Pour vous, le président Boni Yayi est le Messie encensé par les thuriféraires, clientèle d’adogocratie qui ferme les yeux sur la misère du peuple, met sous le boisseau les constats de la Lettre diocésaine n°126 de Monseigneur Pascal N’Koué, Évêque de Natitingou, parue dans La Croix du Bénin. Seriez-vous Évangéliste ? Pour moi, catholique depuis ma naissance, Franc-Maçon depuis 54 ans, l’unique Messie de la chrétienté fit déguerpir les marchands du Temple ; quid du vôtre ? Incapable de se décadenasser de la coterie qui le régente et paralyse le Pouvoir politique, il contribue à générer la misère.
Vous vous en prenez à Internet : « formidable outil de communication […], un véritable foutoir où peuvent circuler des monstruosités de toutes sortes. Aussi s’avère t-il souvent inutile de donner la réplique à certaines sornettes ou autres calembredaines que l’on vient à lire à temps et à contretemps sur la toile. »
Je déclare : Les dieux d’Afrique ainsi que les vodúns du pays en soient ovationnés ! Internet n’étant pas à la solde de votre Messie , il permet la diffusion des constats, dussent-ils relever de la « fiction politico-sociologique émanant de la plume (non authentifiée, mais vraisemblable. » ; le procès verbal d’Aminou Balogoun que voici, vers lequel je reviendrai, seraient aussi une « fiction politico-sociologique » : «…non-respect ou mépris de la loi, conflits byzantins au sommet de l’État, corruption, blocage du dialogue politique et social, grèves permanentes, déception de l’espérance collective, trahison de la parole donnée, trahison du serment présidentiel, insolence du train de vie des gouvernants, et misère pour la multitude, sur fond de crise du coût de la vie. »
Vous avez écrit : « Pris en flagrant délit de démesure, aussi égocentrique qu’anti-yayiste sa prose en est devenue somme toute ridicule. »
Je jubile : Alléluia ! La préoccupante platitude de votre prose a fait tomber le masque de votre visage : vous avez soigneusement camouflé les incontestables réprobations de l’ « égocentrique anti-yayiste »; le « flagrant délit de démesure » existait-il quand son auteur en appelait au peuple béninois à voter massivement pour le candidat Boni Yayi? Qui et où étiez-vous lorsque « le tout nouvel octogénaire […], Olympe Bhêly Quenum, parti du Dahomey il y a soixante ans, et dont on n’a pas assez souvent vu les traces des espadrilles au pays natal. » ? Cet apatride-là se battait aussi afin que fût élu le candidat prometteur de changement qu’il ne connaît pas, parce que le changement était le désir primordial des peuples du Bénin.
L’ex-président Nicéphore-Dieudonné Soglo, le Général François Kouyami, Maître Adrien Houngbédji, Maître Lionel Agbo pourraient témoigner de mon intervention ainsi que de la fermeté de ma position à leurs côtés, à un moment de la vie politique de notre pays auquel je ne dois rien, sauf le fait d’y être né, mais que j’aime d’un amour sans partage.
Avant 1948 me connaissaient les Dahoméens dont Désiré et Rosine Vieyra ,Albert Ékué- je dirais même les familles Vieyra, Nikué, Ahouanmènou, Biokou, Kpakpo, Zinsou, Kidjo- ; plus tard, les compatriotes tels que Robert Dossou, Vincent Ghézodjè, Adrien Ahanhanzon-Glèlè, Franck Lahami, Roger Gbègnonvi, etc. ont découvert autant l’écrivain que le politique Olympe Bhêly-Quenum. Je réitère la question essentielle: qui êtes-vous ? Que représentez-vous dans notre pays ? Qui et quel étiez-vous quand un quarteron de vassaux de l’ancien régime voulait conférer le nom du président Mathieu Kérékou à l’Université d’Abomey-Calavi ? ORTB -je crois- m’ayant téléphoné, l’enregistrement de ma déclaration déjà parue dans la presse fut diffusée dans des langues de notre pays. Et pleuvront des appels ! Plus de trois cents emails ; devais-je les publier ? Qui et quel étiez-vous alors ? Je vous imagine en train de faire les couloirs, de vous arranger pour être remarqué afin d’obtenir quelques récompenses du pouvoir en place que peut-être vous ne souteniez pas. Qui êtes-vous aujourd’hui ? Le parangon du misonéisme ou un nervis du non-changement ? Dans quelle main mangez-vous ? En vertu de quel ciron du changement qui berne le peuple au lieu d’alléger ses souffrances avez-vous répondu à ma lettre ouverte au président de la République du Bénin ?
Serait-ce parce que ne serait que mensonge la pauvreté dégénérée en misère qui contraint nombre de nos compatriotes à écrire -oui, écrire, voire téléphoner- à des parents de la diaspora - je cite un exemple - en demandant de « l’aide parce que ça ne va pas du tout ici, le maïs coûte 600 francs (cfa) et on n’a pas les moyens d’acheter ça, il faut me pardonner de me montrer nu comme nous le sommes de plus en plus… » ?
Vous avez écrit : « Avec une kyrielle de « m’a-t-on dit », « m’a-t-on écrit », et autre « analyse de la masse de documents (qu’il a) lue »
Je vous pose une question incontournable : Aurais-je dû révéler les identités des auteurs de cette kyrielle de correspondants, afin que la répression et l’oppression qui ont cours dans le Changement pussent exercer leur devoir de vengeance ? Incroyable ! Monsieur Vianney Assani, seriez-vous un monstre au service du non-Changement ?
Vous m’avez traité de « tout nouvel octogénaire ». Moi? Que non ! Vous manquez de lectures ! Vous ne liriez donc que la prose du Changement qui ne change rien ? Il y a des lustres que je me suis gaussé du « Jugement supplétif » en écrivant : « je naquis le 20 septembre 1926, non pas à Cotonou, mais à Ouidah … » ; le savent nombre d’élèves dont certains me reprochaient de me « vieillir car quand on vous voyait, on ne vous donnait pas l’âge que vous prétendez avoir … » C’était gentil.
Vous avez cité cette phrase de ma « prose devenue somme toute ridicule » : « …en peu de temps, le Bénin, naguère pauvre, a été acculé à la misère par le régime actuel. « Et vous voilà, par vos méthodes, en train de piétiner la Démocratie dont le Bénin passait pour un exemple rare en Afrique »
Ma réponse, la voici : Je ne soustrais pas un mot du texte qui vous a donné comme de la fièvre hectique ; j’ai écrit dans ma lettre à l’Evêque de Natitingou : « La prière ne suffira pas à guérir notre pays de la « gangrène politique » : en avril dernier, quand notre très regretté mon aîné et vieil Ami le Cardinal GANTIN m’a téléphoné parce qu’il avait été informé de mes problèmes de santé, je m’étais enquis des nouvelles du pays natal; voici en fongbé sa réponse, très rapide : « To o do gbi gbà wè » ; il y eut un petit silence et il ajouta d’une voix très fatiguée : « To o gbà … Olympe, je te connais, je sais que tu ne baisseras jamais les bras. »
Monsieur Vianney Assani, à votre avis hautement autorisé, Amnesty international, Reporters sans frontières, voire le très regretté Cardinal Bernardin GANTIN en auraient-ils tous menti ? Vous ne lisez pas les chroniques de Jérôme Carlos, ni les articles du remarquable historien Félix Iroko, ni les très courageuses et pertinentes analyses de mon neveu Abbé André S. Quenum, ni celles de tant d’autres ecclésiastiques ou laïcs ? J’allais oublier avoir lu que La Croix du Bénin n’était que « le repaire des opposants et autres anti-yayistes » Béninois de l’intérieur ou extra muros, vous êtes estampillés opposants si vous n’éternuez pas quand le Messie est pris de sternutations ! Mais voici sur le terrain -comme j’aimais à le faire- mon confrère Florent Couao-Zotti que vous, Monsieur Vianney Assani, n’hésiterez pas à traiter de fieffé menteur, d’aveugle, d’apatride bien qu’on voie « les traces » de ses « espadrilles au pays natal. » :
« BONI YAYI ET 2011
« De temps en temps, en citoyen immergé dans le train train de la vie quotidienne, je donne l’oreille à la rue, discute à tout va avec les petites gens, voir si entre les « réalités officielles » qu’on nous donne à souper et ce que ma vision des choses me fait apprécier, il y a des épisodes essentiels de la vie publique qui m’échappent.
« Zémidjan, sages du quartier, vulcanisateurs, vendeuses d’oranges au décolleté tombant, mangeurs de « gabriel » dans les gargotes, tous, un jour ou l’autre ont subi ma provocation, juste parce que j’ai voulu entendre la version qu’ils ont de la gestion du pouvoir Yayi. Cela, loin des discussions d’officine ou des débats enfiévrés des salonnards. Certes, ce n’est pas un sondage, ni une enquête d’opinion, mais un instantané d’appréciations, des échanges au brûlot sur la façon dont le pays est conduit, avis qui risquent de perdurer et motiver leurs choix pendant les échéances électorales de 2011.
« Ce qui est remarquable dans leurs propos et presque unanime, c’est le rejet qu’ils font de la gestion du pouvoir du Changement. Les réalisations du gouvernement en matière d’infrastructures, routes, écoles, centres de santé ne semblent pas trouver grâce à leurs yeux. Au surplus, les accueillent-ils avec sourire et ironie, comme s’ils en avaient déjà vu d’autres. « On ne mange pas ça, fulminent-ils à l’endroit du locataire actuel de la Marina, Soglo a fait plus, mais nous l’avons chassé… »
« […]On se rappelle la brutalité avec laquelle le pouvoir avait fait installer des directeurs à la tête des institutions et de certaines sociétés. ORTB, douane, PADME…les chantiers de la contestation ont été ouverts ici et là et ont laissé dans l’opinion l’image d’un président extrêmement autoritaire, peu soucieux d’arrondir les angles.
« Dictateur va ! ” avaient hurlé les opposants. Les ” parlementaires debout “, ce regroupement de chômeurs et autres zémidjan qui se retrouvent au champ de foire, à l’angle de la rue menant à la morgue du CNHU, ont conclu : ” nous n’avons ni or, ni diamant, notre seule richesse, c’est la démocratie. Pourquoi Yayi veut tuer ça ? “
« Le petit peuple perçoit le premier personnage de l’Etat non plus à travers ses réalisations, mais à travers les multiples marches de soutien orchestrées parfois depuis la présidence et les officines des partis de la majorité. Pendant un an, les chaînes de télévisions, les radios, sur toute l’étendue du territoire, ont vibré à l’unisson pour dire et redire qu’un Jésus nous était venu et qu’il fallait l’aduler comme tel. Mais les populations, pour analphabètes qu’elles soient, sont au fait du montage : puisque c’est encore elles qui sont sollicitées pour aller battre pavé, marcher jusqu’à l’usure du bitume. Rémunérés de l’heure ou au comptant, les marcheurs laissent parfois éclater leurs colère lorsque des commanditaires de ces manifestations deviennent de mauvais payeurs. Avis d’un marcheur patenté : ” moi je prends 1000 francs pour marcher. J’ai fait plus de douze marches, ça sert à combler des trous, mais ça ne comble pas ma conviction “. On a envie de dire ” escroc ! ” Mais qui l’est en premier ?
« Mais cette propagande calamiteuse, qui ne se refuse rien, sauf des images à la Kim Il Sung, est soigneusement conçue par la cellule de communication. Un entourage qui, selon beaucoup de personnes, constitue l’un des vrais handicaps du pouvoir Yayi. Et c’est l’une des dernières raisons de l’argumentaire du petit peuple. Comme par le passé, les gens ne font aucune confiance aux collaborateurs immédiats du chef de l’Etat pris en otage par des faucons, des va-t-en guerre qui le poussent sur la pente glissante.
« On a dit de Kérékou qu’une maffia aussi nuisible que la Causa Nostra, l’avait entourée jusqu’à l’étouffement. De Yayi, la même impression sévit qui fait dire au citoyen lambda que les hommes de l’ombre constituent les premiers écrans qui limitent la vue du président. Qui saucissonnent son appréciation des problèmes du pays. Les mêmes choses produisant les mêmes effets, on devine vers quel iceberg se dirige le navire »
Sans commentaires, revoici l’article d’Aminou Balogoun, du 10 juillet 2008. titré :
Jusqu’où ira Yayi Boni ? Veut-il un Coup d’État ? Questions sans tabou
« Quand on regarde rétrospectivement les conditions dans lesquelles les coups d’état intervenaient jadis au Dahomey ou en Afrique, on ne peut pas ne pas se demander si Yayi Boni n’est pas en train de pousser le pays vers la logique du coup de force. Cette logique a des éléments déterminants bien compris [….]Fussions-nous dans les années 70, les conditions dans lesquelles nous nous trouvons au Bénin actuellement et qui sont la conséquence directe de la gouvernance calamiteuse de Yayi Boni auraient constitué les conditions suffisantes d’un coup d’État. »
Non, il n’y aura pas de coup d’État, il ne faut pas qu’il y en ait : ce serait trop facile, une aubaine pour le président Boni Yayi qui fuirait au Togo ,ou se refugierait à l’ambassade de France ,solliciterait -conformément aux Accords de Coopération en matière de Défense - l’intervention de l’ex-puissance coloniale; il y a trente ans que je suggère l’abrogation ou la réécriture de certains Accords devenus obsolètes ; mon camarade Paul Quilès, ancien ministre socialiste, a lui aussi abordé ce problème : nombre de ces Accords sont nuisibles aux relations entre l’Afrique francophone et la France. D’autre part, s’il y avait un coup d’État au Bénin, la situation serait pis qu’ en Côte d’Ivoire ; ce serait ne pas connaître du tout le Dahomey devenu le Bénin, que de sous-estimer cet aspect du problème.
Voyons, tout compte fait, cher Monsieur Vianney Assani- oui, j’ai bien écrit cher Monsieur- je ne vous en veux pas : votre audace m’a permis d’aller plus loin que je n’avais songé à le faire dans ma lettre ouverte. J’adore mon pays et j’ai abattu un peu des cartes de l’homme qui, quoi qu’il puisse lui en coûter, jamais ne baissera les bras.
Sans la moindre rancune dans mes tréfonds, je forme, pour l’An 2009, mes vœux de santé solide, de joie et de Bonheur pour vous et votre famille.
Cordialement,
Olympe BHÊLY-QUENUM