Ecureuils :
pour Waby Gomez
Simple bruit qui
court ou idée fixe dans le crâne de quelques dirigeants de notre football ? Le
Bénin serait en passe de recruter un nouvel entraîneur, en l’occurrence « un
sorcier blanc » pour présider aux destinées des Ecureuils qualifiés, comme on
le sait, pour la phase finale de
Si la rumeur ou
l’idée fixe devenaient la vérité de demain, cela signifierait que Waby Gomez,
l’actuel coach du Onze national, devrait se résoudre, toutes affaires
cessantes, à rendre son tablier et à passer le témoin à un entraîneur venu de
loin, un gourou venu du froid estimé plus compétent que lui et dont le coaching
aurait été jugé plus opérationnel que le sien.
En somme, c’est
l’oiseau rare, « le phénix des hôtes de ces bois » pour parler comme le
fabuliste, qu’on s’apprêterait à aller nous dénicher. Au nom de l’amour des
Ecureuils qu’on voudrait voir tenir la dragée haute à tous les Eléphants et à
tous les Aigles. Au nom du souci d’épargner à notre football un naufrage
collectif, une mémorable déculottée au Ghana. Au nom d’un certain amour propre
qui interdit de laisser plonger un Bénin désormais sur la courbe ascendante de
l’émergence et sur l’orbite du changement.
Qu’est-ce qui
peut porter à tenir un tel raisonnement et à chercher à évoluer dans une telle
logique ? Le fait que le Bénin se soit retrouvé dans le groupe le plus
difficile de la compétition a libéré l’imagination des uns : il faut
accompagner les Ecureuils des sortilèges d’un sorcier hors du commun, en
l’occurrence d’un « sorcier blanc » C’est plus convainquant. C’est plus
rassurant. Le fait de souhaiter voir les Ecureuils aller au bout d’un grand et
beau rêve a rendu les autres fébriles. Un témoin privilégié ne s’est-il pas
déjà annoncé en la personne du premier des Béninois ? Boni Yayi sera au nombre
des supporters des Ecureuils au Ghana. A Dieu ne plaise donc que soit versée
par terre, pour parler comme en Côte d’Ivoire, la figure du Président.
Quelque soient
les motivations des uns et des autres, autorisons-nous d’être clair et de
parler sans détour : on ne peut pas, au pied levé, prendre l’imprudente et bien
légère décision de faire passer par pertes et profits l’expertise de Waby
Gomez, une expertise positivement mise à l’épreuve, avec des résultats aussi
probants que convaincants. La qualification des nôtres à la phase finale de
Waby Gomez a
l’avantage de suivre les joueurs sélectionnés en équipe nationale depuis un
temps relativement long. Ce qui suppose qu’il connaît assez bien ces jeunes
gens avec qui il a déjà fait plusieurs campagnes. Ce qui suppose également que
ce travail qui commence à porter aujourd’hui des fruits, mêmes modestes, a mûri
au feu d’une assez longue élaboration, grâce à de nombreux réglages et
rectificatifs portant sur de nombreux paramètres qu’il a fallu maîtriser.
Un entraîneur
qu’on commettrait l’erreur de parachuter aujourd’hui, devrait reprendre le
travail à zéro. Ce qui supposerait, à quelques semaines de la compétition, un
virage à 180 degré dans la préparation des nôtres. Ce qui supposerait que les
nôtres se verraient dans l’obligation de se reconvertir à une nouvelle vision
de jeu, d’entrer dans un nouveau schéma tactique, d’adopter une nouvelle
stratégie, de s’imposer un nouveau style, un nouveau rythme, pour des tâches
nouvelles de coordination d’ensemble.
Une telle option
sacrifierait allègrement la profondeur et la durée sur l’autel d’une
regrettable superficialité, fût-elle enrobée d’une expertise et d’une
technicité qu’on voudrait hors pair. A moins que nous nous convertissions à la
religion de faire de notre messie de « sorcier blanc » un magicien capable
d’exploits extraordinaires et hors du commun, des exploits à défier la raison
et à bousculer l’ordre naturel des choses.
Et puis, tout
dépend de ce que nous voulons faire en dernière analyse. Voulons-nous aller au
Ghana pour confirmer le travail long et patient réalisé sous la direction de
Waby Gomez, travail qui nous a fait entrer dans le cercle d’excellence des
seize meilleures formations du contient ? Qui niera qu’une équipe, en terme
d’un bloc homogène et cohérent, est progressivement sortie d’une telle
expérience, avec des jeunes gens qui prennent autant le plaisir que l’habitude
de jouer ensemble, sous la supervision d’un seul et même maître d’orchestre,
Waby Gomez le bien nommé.
Voulons-nous
plutôt aller au Ghana pour faire des étincelles, le temps de traverser le ciel
de la compétition, tel un météore ou une étoile filante, c'est-à-dire de
manière brillante et fulgurante, mais sans durée ni durabilité. En somme, une
campagne pompeusement légère, superbement vide, auréolée et encadrée d’un
coaching prestigieux, qui nous aura coûté, par ailleurs, les yeux de la tête, mais
pour rien.
Par rapport à
quoi, la sagesse devrait vite nous habiter pour que nous sachions opérer le
seul et unique choix qui s’impose, diligemment et intelligemment : Waby Gomez
est à confirmer coach des Ecureuils dans l’esprit d’une continuité qu’on ne
saurait remettre en question au profit de toute autre formule qui ne serait que
la face « étrangère » d’une colossale supercherie. Nul n’est prophète en son
pays et à beau mentir qui vient de loin.
La chronique du jour du 8 novembre 2007
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