La vérité sur le bradage de la Sonapra
In La Nouvelle Tribune - La procédure de cession de l’outil industriel de la
Sonapra, telle que rendue publique par le conseil des ministres éclaire
beaucoup plus sur la valeur réelle de ce patrimoine national. En tout
cas beaucoup mieux que ce qui a été laissé croire jusque là.
En croire
donc ce communiqué, à l’issue de dépouillement des offres du seul
soumissionnaire finalement retenu, la valeur à laquelle le comité de
dépouillement a consenti de céder l’ensemble des usines de la Sonapra
est bien loin des attentes du commun des Béninois. En réalité,
l’adjudicataire déclarée n’aura proposé, pour acquérir l’outil
industriel de cette société, que la modique somme de 15 milliards 750
millions de nos francs. Un montant qui se trouve, comme on le constate
à des années lumière des 35 voire 40 milliards précédemment agitées
pour endormir le Béninois moyens et détourner l’attention de la
population de la vérité. En clair, en fait de cession partielle de
l’outil industriel de la Sonapra, il ne s’agit rien d’autre que d’un
bradage pur et simple d’un patrimoine national, pour des raisons dont
seuls les commanditaires maîtrisent les tenants et les aboutissants.
Dans ces conditions, on a du mal à se retrouver dans la prétendue
« détermination du gouvernement à créer un environnement des affaires
compétitif et attractif, pour l’accélération des réformes structurelles
en vue de donner progressivement corps au Bénin émergent… ».
S’il est
vrai que le gouvernement n’avait officiellement jamais annoncé un
montant plus élevé que celui qu’il nous a servi suite a à son dernier
conseil des ministres, il n’en demeure pas moins vrai que des chiffres
ont bel et bien été divulgués en son nom et pour son compte, et qu’à ce
titre il a même été « ovationné » d’avoir réussi à faire réaliser des
économies substantielles à la nation en réussissant à vendre la Sonapra
plus cher que prévu. Grande est aujourd’hui notre étonnement et notre
ahurissement de constater qu’en fait d’exploit, alors pompeusement
diffusé, ce n’était que de la poudre jetée en grande quantité aux yeux
des « abrutis de Béninois » pour les préparer à avaler en douce, cette
fois-ci sans tambours ni trompette, la pilule amer.
La stratégie toute
trouvée et savamment mise en œuvre est de semer la confusion dans
l’esprit de la grande masse. Dans un premier temps, il fallait créer
l’euphorie dans la masse en lui présentant la partie visible de
l’iceberg ; un tableau faussement reluisant qui consiste à montrer le
gouvernement du changement en train de réaliser une bonne affaire à
travers la Sonapra. Puis ensuite, servir presque discrètement, et dans
une confusion bien orchestrée, le vrai visage de la situation ; une
situation plutôt chaotique, à la limite du crime économique.
La deuxième phase ayant bien entendu été le communiqué du conseil des ministres ayant, par des tournures de phrase alambiquées, rendu compte d’une procédure d’appel d’offres exceptionnel mis en œuvre par un comité de dépouillement tout aussi exceptionnel, de par sa composition et ses critères de présélection des soumissionnaires. Et puisque le gouvernement se félicite de la qualité du travail abattu par ledit Comité, pour avoir « conduit les travaux de dépouillement et d’analyse des offres reçues, dans la transparence, avec rigueur et esprit de suite, en continu du 24 au 26 septembre 2007… », le commun des Béninois se féliciterait à son tour si on rendait public le contenu des offres du ou des soumissionnaires disqualifiés.
Alain C. Assogba
09 Octobre 2007
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