FCBE
Né avec l’argent
Arimi CHOUBADE
11 mars
L’un des derniers nés de la classe politique
peut-être mais l’un des plus riches. Quand Fcbe rime avec prodigalité,
frugalité, vulgarité. « Le fric, le froc et la frime » comme dirait
mon emblématique confrère de Panorama. Le Bénin de la misère, de la pauvreté,
de la vie chère et du chômage ne comprend toujours pas d’où sortent ces jetons
de présence distribués à des marcheurs et des recrues de mouvements de soutien
dans une désinvolture exceptionnelle : sans fiche d’émargement, sans
justificatif, sans comptabilité. De la machine à ventiler l’argent.
Les gens semblent oublier les conditions de
l’avènement du changement. L’or et les paillettes étaient au rendez-vous bien
avant la campagne 2006. Bien avant ces gigantesques bâches à l’effigie du
docteur-candidat, illuminées de nuit pas de puissants projecteurs. Très peu
d’immeubles de Cotonou ont pu offrir des façades suffisamment larges pour ces
genres d’affiches jamais vues auparavant dans une campagne électorale –
interminables processions de véhicules de luxe, équipe de campagne logée dans
des villas cossues et des hôtels de grand standing.
Remontant encore plus loin, on se souvient des
étonnements de Zossou alors Cicéron du général à propos des sources
d’alimentation de la civile rentière qui multipliait déjà les mouvements et les
manifestations anti-révision constitutionnelle. Le général lui-même ne s’est
pas privé de stigmatiser de malsaines collusions entre l’activisme du moment et
des diplomatiques et financiers. L’hideux bilan du patriarche avait enlevé
toute crédibilité à ce prêche de dernière minute. Mais les derniers recasements
au sein de l’appareil du changement lui donne entièrement raison. Les rentiers
tiennent désormais quartier au palais de la marina où dans des machins taillés
sur mesure.
Ces ambiguïtés de départs déteignent forcément
sur la sincérité de la lutte contre la corruption. L’opinion a besoin de se
faire une idée de la source de financement de la campagne du docteur Yayi Boni
en 2006. Son seul salaire de président de
Des « amis » fortunés peut-être – le
rôle supposé ou réel du magna du coton, Patrice Talon dans l’ascension du
docteur-président. Là encore l’opinion a besoin de savoir s’il s’agit d’une
ponction sur sa fortune personnelle ou d’une générosité du conseil d’administration
de son empire ou d’une transaction particulière. Avec une naissance aussi
controversée, les déviances actuelles du « caurisme » ne constituent
qu’une demi surprise. Le contexte se passe de commentaires : gestion
opaque de la filière de véhicules d’occasion, quasi monopole dans l’attribution
des marchés d’infrastructures, flou autour des privatisations, tournées
ministérielles tous azimuts. S’ajoutent la multiplication des structures
budgétivores inutiles à l’image du médiateur de la présidence, du haut conseil
pour la gouvernance concertée, de la commission sur la relecture de la
constitution.
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