Fronde sociale :
Écrit par
L’ensemble des centrales syndicales a organisé hier un meeting
conjoint. A cette occasion, le gouvernement de Boni Yayi a été l’objet d’une
condamnation unanime. Elles ont dénoncé la non satisfaction de leurs
revendications, la propension à la privation des libertés publiques, notamment
de presse, syndicales et consorts. C’est un fait rare voire inédit au Bénin que
de voir les partenaires parler d’une même voix et condamner tous ensemble le
pouvoir en place. Pareil événement doit préoccuper le gouvernement au plus haut
point et l’amener à s’interroger sur sa méthode de gestion des différentes
crises qui naissent sous son règne. La préoccupation ici est beaucoup moins la
nature des revendications et des protestations exprimées que la forme et le
caractère pris par le mouvement ; car les avis peuvent diverger, et c’est sans
doute le cas, sur certaines de leurs revendications. Mais, c’est surtout la
prédisposition des partenaires sociaux à pouvoir se liguer contre le pouvoir
sur les mêmes questions qui doit être redoutée. Cela suppose que prises
ensemble ou individuellement, les centrales syndicales ressentent les mêmes
insatisfactions, craignent les mêmes menaces et sont disposées à s’engager pour
la même lutte.
Le chef de l’Etat a donc du souci à se faire. La capacité
potentielle des centrales syndicales à unir leurs forces pour faire front
contre le gouvernement est une source potentielle de menace pour la
tranquillité sociale et de perturbation du fonctionnement des services de
l’Etat.
Le régime en place doit veiller à cultiver et préserver une
certaine trêve sociale permanente ; en travaillant à ce que les questions qui
sont sujettes à des mésententes soient traitées dans le dialogue et la
concertation. Autrement, autant une telle union sacrée représente une arme très
efficace dans les mains des syndicalistes, autant cet ensemble est un
instrument que les adversaires du régime pourraient exploiter, si ce n’est déjà
le cas, pour le fragiliser.
C’est peut-être ici l’occasion de donner raison à ceux qui
pensent que la gestion du pouvoir par Yayi souffre énormément d’un problème de
méthode, de tact et d’habileté, concernant sa volonté à introduire le
changement dans les mœurs des Béninois. Il est vrai, à l’observer, le chef de
l’Etat est impatient d’aller vite, de réaliser ses rêves pour le pays. Mais il
ne doit pas vouloir aller à son rythme à lui, mais à celui qu’imposent les
réalités du terrain.
Pour qu’il en soit ainsi, il faut que ceux qui l’entourent se
donnent le courage de lui faire part des erreurs de son régime.
Alain C. Assogba
A découvrir aussi
- Crise dans la mouvance présidentielle au parlement:
- Pour la modernisation de la ville de Cotonou
- Situation politique nationale pourrie:
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1364 autres membres