"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Fronde sociale :

Union sacrée contre Yayi

Écrit par La Nouvelle Tribune du 30/01/2008

L’ensemble des centrales syndicales a organisé hier un meeting conjoint. A cette occasion, le gouvernement de Boni Yayi a été l’objet d’une condamnation unanime. Elles ont dénoncé la non satisfaction de leurs revendications, la propension à la privation des libertés publiques, notamment de presse, syndicales et consorts. C’est un fait rare voire inédit au Bénin que de voir les partenaires parler d’une même voix et condamner tous ensemble le pouvoir en place. Pareil événement doit préoccuper le gouvernement au plus haut point et l’amener à s’interroger sur sa méthode de gestion des différentes crises qui naissent sous son règne. La préoccupation ici est beaucoup moins la nature des revendications et des protestations exprimées que la forme et le caractère pris par le mouvement ; car les avis peuvent diverger, et c’est sans doute le cas, sur certaines de leurs revendications. Mais, c’est surtout la prédisposition des partenaires sociaux à pouvoir se liguer contre le pouvoir sur les mêmes questions qui doit être redoutée. Cela suppose que prises ensemble ou individuellement, les centrales syndicales ressentent les mêmes insatisfactions, craignent les mêmes menaces et sont disposées à s’engager pour la même lutte.

Le chef de l’Etat a donc du souci à se faire. La capacité potentielle des centrales syndicales à unir leurs forces pour faire front contre le gouvernement est une source potentielle de menace pour la tranquillité sociale et de perturbation du fonctionnement des services de l’Etat.

Le régime en place doit veiller à cultiver et préserver une certaine trêve sociale permanente ; en travaillant à ce que les questions qui sont sujettes à des mésententes soient traitées dans le dialogue et la concertation. Autrement, autant une telle union sacrée représente une arme très efficace dans les mains des syndicalistes, autant cet ensemble est un instrument que les adversaires du régime pourraient exploiter, si ce n’est déjà le cas, pour le fragiliser.

C’est peut-être ici l’occasion de donner raison à ceux qui pensent que la gestion du pouvoir par Yayi souffre énormément d’un problème de méthode, de tact et d’habileté, concernant sa volonté à introduire le changement dans les mœurs des Béninois. Il est vrai, à l’observer, le chef de l’Etat est impatient d’aller vite, de réaliser ses rêves pour le pays. Mais il ne doit pas vouloir aller à son rythme à lui, mais à celui qu’imposent les réalités du terrain.

Pour qu’il en soit ainsi, il faut que ceux qui l’entourent se donnent le courage de lui faire part des erreurs de son régime.


Alain C. Assogba



30/01/2008
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