Gestion occulte des fonds de l’escorte
LE BENINOIS LIBERE - - 15 février
Le flou persiste
Whenafa
Lecomte
L’affaire
qui continue de tourmenter le sommeil des Béninois reste et demeure la fameuse
affaire d’escorte et l’usage des fonds qui en découlent. Les Béninois se
souviennent qu’en réponse à la rumeur qui commençait singulièrement à enfler au
sujet d’un probable détournement des deniers de l’escorte, un conseil
extraordinaire des ministres avait été conduit par le chef de l’Etat le 23
janvier dernier (ci-dessous). Lequel conseil s’était essentiellement employé à
expliquer comment les fonds avaient été utilisés.
C’est
que malgré la célérité de la réplique du gouvernement, les Béninois sont restés
largement sur leur faim. Les jours écoulés, n’ont pas pour autant dissipés
leurs inquiétudes sur la destination finale de l’argent de l’escorte. D’autres
interventions, visiblement commandités sont venues comme pour colmater les
brèches béantes du conseil des ministres du 23 janvier. Ainsi d’autres détails
sensés apaiser nos inquiétudes, se sont ajoutés par l’intermédiaire du
Directeur National de la
Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Ce
dernier, beau-frère du président de la République, plutôt que de nous apporter ses
lumières, a très vite porté le manteau d’avocat du gouvernement. Négligeant au
passage la réserve que lui impose son statut de banquier central et de surcroît
sa posture de diplomate. Si pressé de se rendre utile avec des commentaires
parfois déplacés, il a fini par créer plus de confusions dans l’esprit des
gens. Des jours plus tard nous n’en sommes pas pour autant avancés. Si ce n’est
qu’ on a pu comprendre de la part du directeur National de la Bceao que d’autres fonds
logeaient dans le compte N° B0026122000 B000060177. Des fonds recueillis
de l’ensemble des banques primaires qui abritaient précédemment les comptes du
trésor public. Nos enquêtes ont prouvé par la suite que plus de 10 milliards de
francs CFA ont été ainsi délogés des banques primaires pour se murer dans la
plus grande discrétion dans ce compte. En supposant que les personnes qui ont
été mandatées pour effectuer les transactions l’ont fait dans les règles de
l’art, on devrait avoir avant tout autre approvisionnement un solde créditeur
de l’équivalent délogé des banques primaires plus les 25 milliards 255 millions
550 mille francs de l’escorte tels qu’annoncés par le communiqué du conseil des
ministres du 23 janvier 2008. Un total qui devrait tourner autour de 35
milliards dans un premier temps. Une fois les dépenses effectuées, le solde
devrait être aux alentours des 25 milliards. Or il semble que c’est ici que
l’obscurité l’emporte sur la lumière. Personne n’avait prévu que le beau-frère
attirerait l’attention sur ce magot qu’on avait dans un premier temps fait
passer pour inexistant, puisque dans les premières heures du gouvernement Boni
Yayi, la rumeur savamment entretenue, faisait état de ce que le précédent
régime avait laissé comme fonds de caisse, la misérable somme de 200 millions
de francs CFA. Aujourd’hui un débat public s’impose entre l’IGE, le banquier
central, les directeurs des banques commerciales et les agents de la douane
précédemment chargés de faire le point des recettes de l’escorte pour éclairer
nos opinions. C’est à cette condition que les béninois veulent encore croire au
rêve d’un Bénin résolument émergent.